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09/12/2009

L'Argent des Politiques. Les enfants gâtés de la République (1)

argent.jpgRégulièrement, les revenus et les avantages de nos principaux dirigeants politiques défrayent la chronique. Dernière révélation en date, la rémunération d'Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et plume officielle de notre président. Ce dernier ne se dit pas moins victime d'une « dictature de la transparence » en France, les médias ayant révélés son salaire annuel, soit 290 368,93 euros. Un « salaire de cadre moyen », soit quand même l'équivalent de 20 SMICS mensuels, assure l'intéressé. Qu'est ce qui nous dérange le plus ? Le salaire en lui-même ? Ou sa provenance, une partie étant versée (132 856,93 euros) par le Conseil d'Etat dont il est encore conseiller maître « en disposition »? Après tout cette déclaration portant sur le "salaire d'un cadre moyen" n'est guère surprenante quand le premier ministre, M François Fillon, qualifie de « normale » la rémunération du nouveau PDG d'EDF, M Henri Proglio, soit 2 millions d'euros annuels (166 SMICS par mois !!!)

En France, donc, les revenus de nos dirigeants restent un tabou, une question qui dérange malgré la rupture promise par Nicolas Sarkozy dans ce domaine. Le président avait voulu au début de sa mandature décomplexer la France avec l'argent en adoptant une attitude qualifiée de « bling-bling » par beaucoup. Pas sûr que cela ait marché, loin s'en faut. Son train de vie, et celui adopté par certains ne ses ministres (Rachida Dati posant en robe Dior pour Paris Match) ont choqué une partie des français. A tel point que certains médias ont décidé de s'autocensurer pour calmer les esprits (La bague à 15 000 euros de Rachida Dati effacée sur l'une des couvertures du Figaro par exemple).

En 2007, on s'était beaucoup gaussée de la hausse prodigieuse du salaire présidentiel (+172%) mais qui portait en réalité en elle une amélioration, une meilleure transparence du revenu présidentiel, mettant ainsi fin à une hypocrisie française. Mais cette transparence voulue par Nicolas Sarkozy dans les comptes de l'état s'est rapidement arrêtée. Que le président avec cette hausse aligne son salaire sur celui du premier ministre ou sur celui de ses homologues européens, cela n'a rien de condamnable en soit. Ce qui l'est plus, c'est le train de vie, mélant vie privée et vie politique qu'adoptent tous les locataires de l'Elysée et les cours qui les accompagnent. A titre d'exemple, un voyage dans un lieu de villégiature le week-end en Falcon 900 (6000 euros de l'heure), doit il être considéré comme d'agrément ou présidentiel ? Il en est de même dans tous les domaines, et c'est souvent le président et non Nicolas Sarkozy qui paye. Il en est de même pour la cour bien entendu qui continue à jouir des mêmes privilèges que sous les anciens présidents.

En 2003, on avait aussi beaucoup polémiqué sur la hausse de 80% des salaires des ministres consécutives à la fin des fonds spéciaux alloués à ces derniers et sur lesquels les détenteurs de maroquins prélevaient une part pour leur cassette personnelle. Mais ces salaires (14 000 euros pour un ministre) combinés aux différents avantages des fonctions font énormément de mal à l'image de la République en cette période de vaches maigres et où l'on demande aux français de conscentir des efforts (Stagnation des salaires, baisse de certains remboursements et hausses de certains taxes). En effet, le salaire constitue de l'argent de poche, tous les frais étant pris en charge par la République : Logement de fonction (90m2 pour un couple, plus 20m2 par enfant à charge), berline de fonction avec chauffeur, intendance, utilisation des avions de l'ETAC (Ex GLAM) à des fins personnels...Sans compter bien entendu les cadeaux reçus lors de visites à l'étranger.

De temps en temps, certains débordements trop spectaculaires doivent être « recadrés » comme le fameux duplex de 600m2 du couple Gaymard (Loyer de 14 000 euros pris en charge par l'état) ou le logement de fonction que voulait s'octroyer l'ancien président du Sénat, M Poncelet. Dans le premier cas, le ministre a été démissionné. Dans le second, l'anien président qui occupait cet appartement depuis 2004 pourra le garder jusqu'en 2012, date de la fin de son mandat de sénateur. Mais qui se souvient des exigences des épouses de ministres si couteuse pour la République par exemple (Les écrans plats de Bercy pour Cecilia, ou des aménagements pour la compagne de l'ancien ministre Luc Ferry...en sont quelques exemples). Qui se souvient du ministre de l'Outre Mer du premier gouvernement de François Fillon, M Christian Estrosi, dépensant 140 000 eurosen jet privé pour pouvoir assister un cocktail organisé par le président alors qu'il était en voyage aux Etats-Unis?

