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10/12/2009

Silence, on brade...

024-reforme.1203544299.pngLa rubrique débat du journal Le Monde, datée du 10 décembre, réservait une place à une prise de position de Richard Descoings, directeur de l'IEP de Paris dénommée : « Pour l'épreuve d'histoire de la classe de première. La réforme du baccalauréat obéit à une vraie cohérence ».

Le principal argument avancé par M Descoings se résume en quelques mots : Mettre l'Histoire-Géographie en épreuve anticipée en première permettra un meilleur investissement des lycéens pour obtenir de précieux points pour l'épreuve future et ultime, le baccalauréat. La preuve ? En terminal scientifique, cette matière ne compte pour 3 pour un coefficient total de 36. Mathématique et prosaïquement, le lycéen lambda investira son capital temps sur des matières plus productives en terme de rémunération. Le travail de réflexion, de recherches, le devoir de critique et l'apprentissage de notre passé pour forger une mémoire commune, tous ceci se résumeraient donc à un simple calcul mathématique ?

Si il y a vrai calcul mathématique qu'il faut prendre en compte celui-là, c'est quand rendant optionnel l'enseignement de cette matière en terminal S, tout en augmentant 1 heures et demi le volume de cours en première, l'enseignement général de l'Histoire Géographie s'en trouve réduit. Et une réduction sur un programme, lourd et complexe, mais primordial, cela aura forcément un impact sur la qualité de la formation.

Il faut dire que la logique actuelle, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite constituant un dogme intangible de la politique gouvernementale conduite par Nicolas Sarkozy, conduit à la suppression massive de postes dans l'Education Nationale (46 000 postes en 3 ans dont 16 000 cette année) et notamment dans les lycéens. Pour réduire les coûts, une solution, la généralisation de l'optionnalisation ou la suppression pure et simple.

Il y a peu encore, j'usais mes pantalons sur les bancs du Lycée Triboulet à Romans dans la Drôme. Cet enseignement n'a pas été simplement nécessaire d'un point de vu comptable pour mon résultat final et l'obtention de mon diplôme. Il a été primordial pour forger le citoyen en âge de voter de l'époque qui quittait l'enseignement secondaire pour l'enseignement supérieur.

Et forger un citoyen, c'est avant tout lui donner les bases nécessaires pour qu'il se construise, par la critique, la réflexion et parfois même l'erreur. En parcourant certains sentiments exprimés par des lycéens romanais dans notre journal régional, j'ai constaté, avec une petite introspection personnelle à l'appui, à quel point la maturité évolue à cet âge là. Un élève de première n'a pas la même maturité qu'un élève de terminal pour étudier une période qui touche encore notre société et dont l'étude est plus que nécessaire pour décrypter l'actualité internationale. De la Shoah à la création du conseil de sécurité de l'ONU, en passant par la guerre froide, la chute de l'URSS, la décolonisation et la Palestine, autant de sujets qui restent encore et toujours sur le devant de la scène médiatique aujourd'hui.

Dans son allocution devant le CSE (qui regroupe les représentants du secteur éducatif et du ministère et donne un avis consultatif) pour présenter la réforme du lycée, Luc Chatel a expliqué cet après midi encore vouloir consolider la "vocation première" de la série scientifique, qui est de "préparer aux études scientifiques". Nous ne contestons pas cette vocation première mise en avant en toute logique au vu du programme proposé dans cette filière mais cette dernière ne résume pas "aux études scientifiquesé". Pour la forme, "science sans conscience n'est que ruine de l'âme",  Blaise Pascal.

Tout ceci en plein débat sur l'Identité Nationale, cela ne fait pas très sérieux de la part d'un gouvernement qui use et abuse de notre Histoire à des fins politiciennes.

En ce qui concerne la réforme touchant les futurs maîtres, là aussi, on sacrifie l'enseignement prodigué aux générations futures au nom d'économies de bouts de ficelle.Plus d''année de stage rémunérée sur le terrain mais six pauvres petites semaines...