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05/03/2012

Le démocrate

Ainsi, surprise immense, le grand démocrate Vladimir Poutine a été réélu au premier tour de l'élection présidentielle avec plus de 60% des voix. Certes l'opposition russe manque d'unité et de leaders charismatiques capables de mettre fin à un régime qui risque d'égaler dans la durée celui de Brejnev, mais la pillule reste difficile à avaler pour des millions de russes pour qui la présidence d'un homme risque de se transformer en un règne sans fin.

De plus le jeu de chaise musicale entre Poutine et Medvedev reste unique dans les annales des démocraties dites modernes. Mathématiquement parlant, avec un mandat de six ans renouvelables, la présidence Poutine peut s'éterniser jusqu'en 2024. La Géorgie et l'ensemble des anciennes républiques socialistes de la défunte URSS tentées par un rapprochement avec l'occident n'ont qu'à bien se tenir.

Et puis que dire de certaines données ou témoignages récoupés : Haut-fonctionnaires à la tête de certaines entités administratives du pays (régions,républiques autonomes...) pour qui un mauvais score de Poutine aurait signifier une fin de carrière rapide, bourrages d'urnes dans certains bureaux de votes notamment dans le Caucase où le Poutine est plébiscité avec des scores....soviétiques.

 

Combattre l'oubli, devoir de mémoire

 

L'oubli, le fatalisme sont des armes térrifiantes quand elles profitent à quelques autocrates dont un certain Vladimir Poutine.  

 

Qui se souvient aujourd'hui en effet de certaines tragédies de la décennie passée. Qui se souvient du massacre de Beslan, drame entouré de nombreuses zones d'ombres quand aux responsabilités des forces spéciales russes dans l'issu sanglante de cette prise d'otage en Ossetie du Nord. Des centaines de mort, un commando lourdement armé ayant pu tranquillement se rendre dans une petite ville de cette République du Caucase Nord quadrillée par la soldatesque russe et un assault déclenché au lance-roquettes....

 

Qui se souvient du drame de Théâtre Ost de la Douvroka en plein centre de Moscou en octobre 2002 ou plus de 100 spectateurs pris en otages ont été victimes d'un gaz de combat russe non identifié. Les preneurs d'otages, eux, ont tous été exécuté d'une balle dans la tête comme si il fallait empêcher toute révélation éventuelle sur le rôle des services screts russes dans cette machination. Le maître d'oeuvre cette prise d'otage en plein centre d'une capitale ultra-surveillée avait pour oncle, un homme qui appointé au FSB.

 

Qui se souvient de tous ces victimes d'assassinats ciblés :  Opposants tchétchènes réfugiés en Europe et exécutés en Pologne ou en Autriche par des sbires à la solde du potentat local, placé par Moscou à la tête de Groznyi, Ranzam Kadyrov.

 

Qui se souvient des conditions dans lesquelles Vladmir Poutine a été élu une première fois en 2000. Inconnu du grand public en 1999, année ou il devient le dernier premier ministre de Boris Elstine, cet obscur lieutenant colonel du KGB devient du jour au lendemain le nouvel Andropov, acclamé par une population effrayée par les attentats et les nouvelles attaques commises dans le Caucase par quelques groupes menés par Chamil Bassaïev.

 

Qui se souvient en effet que les attentats commis en plein Moscou en 1999 faisaient le jeu de Moscou alors que les indépendantistes tchétchènes menés par le président Aslan Maskhkadov (exécuté en 2005 par les spednadz en Tchétchénie) devaient à la fois concilier  relations délicates avec le Kremlin et avec les plus extrémistes des islamistes présents sur son territoire.

 

Qui se souvient de cet attentat manqué dans la banlieue de Moscou, transformé  et présenté par le pouvoir ensuite en un excercice de vigilance contre le terrorisme. Je ne suis pas un défenseur acharné de la théorie du complot mais il est indéniable qu'il reste encore aujourd'hui de nombreuses zones d'ombres dans ces attentats. Certains "terroristes" auraient pu être, infiltrés, téléguidés, manipulés....

 

Qui se souvient de cet ancien agent du FSB Alexandre Litvinenko, empoisonné en plein Londres en 2006 à l'aide d'un poision radioactif, le polonium? Qui se souvient que le principal suspect fut rapidement élu à la douma sur la liste Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine? Qui se souvient de l'opposition totale du président russe à extrader vers le Royaume-Uni le moindre suspect dans cette affaire digne d'un mauvais roman de John Le Carré?