Ces errements ne datent pas hier. On se souvient d'un François Mitterrand qui tout en passantsa vie à cacher son origine bourgeoise, à cacher sa seconde famille pendant quinze ans aux frais de la République. Et d'un Chaban Delmas, qui s'était déclaré non imposable (grâce à une astuce comptable légale) alors qu'il était premier ministre? Sans oublier les fameux cadeaux empoisonnés de Bokassa Ier à VGE.

L'ancien président Jacques Chirac, figure de proue de l'argent liquide reste encore à ce jour le pire symbole en terme de déconnexion avec la réalité sociale en France. Vivre dans les palais de la République pendant 40 ans, cela laisse des traces indéniables, une vraie fracture sociale. Retraité, l'ancien président touche 31 000 euros par mois, résultat du cumul de différentes retraites découlant de ses fonctions antérieures. Pourtant, son 346 mètres carrés, boulevard Voltaire est financé (Loyer évalué à 10 000 euros par mois) par la famille Hariri, propriétaire de l'appartement. Personne ne s'en offusque et il est désormais considéré comme un parfait grand père que l'on invite parfois sans poser la moindre question embarassante alors qu'il est mis en examen.

Jacques Chirac et sa femme, Bernadette, née Chaudron de Courcel, ne représentent heureusement qu'une infime, mais médiatique, part de notre classe politique française. Comment oublier en effet le train de vie dispendieu de l'ancien « locataire » de l'Elysée. Comment oublier le mélange permanent entre vie privée et vie politique, les 4000 francs de frais de bouches quotidiens à la mairie de Paris entre 1988 et 1995, les billets d'avions payés en liquide à la défunte compagnie Euralair, la hausse faramineuse du coût de fonctionnement de l'Elysée lors de sa présidence, les vacances à la Gazalle d'Or à Taroudant au Maroc ou au Royal Palm de l'île Maurice. En terme d'images politiques, le bilan de Chirac, même sur le plan de l'insconscient collectif est exécrable.

Et ça continue....

Ce matin encore, c'était Jean François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale qui avait droit à son article dans le Canard Enchaîné concernant ses liens et des contrats passés avec des sociétés amies. Ce copinage, orchestrée par une minorité (La classe politique étant sans doute la catégorie sociale la moins corrompu de France et de Navarre avec des dizaines de milliers de petits élus de province) nuit à l'image et tend à renforcer l'image du Tous pourris, fond de commerce d'extrémistes.

En se présentant à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy avait promis de faire la plus grande transparence sur les défenses de l'Elysée. Trois ans plus tard, l'affaire des sondages de l'Elysée a été heureusement bloquée, pour lui, par le président de l'Assemblée Nationale qui a finalement refusé la création d'une commission d'enquête sur un sujet qui concerne quand même plusieurs millions d'euros. L'argent de nos contribuables servant à financer des sondages en partie pour le compte de l'UMP et qui étaient ensuite donné à la presse aux ordres, cela n'est guère sérieux. Cette non rupture se traduit également par la croissance du nombre de conseillers, limité à 20 au début du mandat, dans certains cabinets ministériels ou l'achat prévu de Air Sarko One pour plus de 180 millions d'euros. Elle se traduit également par la hausse de 25% des salaires en moyenne pour les membres des cabinets ministériels sur l'année écoulée, alors que les routiers menacent de bloquer la France pour une revalorisation de 4%.

Nous vivons bien dans une monarchie républicaine ou le roi et sa cour vivent sans rendre de compte à personne avec tous les avantages. (Voiture de fonction avec chauffeur, domestiques, appartement de fonction, avantages en nature, taux préférentiels pour les crédits, régime de retraite...) Il ne s'agit pas de revendiquer un égalitarisme à tout crin ni de crier aux Tous pourris. Il s'agit seulement de plaider pour plus d'équité fiscale et sociale mais surtout pour une exemplarité.

(1) L'Argent des Politiques. Les enfants gâtés de la République  de Christophe Dubois et Marie-Christine Tabet aux Editions Albin Michel. Octobre 2009.

Commentaires

Excellent travail, euh voilà, tout est dit. Merci encore !

Écrit par : machines | 23/12/2009

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