23/05/2014
1939 1945, L'Isère en Résistance, l'espace et l'histoire
1939 1945, L'Isère en Résistance, l'espace et l'histoire, 2005, Editions le Dauphiné, 194 p.
Je viens d'étudier attentivement ce livre dont de nombreux passages abordent l'histoire de la Résistance dans le massif du Vercors au cours de la seconde guerre mondiale. Malheureusement l'un des chapitre consacré exclusivement à ce dernier comporte de nombreuses erreurs ou inéxactitudes que je vais tenter de présenter rapidement en différents points. Mes connaissances sur les autres lieux de mémoires du département étant limitées, ma critique se bornera donc uniquement au Vercors. (20 pages - p 90 à 109)...Mais une quizaine de fautes en une vingtaine de pages...cela aurait mérité relecture avant publication.
1) L'orthographe d'un nom.
En novembre 1942, après l'invasion de la zone dite Libre, l'armée d'armistice (100 000 hommes) est dissoute (Le 27). Quelques officiers français prennent alors le maquis et cherchent à regrouper autour d'eux d'anciens soldats de leurs propres unités. C'est le cas du lieutenant Narcisse Geyer (promu capitaine au Vercors) qui s'installe fin 1942 dans la zone du Grand Serre au sud de Lyon. Il prendra d'ailleurs comme pseudonyme un lieu dit, celui d'une forêt, Thivollet (parfois présenté comme La Thivollet), et non Thivollée (Comme indiqué notamment p 92, 93 et 109)
2) Le métier de l'un des pionniers de la Résistance.
Il me semble que l'un des fondateurs de la résistance à Villard de Lans (Isère), le docteur Eugène Samuel, dit Jacques Ravalec ou capitaine Jacques était médecin et non pharmacien. Il est vrai que les premières réunions des résistants se sont tenues dans l'arrière boutique d'une pharmarcie du village, mais il s'agissait de celle de son épouse (p 91). Léon Martin, l'ancien maire de Grenoble, avait lui, les deux diplômes. (Médecine et Pharmarcie)
3) Une orthographe de lieu
Le camp C3, crée tout d'abord sur la commune de Méaudre en février 1943 (Ferme puis barraque dite du Cru) migra en partie plus au nord, à partir de mai 1943 (Après une incursion italienne sur la commune) sur le territoire d'Autrans, notamment à Font Scellier, près de Feyssole (Et non Foyssoles, carte p 90) Après le nom Fenêts peut également s'écrire Feneys, je ne vais pas chipoter.
4) L'attaque allemande du massif en juillet 1944.
Les forces allemandes employées lors de l'attaque allemande du 21 juillet 1944 sont estimées à 10 000 hommes (Et non 15 000, p 95), Notons également qu'elles ne furent pas toutes engagées simultanement et une qu'une partie non négligeable fut utilisée pour l'encerclement puis le vérouillage du massif et non pour participer à l'attaque au coeur du massif.
5) Les Pas du Vercors....
Sont appelés "Pas", les rares passages (Une dizaine) sur la barrière orientale du massif, qui, bien que très abrupt, permettent de relier le Vercors par des chemins étroits à la vallée du Drac. Les "pas" de Saillans et de Pontaix (p 95), villes situées dans la vallée de la Drôme....avouons que nous avons du mal à suivre ici. Certes près de Pontaix, un barrage avait été construit afin de bloquer la progression des troupes allemandes en direction de Die. Ce dernier devait être tenu par les hommes d'Alain (Pierre Reynaud) mais il ne fut pas défendu...ce qui provoqua bien des tumultes dans les jours qui suivirent. (De Lassus, le chef FFI pour la Drôme fit même arrêté Alain avant de l'expulser du département...) Des "Pas" dans la vallée de la Drôme, belle maladresse.
6) Les clichés éculés.
- Les parachutes bleus, blancs, rouges du parachutage massif du 14 juillet 1944 à Vassieux en Vercors en sont en exemple.
- Ambel, premier maquis de France ("Formule employée dans le texte : "Ce qu'il est convenu d'appeler"), p 104. Il est surtout convenu, que bien qu'Ambel soit l'un des premiers maquis de France, il ne fut pas le PREMIER. Petit détail, certes, mais déjà souligné dans le musée de la Résistance de Vassieux par son fondateur, Joseph La Picirella. Et puis autre erreur : Le site du camp d'Ambel fut incendié par la milice en en avril 1944 et non en juillet.