 

Qui se souvient du général Lebedev, personnalité capable de représenter l'opposition, relégué d'abord à la tête d'une région obscure de Russie avant de périr dans un accident d'hélicoptère en 2001? Accident suspect, paranoïa digne d'un Staline? Je vous laisse juge.

 

Qui se souvient de Natalia Estemirova, correspondante de l'ONG de défense des droits de l'homme russe Memorial,  enlevée et exécuté en plein Groznyi, sur ordre de Ramzan Kadyrov, le "président" tchétchène, connu pour torturer lui même certains de ses opposants.

 

Qui se souvient de la tragédie du Koursk, ce sous marin nucléaire russe et ses 119 victimes, le pouvoir ayant préféré pendant une semaine se passer de l'aide internationale, notamment américaine et norvégienne alors que chaque seconde comptée?

 

Qui se souvient de l'affaire Ioukos et de l'exil intérieur dans une colonie pénitentiaire de Sibérie de Mikhaïl Kordorkovski, hier première fortune de Russie, oligarque victime du pouvoir du Kremlin qui voulait faire un exemple : On ne subventionne pas l'opposition...

 

Qui se souvient enfin des 100 000 victimes supplémentaires provoquée par la seconde guerre de Tchétchénie, entamée fin 1999, pour permettre en partie au dauphin, V. Poutine de consolider sa stature d'homme à poigne ?

 

Qui se souvient des victimes du fagot humain, des civils tchétchènes attachés ensemble par des liens et sur lequel des soldats russes jettent des explosifs. (Une des multiples méthodes d'assassinats de civils ou de combattants en Tchétchénie...)

 

Qui se souvient de toutes ces victimes de tortures, d'enlèvements, de disparitions dans le Nord Caucase et principalement en Tchétchénie?

 

Qui se souvient que la Russie est à 90% dépendante de ses exportations de pétrole et de gaz pour assurer un budget qui fait la part belle au comple militaro-industriel.

 

En prenant en compte cette dernière donnée, réduire sa consommation d'énergie, ce n'est pas seulement un geste écologique, cela peut être avoir des répercussions politiques et économiques pour un régime qui inonde de pétrodollars le Nord Caucase par exemple pour acheter une paix précaire. 

28/09/2011

La Russie selon Poutine

20071010_FIG000000244_29243_1.jpgLe buteur de tchétchènes "jusque dans les chiottes" (1) et ancien lieutenant-colonel du KGB, Vladimir Poutine sera donc de nouveau candidat à la présidence de la Fédération russe l'année prochaine. En 2008, il avait du céder son poste à un faire-valoir en la personne de Dmitri Medvedev, la constitution russe interdisant plus de deux mandats consécutifs, ...et non plus de deux mandats (2).La constitution ayant été modifiée entre temps, un président russe est désormais élu pour six ans,un mandat reconductible. En théorie, l'ami Vlad l'ampaleur, restera à la barre de la fédération jusqu'en 2024.

 

Vladimir Poutine, l'inconnu du grand public en 2000 lorsqu'il devint le dernier premier ministre de Boris Elstine, éclaboussé dans de muultiples affaires et sous parfusion de vodka à l'époque, s'est mué en quelques mois en chef militaire grâce une petite guerre fort pratique en Tchétchnie (3). 100 000 morts plus tard, la Tchétchénie est dirigée par un satrape local, Ramzan Kadyrov, régulièrement accusé d'enlèvements, de torture, de meurtres et soupçonné d'être le commanditaire de multiples assassinats. Il a bien sûr été placé à ce poste par Poutine.

 

La personnalité préféré des russes à l'époque était le défunt camarade Andropov, sécrétaire général du parti communiste entre Brejnev et Gorbatchev et ancien patron...du KGB. Le choix de prendre Poutine comme premier ministre en 2000 puis comme dauphin a été pris par Elstine sur la base d'enquêtes d'opinion. Empêtré lui et sa famille dans des délits financiers, il avait besoin également d'un successeur compréhensif. Et puis quoi de mieux qu'une petite guerre pour souder le peuple russe à ses dirigeants, faire diversion et faire passer un illustre inconnu crédité d'un 1% d'intention de vote fin 2000 à un président élu au premier tour avec 52% des suffrages en mars 2001.

