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16/09/2009

Taxe carbone

Depuis hier, on connaît désormais le prix fixé par le gouvernement français pour l’émission dans l’atmosphère d’une tonne de dioxyde de carbone, soit 17 euros. Cette taxe sera progressive dans le temps mais reste loin du seuil de 32 euros proposé par Michel Rocard chargé par le président de Sarkozy de réfléchir à ce concept. Selon l'Elysée, le coût moyen par foyer s'élèvera à 74 euros en 2010. La compensation, elle, sera calculée en fonction de la taille du foyer et de sa localisation, soit 46 euros par adulte en zone urbaine et 61 euros en zone rurale, auxquels viendront s'ajouter 10 euros par personne à charge.

 

 

La taxe carbone serait elle au fond un aveu d’échec ?

 

De tout temps, la carotte a du se conjuguer à merveille avec le bâton. Les deux, nous le savons bien, sont très intimes. Faut il inciter avec des aides et des récompenses ou bien faut il contraindre sous peine d’amendes ou de taxes ?

 

Faut il sensibiliser le public aux problèmes du développement durable afin qu’il change ses habitudes dans la vie de tous les jours et cela de manière durable et non ponctuelle, ou au contraire faut il le contraindre par la voie de la sanction, ici financière, avant qu’il adopte un comportement citoyen ?

 

Fait il sensibiliser, faire de la prévention ou au contraire contraindre, menacer. Les deux ne sont pas toutefois toujours irréconciliables. Faire de la prévention sans notion de sanction, cela risque parfois de mener à l’impasse. Mais fonder une politique écologique uniquement sur des sanctions négatives, c’est une faute magistrale.

 

Le principal défit actuel s’est de transformer nos habitudes, les miennes, les vôtres, qui pour beaucoup sont mauvaises.

 

Certes, la taxe carbone aura sans doute un effet sur le comportement des automobilistes tout comme la hausse vertigineuse du prix de l’essence durant l’été 2008. Une hausse des prix entraîne une diminution à la marge. Mais cette diminution est une conséquence, non d’une modification en profondeur du comportement, mais d’une adaptation provisoire à une modification du budget du ménage alloué.

 

Les taxes n’ont pas pour tous des effets dissuasifs. La hausse du prix du tabac est un exemple. Le fumeur s’adapte, change ses habitudes, achète des roulés, se ravitaille à l’étranger. Ses habitudes ont changé, pas son comportement. Face à la sanction pécuniaire, il s’est adapté.

 

Changer nos habitudes.

 

- Changer nos habitudes, c’est d’abord déserter au maximum les grandes surfaces, véritables temples païens modernes voués au culte du consumérisme dont le dogme principal est « je consomme donc je suis ». Les néons criards remplacent les cierges, les déplacements en Caddie ® toute la liturgie ignare, les slogans les mièvrerie du Missel.

 

- Changer nos habitudes, c’est diminuer au maximum nos déchets (Compost), les recycler au maximum, les mettre en valeur si possible, les réduire en évitant le suremballage. A titre d’exemple, le recyclage du verre ne concerne « que » 70% des bouteilles aujourd’hui alors que les conteneurs à cet effet existent depuis plus de 30 ans. Ici, il faut sans doute trouver un moyen, à l’image de l’Allemagne par exemple, qui récompense les « bons » consommateurs avec le système de la consigne. Et le verre est la matière la plus recyclée. Pour le reste, nous sommes en dessous de la barre des 30%. Sensibiliser c’est bien, mais il faut ici, que le processus soit accompagné d’une sanction (Une sanction peut être positive, comme un diplôme)

 

- Changer nos habitudes, c’est penser le piéton, le cycliste, bref l’adepte du déplacement urbain non motorisé dans des espaces qui s’y prêtent guère et qui sont parfois fort dangereux, ce qui n’incitent guère au changement des habitudes. A cours ou moyen terme pour ne pas dire à long terme, la voiture doit être banni des centres urbains. Les systèmes des parkings extra muros pour les non citadins combiné au développement des transports en commun et leur adaptation aux besoins est un bon exemple. Bien sûr, on peut adopter le système des péages comme à Londres…

 

- Changer nos habitudes, c’est commettre un crime de lèse majesté, surtout quand la première dame de France est un ancien mannequin, en s’affranchissant, non pas des timbres, mais de la mode. Ne plus chercher à être dans le coup, fashion, tendance, dans le move…Etre soit même.

 

- Changer nos habitudes, c’est dénoncer tous ces produits périssables nouveaux que sont les téléphones portables et autres babioles électroniques qui périclitent aussi vite que de nouveaux produits apparaissent dans les rayons.

 

- Changer nos habitudes, c’est revoir « l’american way of life » qui se résume à une maison énergétivore peuplé d’appareils tous aussi goinfres en eau et en électricité, une (des) voiture (s)…

 

- Changer nos habitudes, cela va prendre du temps. Cela ne veut pas dire habiter une yourte, cultiver son lopin de terre, se déplacer uniquement en vélo, ne manger que des produits biologiques certifiés et être un lecteur assidu du journal La Décroissance. Mais cela nécessite une réelle volonté publique de sensibiliser, de promouvoir un autre système de croissance économique. Il s’agit également pour nos responsables politiques ne donner un nouvel horizon à leurs concitoyens loin des pathétiques slogans comme « Travailler plus, pour gagner plus » … afin de consommer plus. Et c’est sans doute cela qui sera le plus dur.