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02/01/2010

Casse toi 2009!

voeux.jpgQue penser au fond de l'intervention présidentielle de Nicolas Sarkozy ? Il s'agit d'un discours certes de bonne facture dans la forme grâce aux bons offices de la plume Henri Guaino mais qui reste sonne désespérément faux sur le fond comme l'ensemble de ces discours annuels.

Le président Nicolas Sarkozy a-t-il prononcé « un discours volontariste » comme l'affirme une dépêche de l'agence de presse américaine Associated Press ? A-t-il employé un « ton inhabituellement modeste » comme se permet de le souligner sa consœur anglo-saxonne Reuters ? S'agit il d'une « autocélébration » d'un président « déconnectée du réel » comme le dénonce  le porte parole du parti socialiste, Benoît Hamon, ou au contraire un discours « rassembleur » comme l'affirme le porte parole de l'UMP, Dominique Paillé ?  Sarkozy reste il donc « plus sourd que jamais » aux attentes de l'opinion publique ou a-t-il décidé de se montrer un peu plus modeste pour l'année à venir? A vous de piocher...

Il faut dire que l'exercice était particulièrement difficile à réaliser pour l'intéressé avec si peu de points positifs à mettre au crédit de l'action gouvernementale et tant de camouflets enregistrés au cours de cette si longue année 2009. Et le mois de décembre en particulier fut un véritable chemin de croix pour notre super président. (Echec du sommet de Copenhague pour lequel il avait tant communiqué et gesticulé comme à son habitude, dérapages induits par un débat non cadré lancé sur l'Identité National, rejet de la Taxe carbone par le Conseil Constitutionnel, bourdes médiatiques d'une Rachida Dati ou d'une Nadine Morano...)

Nicolas Sarkozy s'est réjouit que notre pays ait été moins touché par la crise que de nombreux autres pays occidentaux, les Etats-Unis, le Japon mais également, plus près de chez nous, avec les exemples allemand ou britannique. C'est vrai que si l'on regarde les chiffres pour cette année 2009, notamment en termes de récession économique, la France s'en tire mieux qu'une grande partie de ses voisins et partenaires. Le fameux modèle social français, tant décrié par le passé par ce même Nicolas Sarkozy, est désormais glorifié car il ne fait aucun doute qu'il a servi de soupape aux effets induits par la crise économique avec une répartition des richesses qui a permis à la consommation des ménages français de rester constante par exemple et de soutenir ainsi l'économie nationale. Il faut dire aussi, ici, que l'économie française compte moins sur ces recettes d'exportation qu'un pays comme l'Allemagne d'Angela Merkel, fort exportateur de biens manufacturés à forte valeur ajoutée et donc plus touché en cas de baisse de la demande mondiale comme ce fut le cas. Une économie moins impliquée, moins dépendante est une économie moins touchée. Le plan de relance et la création d'un ministère avec le très effacé Patrick Devedjan n'ont que peu changé la donne quelque soit les affirmations présidentielles sur le sujet.

« Ensemble, nous avons évité le pire ». Cette déclaration nous fait bien sûr penser au slogan de campagne de 2007, « Ensemble tout devient possible », porteur d'un espoir pour certains à l'époque et rapidement douché depuis.  Louant le « sang froid et le courage des français », le président, lui-même connu pour son agitation perpétuelle fait sourire le spectateur devant ce magnifique acte de modestie. Du moins, cette affirmation est osée car associer les français à une politique économique décriée reste assez gonflée. Avec les chiffres nationaux, explosion de la dette, hausse massive du chômage, hausse des déficits publics, on a du mal à imaginer une situation pire que le pire que nous avons évité.

Son appel à la Fraternité semble être surtout un appel du pied à son zélé ministre de l'Immigration Eric Besson pour que soit mis en sourdine le fameux débat sur l'identité nationale, source de dérives xénophobes et racistes. Le président souhaite que cette notion retrouve tout son sens en 2010, une manière d'avouer qu'elle avait été battue en brèche l'année passée.

Son « Respectons nous les uns les autres » ressemble à un appel quasi christique à nos concitoyens sur le registre du « Aimez vous les uns les autres » alors que le président Sarkozy, auteur du célèbre « Casses- toi pauvre con » remplit chaque semaine les colonnes du Canard Enchaîné avec ses saillies vulgaires et ses insultes à l'emporte pièce contre l'ensemble du personnel politique. Bref cette supplique est aussi crédible que lorsque l'ancien président Jacques Chirac demandait la tolérance zéro en matière de déviances et d'infractions.

Ne s'appesantissant pas sur le camouflet subi par le gouvernement avec le rejet de la Taxe Carbone par le Conseil Constitutionnel, l'égalité devant l'impôt n'étant pas respectée selon les sages, le président annonce une nouvelle mouture pour le 20 janvier. Sur que les plus gros pollueurs, ne seront pas concernés par cette taxe. A propos de Copenhague, le président arrive à transformer un échec en relatif succès à mettre au crédit de la France avec l'adoption d'un accord par l'ensemble des pays réunis au sommet. Un accord non contraignant soulignons le et arraché à la dernière minute pour éviter de mettre ce fiasco total sous la lumière des projecteurs médiatique. Alors Copenhague, « une porte ouverte sur l'avenir » ?

Si l'on croit le président de la République, la lutte contre les paradis fiscaux et les dérives du capitalisme boursier a été couronné de succès...Il faudrait le dire aux traders. La moralisation du capitalisme mondial n'est pas pour demain. Enfin l'année 2009 a été une année horribilis pour beaucoup de nos concitoyens. Le président Sarkozy a émis une pensée pour tous ceux qui ont perdu leur emplois (Plus de 480 000 personnes) mais a passé à la trappe tous ceux qui n'ont pas pu s'insérer sur le marché du travail. (Soit 6,4 millions de personnes au total). Bonne année à tous et à toutes. Encore  plus de deux ans à purger. Et nous ne sommes pas à l'abri d'une nouvelle condamnation à cinq ans fermes en 2012!