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30/09/2013

Un très bon ouvrage...

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        Demain soir, sur France 2 commence la nouvelle saison de la série Un Village français, qui nous plonge au cœur d'un village (fictif), celui de Villeneuve, lors de l'occupation. (Village situé en zone occupée dans le département du Doubs) Cette production a pour principale qualité de présenter différents protagonistes et leur comportement respectif face à une situation exceptionnelle. Et contrairement à de nombreux écrits ou films, tout n'est pas peint en blanc ou en noir. De nombreuses nuances de gris parsèment cette œuvre. A titre d'exemple, le maire, campé par Robin Renucci, cherche à atténuer les méfaits de l'occupation quite à se compromettre dans la collaboration, notamment lors de l'établissement d'une liste de dix individus, promis au peleton d'exécution. Même chose pour le représentant de la préfecture qui cherche loyalement à exécuter les lois vichystes, notamment celles concernant la persécution des juifs.

        Pourquoi parler de cette série? Quel est le lien avec l'ouvrage, Mort d'un collabo de Gilles Antonowicz? Avocat de formation, l'auteur s'est déjà illustré par le passé pour son ouvrage sur l'avocat de Jacques Isorni (Défenseur de résistants sous l'occupation, il fut l'avocat du maréchal Pétain en 1945). Ici également, aucun lien avec le massif du Vercors, principal sujet de mes notes sur ce blog. L'auteur nous plonge au cœur de la ville de Poitiers entre 1940 et 1944. Le meurtre d'un médecin, Michel Guérin, avocat patenté de la politique de la collaboration sert ici de prétexte pour décrire une période et le comportement d'une kyrielle de protagonistes, notamment au sein de l'administration française (Police, mairie et Préfecture)

 Et c'est pourquoi je ne peux m'empêcher de faire un parallèle entre ces représentants réels (maires nommés par Vichy, hauts fonctionnaires de l'administration) et le maire de Villeneuve. Fidèles au maréchal Pétain et sa révolution nationale, ils cherchent donc à limiter les contraintes de l'occupation, quitt pour certains à se compromettre.

 

    Certains membres de la Résistance ne sont pas épargnés non plus par les recherches de Gilles Antonowicz. Il en va ainsi de Louis Renard (Mort assassiné en déportation avec d'autres membres de son groupe). Dès 1942, convaincu qu'une libération prochaine du territoire nationale par les troupes anglo-saxonne se profile à l'horizon, ce dernier, autoproclamé général, se propose de dresser une liste de personnalités locales capables de prendre en charge les destinés du département lorsque les allemands et leurs collaborateurs français auront été chassé. Or par amateurisme, laxisme et simple légèreté, la police française puis son homologue allemande sont mises au courant de ses projets...De nombreuses personnalités locales sont ainsi arrêtées après que le fichier comportant de nombreux noms soient tombées dans l'escarcelle des forces de répression....Or certaines d'entre elles n'ont jamais été consultées et se trouvent ainsi arrêtées alors qu'elles n'ont jamais appartenu à la Résistance.

 L'auteur présente également les différents moyens de répression mis en place par l'état français. Jaloux de ses prérogatives régaliennes, notamment contre les communistes, l'état français crée ainsi des tribunaux d'exception (Le tribunal d'état) ou de nouvelles équipes comme la SAP chargé de traquer les opposants au régime de Vichy à et sa politique de collaboration avec l'Allemagne nazie.

Le cas de l'assassinat de Michel Guérin sert ainsi de support pour présenter les différents protagonistes de cette affaire (Membres de la police, du parquet, avocats...) et l'évolution du conflit.

La libération de la région en 1944, c'est également l'heure des règlements de compte. Et l'épuration dans ce département est à l'image de ce qui a pu se passer dans l'ensemble de l'hexagone : Vieilles querelles qui servent de prétexte pour se débarasser d'un rival, homonymie qui conduise à une tragédie, crimes de guerres (assassinats de prisonniers de guerre), brigandisme et forfaitures.

Non, tout ne fut pas blanc ou noir, la Résistance d'un côté, le régime de Vichy de l'autre. (Le dernier ouvrage d'Olivier Wievorka sur la Résistance en France est à ce titre très interessant, un chapitre étant notamment consacré au vicho-résistants...).

Certains haut-fonctionnaires se sont compromis avec l'occupant mais dans ceux présentés par l'auteur, de nombreux semblent avoir agi de bonne foie afin de préserver des vies humaines.  Un autre exemple : Un policier, membre d'une organisation de la résistance travaillant pour le compte des services de renseignement britannique, semble avoir été retourné par la gestapo après son arrestation en 1943. Il fit preuve ensuite de zèle dans sa traque des résistants, quite à avoir recours à la torture avant de participer de nouveau à la résitance lors de la libération en août 1944. Condamné à mort, il s'étonnera de se verdict, jugeant avoir participé à la résistance la plus grande partie du conflit ....

 

Bref, un très bon livre à se procurer.

 

 

 

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