 

La Russie de Vladimir Poutine avec la fameuse "verticale du pouvoir", c'est la confiscation de la démocratie au proft d'une petite classe de dirigeants appartenant tous aux ministères de la force, les silovikis. L'opposition y est pratiquement inexistante et peine à survivre. Pour faire taire les critiques, des partis sont crées par le Kremlin pour faire illusion. Les mouvements de protestation sont,eux, pratiquement toujours victimes de vexations ou d'intimations du pouvoir. Les manifestations sont soumises au bon vouloir du Kremlin.

 

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La Russie de Vladimir Poutine, c'est également un pays ou il ne fait pas bon être journaliste ou défenseur des droits de l'homme. L'assassinat d'Anna Politkovskaîa en 2006 n'a toujours pas été résolu à ce jour. Journaliste à Novaïa Gazeta, l'un des rares  journaux russes critique envers le pouvoir poutiniste, elle était connu pour ses articles et ouvrages dénonçant les exactions commises en Tchétchénie, par les forces russes et leurs séides à la solde de Kadyrov. Ce dernier est d'ailleurs fortement suspecté d'être derrière l'assassinat, certains y voyant même un cadeau fait à Poutine pour le remercier de son soutien constant. Une des principales artères de la capitale tchétchène, Grozny (4), porte d'ailleurs le nom de l'illustre premier ministre. Natalia Estemirova, elle, travaillait pour la branche tchétchène de l'association de défenses des droits de l'homme Memorial. Elle a été enlevée puis exécutée quelques jours après avoir été menacée par Ramzan Kadyrov, elle qui était l'une de ses rares mais plus farouche détractrice. La peur fait partie intégrante de la société tchétchène, dans un petit état membre de la fédération, aujourd'hui innondé d'argent par le pouvoir pour acheter une paix locale. Depuis 1994, 250 000 tchétchènes ont été tués au cours de deux guerres. La Tchétchénie comptait guère plus d'un million d'habitants à l'époque. Faîtes, donc ici un petit calcul macabre...

 

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Natalia Estemirova, à Grozny. Elle était la principale source d'information de Memorial,sur les crimes commis en Tchétchénie. Assassinée en 2009.

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Anna Politkovskaïa, auteur notamment du "Deshonneur russe", assassinée en octobre 2006 devant l'entrée de son immeuble à Moscou.

 

La Russie de Vladimir Poutine, c'est le pays ou certaines régions votent à 100% pour le maître du Kremlin comme en Tchétchnie, surprenant, non? Bus à disposition, buffets à volonté, intimidations, ordre de la hiérarchie, tout est bon pour amener l'électeur à voter...et à bien voter.

La Russie de Poutine, c'est également un pays où il ne fait pas bon être otage. Plus de 130 tués par un gaz secret en 2002 à Moscou, plus de 400 à Beslan après un assaut au bazooka mené par les forces spéciales russes, les spetnaz. Trève d'angélisme, lui, il y a bien des terroristes liés à Al Qaïda dans le Caucase, en Tchéchénie et dans les Républiques voisines (Daghestan,Ingouchie,Kabardino-Balkarie...), mais ils étaient bien minoritaires autrefois dans les rangs des indépendantistes menés par le  colonel Maskhadov, président légitiment élu en 1997 sous la surveillance de l'OCDE, est excécuté en janvier 2005. Depuis des groupes locaux, nés souvent de la haine et de la terreur imposée, continuent leurs macabres attaques, souvent contre des objectifs civils (trains, immeubles, avions...)

 

Alors pourquoi un tel silence assourdissant dans le monde occidental alors que la Russie a été condamné à maintes reprises par le Conseil de l'Europe pour atteinte aux droits de l'homme? C'est simple, la Russie est un marché interressant pour nos produits à l'exportation, notamment militaires et l'un des premiers producteurs mondiaux de pétrole et de gaz...

 (1) Citation télévisée de Vladimir Poutine lors du début de la secone guerre en Tchétchénie.

(2) Aux Etats-Unis, la limite est deux mandats au total qu'ils soient consécutifs ou non.

(3) Une petite guerre pour faire diversion, serais-je un adepte de la théorie du complot. L'ancien agent Litvinenko a été assassiné au polonium en 2006 à Londres, lui qui y voyait également un complot pour porter au pouvoir un illustre inconnu... 

(4). Groznyi fut la capitale d'un état la plus bombardée depuis Berlin en 1945...

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