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18/04/2010

La banalité du mal.

Alors que je viens de terminer un livre sur Alois Brunner, l'un des principaux exécutants de la "solution finale de la question juive" pour enchaîner sur un autre concernant son chef hiérarchique, Adolf Eichman, j'ai quand même profité d'un week end bien mérité pour visionner un film sur la guerre d'Irak intitulé Bataille pour Haditha.

Comme la série morte née Over There ou le dérangeant Redacted de Brian de Palma, ce film nous emmène au sein d'une petite unité de militaires américains, constituée essentiellement de très jeunes hommes, souvent totalement paumés et engagés dans l'armée pour sortir de leur condition, pour qui un bon irakien et un irakien mort. Dans l'Amérique post 11 septembre, l'ennemi à abattre est arabe et musulman. Abreuvée de séries comme 24 heures Chrono ou de jeux vidéos ultra réalistes, la troupe ne fait plus souvent la distinction entre réalité et fiction. Le fait que l'administration Bush est constamment fait le lien entre l'organisation terroriste Al Qaïda et le régime de Saddam Hussein, l'accusant donc indirectement d'être partie lié aux attentats du 11 septembre et que la croisade promise contre les intégristes islamistes se soient transformées, dans l'esprit d'un grand nombre, en une guerre contre le monde arabo-musulman y sont pour beaucoup.

Voilà donc de jeunes marines, âgés d'une vingtaine d'année, plongés dans un "territoire hostile" sans aucune ligne de front définie, lourdement armés, avec le pouvoir de vie et de mort sur la population irakienne, elle même coincée entre des fanatiques djihadistes et des forces étrangères qu'elles jugent, à juste titre, comme des troupes d'occupation. En réalisant ce film avec des acteurs non professionnels, le réalisme des scènes, notamment de la vie quotidienne au camp, n'en sort que renforcé. Après le scandale des sévices d'Abou Ghraib, le massacre de 24 civils irakiens dans la ville d'Haditha en 2006 est une nouvelle page noire inscrite au bilan de l'armée américaine sur le théâtre d'opération irakien. De nombreux points sont soulevés comme la désastreuse dissolution de l'armée irakienne, ordonné par le pro-consul américain d'alors, Larry Paul Bremer III, qui a permis de grossir les rangs de l'insurrection (L'un des auteurs de l'attentat ayant entraîné les terribles représailles en est un exemple), le manque d'instruction et de connaissances élémentaires de l'Irak et du moyen orient de manière générale, par la troupe ou encore l'absence de suivi psychologique des soldats confrontés à des situations de tensions extrêmes. C'est de nouveau toute une jeune génération d'américains qui va être marquée par de terribles séquelles, physiques ou psychiques, à cause d'un conflit dont les véritables motivations restent encore floues (Démocratie et effet domino, le pétrole, encerclement militaire de l'Iran, la mise sous pression de l'Arabie Saoudite...)


Hier, c'est la guerre du Vietnam qui avait faire naître certains oeuvres filmatographiques considérées aujourd'hui comme cultes. Outre l'archiNow de Franis Ford Coppola et le non moins célèbre Platoon d'Oliver Stone, d'autres comme Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino ou Outrages de Brian de Palma avaient profondément marquée une époque avant que les années Reagan voit l'émergence du sauveur bodybuldé en la personne de Rambo.


La guerre d'Irak, elle, nous livre des films, qui n'atteignent certes par le niveau de dramaturgie de ceux cités précédemment, mais qui ont le mérite de mettre l'Amérique devant ses propres démons. C'est sans doute pour cela que ces films n'ont pas connus de succès importants outre atlantique. Notons quand même que c'est le film Démineurs qui a obtenu l'oscar cette année, déjouant ainsi les pronostiques et que cette semaine est sortie Green Zone du redoutable Paul Greengrass que je suis depuis "Bloody Sunday"