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19/06/2013

Sortie à la barraque des Feuilles, le C5

 

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Petite ballade aujourd'hui en direction de la barraque des Feuilles sur la commune de Méaudre. Après un arrêt rafraichissant au "Trou qui souffle", une bonne adresse pour cette saison particulière et ses températures caniculaires, partons en direction de l'un des premiers refuge mis en place dans le Vercors pour certains jeunes hommes ayant choisi de se soustraire au STO. La barraque des feuilles se situe à 1H30 de marche en partant de Méaudre et se trouve à quelques centaines de metres de l'arrivée du premier télésiège de la station du village.

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A la vue de ce panneau, on ne peut que  se féliciter d'une telle initiative mais en même temps regretter qu'une proposition similaire n'ait pas été entreprise à Gève, lieu d'implantation du C3.  En effet quelques explications (des extraits de l'ouvrage de Marc Serratrice par exemple), quelques photos permettraient de rendre hommage à ces hommes...

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Et puis pour voir quelques photos d'une intervention, cliquez sur lien.  (Classe de CM2 de Grenoble)

 

 

18/01/2013

Tears of glory, un autre regard sur l'histoire du Vercors lors de la seconde guerre mondiale

 

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Michael Pearson, Tears of glory- The betrayal of Vercors 1944, Edition Pan Books, 1978, 250 p.

 

I)                   Un résumé de l’ouvrage de Michael Pearson

 

       Dès le titre de l’ouvrage, la thèse de l’auteur est clairement énoncée. Selon lui, l’organisation mise en place par la résistance dans le Vercors a été trahie. Et en parcourant les premières lignes, nous pouvons apprendre que selon l’auteur, cette trahison a été la résultante non des puissances alliés mais des services du général De Gaulle, établis à Alger, alors capitale de la France Libre.

 

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Eugène Chavant, le "patron" civil du Vercors.

 

L’auteur appuis ses assertions sur les échanges qui se sont déroulés fin mai 1944 entre Eugène Chavant, le chef civil du Vercors d’une part, et le lieutenant-colonel Constans, l’un des responsables des services spéciaux à Alger (La DGSS, née de la fusion du BCRA et des services mis en place par le général Giraud en Afrique du Nord) et Jacques Soustelle, un proche, présenté comme le secrétaire du général de Gaulle et chef de la DGSS.

 

Parvenant à quitter le Vercors pour l’Afrique du Nord, Chavant se rend à Alger fin mai 1944, pour savoir si le projet Montagnard, projet élaboré et validé par les plus hautes autorités de la Résistance l’année précédente (Jean Moulin et le général Delestraint), était toujours d’actualité dans le plan d’ensemble visant à libérer la France du joug nazi. Non seulement Eugène Chavant s’est vu confirmer que ce dernier était toujours valide mais existant deux moutures du plan, une offensive et une défensive, c’est la première qui a été retenue, soit la plus complexe car nécessitant une aide extérieure.

 

En cas de débarquement allié en France, le plan Montagnard prévoyait de mobiliser dans et à l’extérieur du massif, puis de verrouiller le Vercors afin de le transformer en base opérationnelle contrôlée par la résistance. Il s’agissait ensuite d’en faire un « porte-avions » en territoire occupé et de « faire tache d’huile » aux environs du réduit afin de bloquer les communications dans la vallée du Rhône notamment. Dans sa mouture offensive, il s’agissait de plus d’accueillir des renforts aéroportés alliés pour lancer des opérations hors  du massif en concomitance avec l’opération Anvil-Dragoun prévue dans le sud de la France.

 

L’idée simple sur le papier prévoyait donc d’agir sur les arrières des troupes allemandes afin de freiner au maximum les mouvements de troupes et de menacés de manière constante les lignes d’approvisionnement de la Wehrmacht.