- Autre cliché éculé : L'assaut allemand sur Bois Barbu, repoussé par le lieutenant Chabal le 22 juillet (Contre attaque avec succès selon les comptes rendu de l'époque). En réalité, une patrouille (Une section?) vient au contact avant de se replier après avoir localiser les premiers défenseurs de la zone....
7) Le voyage de Chavant à Alger.
En proie au doute, concernant la validité du plan Montagnard, Eugène Chavant, le patron civil du Vercors, accompagné de Jean Veyrat, se rend en mai 1944 à Alger, via un détour par la Corse (Sur une navette rapide ou à bord d'un sous-marin selon les sources) afin de faire le point avec les responsables de la France Libre. Il revient d'ailleurs en France occupée, après voir été déposé par LYSANDER, le jour du débarquement. Il ne s'y rend pas en novembre 1943...(p 99)
8) Les pertes humaines à Vassieux.
"Environ 130 résistants et 176 civils de Vassieux et des alentours" (p 109) auraient été tués au cours de cet été 1944. En réalité, déjà bien que terribles, les pertes s'élèvent à 73 civils (Pour Vassieux) et 101 résistants (dont 3 habitants du village). En fait tout dépend de ce que veut dire "alentours"....
9 ) La Grotte de la Luire, l'hôpital du maquis du Vercors.
Après la découverte de cette grotte, par les troupes nazies, le 27 juillet 1944, les blessés sont séparés en deux groupes. Les blessés graves sont achevés à proximité immédiate de l'hôpital du maquis. Les blessés plus légers, ne sont pas conduits à Grenoble (comme indiqué dans le livre p 109), mais exécutés sur la commune de Saint-Agnan à proximité du Pont des Oules. Le personnel médical est lui conduit à Grenoble. Deux des trois médecins sont fusillés au Polygone avec le révérand Père Yves de Montcheuil, tandis que les 7 infirmières, internées à Lyon, partent pour l'Allemagne dans l'un des derniers convois quittant le territoire national, le 11 août 1944.
Les quatre blessés de la Wehrmacht soignée à la grotte de la Luire, ne sont pas allemands (p 109) mais polonais. L'un d'entre eux parle d'ailleurs français. Ils ont sans doute croisés Jimmy Hernik, ancien élève du Lycée polonais de Villard de Lans.
11) Les pertes allemandes dans le Vercors.
Page 109, on apprend que les allemands ont eux de fortes pertes à Vassieux, 150 hommes. Faut il voir le mot "perte" comme celui du nombre de morts? Cela semble exagéré, les pertes en vie humaines de l'armée allemande, étant aujourd'hui estimées à environ 100 morts pour l'ensemble des opérations dans et sur le pourtour du Vercors. Les allemands ont eu une quarantaine de tués à Vassieux dont 29 le premier jour de l'attaque.
12) Quelques résistants italiens.
p 109 aussi : "Quelques soldats italiens passés à la Résistance ont été fusillés et jetés sur du fumier"....Là j'aimerais connaître la source d'une telle affirmation car je n'ai jamais trouvé aucune trace d'une telle assertion, ni dans les livres sur le Vercors, ni dans les archives du Musée de la Résistance du Vercors....Ce qui est par contre possible, c'est que des soldats allemands (Ou des supplétifs de l'Europe de l'Est selon les sources étudiées) puisse avoir été dissimulés sous un tas de fumier, puis oubliés lors de l'évacuation des blessés et des morts, parl'armée allemande à Vassieux.
13) Organigramme
P 107, est évoqué l'organisation à 6 bureaux de l'état major du colonel Huet à Saint-Martin en Vercors. Bêtement, je croyais qu'un état-major classique était constitué de 4 bureaux (Effectif, renseignement, planfication, intendance/logistique?)...
J'espère que le reste du livre, concernant la résistance dans l'Isère, a été conçu de manière plus sérieuse.
Bruno Rey
15:46 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vercors, résistance, musée de la résistance, casque, militaria, maquis du vercors, isère réssistace, is-re, isère ffi, ffi, maquis, de gaulle, huet, vassieux en vercors, la chapelle en vercors
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