 

L’auteur parle de trahison car le colonel Constans de la DGSS à Alger promit plus de 4000 parachutistes à Chavant, qui en demandait deux fois moins alors qu’il ne semble que le premier n’eut jamais les moyens de mobiliser tant de moyens pour une telle opération. Chavant, lui, conforté par de tels propos et par l’assurance de son interlocuteur, retourna ensuite en France pour annoncer la bonne nouvelle aux principaux responsables militaires de l’Armée secrète, au premier rang desquelles se trouve Marcel Descours, chef d’état-major de R1 (Rhône-Alpes) dont le Vercors fait intégrante et François Huet, nouveau commandant militaire du massif.

 

Or Descours et Constans ont fait l’école de guerre sur les mêmes bancs. Ce fait souligné dans cet ouvrage, et la foi dans la parole donnée, explique sans doute sa précipitation à ordonner le verrouillage du Vercors alors que ses principaux subordonnés semblaient plus pondérés et attentistes.

 

L’ordre de verrouillage du maquis fut donc lancé dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, deux jours après le débarquement en Normandie sur l’assurance rapportée d’Alger que le Vercors recevrait des renforts alliés afin de mettre en œuvre le projet montagnard. Les alliés étant à 800 km de là et le débarquement allié en Méditerranée n’étant prévu qu’à la mi-août, ce que bien entendu les responsables du maquis ignorent, le Vercors fut donc livré à lui même, espérant une aide qui ne viendra jamais. Soulignons que bien que l’opération Anvil ait eu lieu dans le sud de la France, le premier ministre britannique cherchait encore en juillet à convainque les chefs d’état-major américain d’engager une opération visant directement  l’Allemagne, via la Yougoslavie et l’Autriche…Le projet montagnard, plan ambitieux, ne fut jamais inscrit dans le plan d’ensemble allié.

 

Mais l’auteur, qui a eu accès aux archives britanniques et américaines et qui base une partie de son ouvrage sur les souvenirs des principaux responsables du maquis mets en évidence d’autres éléments qui ont conduit ces derniers à éprouver le sentiment d’avoir été trahi. Outre les renforts promis mais dont Alger ne disposait pas, l’état-major FFI du Vercors fut constamment induit en erreur et les messages émis par ces radios furent souvent sans réponse.

 

L’état-major demanda à plusieurs reprises le bombardement de l’aérodrome de Chabeuil, utilisé tout d’abord pour les reconnaissances aériennes allemandes avant de servir de principal support aux attaques de bombardiers. Il ne fut la cible d’une attaque de l’aviation alliée qu’après l’attaque générale du Vercors, le 21 juillet 1944, erreurs de bombardement, conditions météorologiques…ayant servi de prétexte pendant de longues semaines pour  retarder l’opération, pourtant primordiale pour la survie du maquis du Vercors.

 

Autre fait, qui justifie selon l’auteur sa thèse, jamais les principaux responsables du Vercors n’ont été prévenu qu’ils étaient dans le faux. Il semble au contraire qu’ils étaient maintenus (sciemment ou non) dans l’ignorance et l’erreur.

 

Confortés au départ dans l’idée que le Vercors devait jouer un rôle à part dans le processus de libération nationale dans le cadre du projet Montagnard, l’ordre de dispersion de Koenig, daté du 10 juin 1944, fut considéré comme une consigne qui ne touchait pas le maquis du Vercors. De plus, la mobilisation s’étant faîte dans l’euphorie, et bien peu dans la discrétion, il était hors de question pour les chefs militaires, à la fois de laisser sans défense les populations civiles du plateau « compromise » et de renvoyer chez eux les compagnies de sédentaires montées au Vercors après l’ordre de regroupement.

 

Ensuite, il n’y eut aucune mission, ni aucun message décourageant les chefs du Vercors. Bien au contraire, de nombreuses missions alliées, notamment des équipes de radios furent envoyées dans le Vercors, confortant ainsi les chefs dans leur idée majeur, le rôle essentiel alloué au massif dans la libération du sud de la France. 

 

Les conditions météos, mauvaises, furent avancées par Alger pour justifier les retards, notamment dans le parachutage d’armes et l’arrivée de renfort.

 

Alors que le Vercors était en voie d’être encerclé, une mission des services spéciaux français fut même envoyée dans le Vercors pour construire une piste d’atterrissage pour des avions de transports alliés. Une fois construite, elle fut jugée trop petite pour des avions de type Dakota. Elle fut donc agrandie…avant d’être en partie utilisée par des planeurs allemands le 21 juillet 1944, jour de l’attaque générale du Vercors. Le capitaine Tournissa, chef de cette mission parachutée début juillet 1944, fut tué fin août aux pieds du massif.

 

Au plus fort de la bataille, le 23 juillet, alors que l’échec du Vercors se dessinait, la DGSS annonçait par message codé qu’elle pouvait envoyée 44 hommes au total en renfort, bien loin des… 4000 promis à Chavant. L’auteur souligne que plus de 1800 hommes, des parachutistes de la France libre attendant pourtant une mission, alors qu’ils sont basés près d’Alger ou en Sicile. Ils se surnommaient alors les « paratouristes ».

 

De plus, l’auteur nous livre une présentation des arcanes de la France Libre, de la querelle de prérogatives entre responsables militaires en passant par les arrières pensées politiques sous fond de libération nationale.

 

Le général Koenig fut nommé début 1944 responsable de la résistance française, les différents mouvements étant intégrés au sein des Forces Françaises Libres (FFI). Basé à Londres, et responsable de la zone nord, il se confronte ainsi au général Cochet, responsable du théâtre d’opération méditerranéen. Le Vercors, lui se relève être sur la ligne de partage des compétences des deux généraux…

 

Outre ce conflit d’attribution, Micheal Pearson met en lumière les différentes manœuvres et plans. L’opération « Patrie » proposée par le ministre de l’Air, Fernand Grenier, communiste, visant à apporter une aide à la résistance du Vercors en rassemblant un ensemble de vieux avions français semble avoir été délibérément écarté malgré l’aval reçu au départ de la part du cabinet du général de Gaulle.

De plus, alors que les maquisards du Vercors sont dans l’expectative du déclenchement de l’opération Montagnard, certains responsables des services spéciaux français construisent le pendant de ce projet, mais dans le massif central, dans le Mont Mouchet. Il s’agit du projet C ou Caïman. Lui, non plus ne verra pas le jour.

Outre cette présentation des arcanes des services spéciaux, inscrit dans la chronologie de la période étudiée, juin et juillet 1944, l’auteur brosse un portrait fidèle du Vercors,  fait d’anecdotes et de points historiques.

 

Ayant mobilisé trop tôt, dans la foulée du débarquement en Normandie, le Vercors n’a pu jouer de rôle opérationnel propre, ayant été en partie décimée par une opération militaire allemande de grande envergure.

En se privant des rares éléments de supériorité tactique (surprise, mouvement notamment), la résistance du Vercors renouant avec le modèle de l’armée française de 1939 (statisme, attente) en attendant une aide providentielle alliée, s’est ainsi laissé piégée, la forteresse se transformant pour beaucoup de ces membres en sourcière mortelle.

Pour terminer soulignons que le travail de Michael Pearson semble avant tout un récit historique et non l’œuvre d’un historien.

Il Une analyse du travail de recherche de Michael Pearson

 

          L’auteur, Michael Pearson, base son travail notamment sur des entretiens qu’il a pu réaliser avec certains des principaux acteurs de la résistance dans le Vercors, et sur des sources non publiées auxquelles il a pu avoir accès (quatorze au total dont les références sont publiées en annexe de la bibliographie). Il nous livre donc un récit historique basé sur les souvenirs de chacun, notamment d’Eugène Chavant, et Marcel Descours. 

 

Il permet ainsi de mieux appréhender les réflexions de ces derniers afin de mieux comprendre leurs décisions de l’époque et motivations basées, comme le souligne l’auteur sur ce qui constitue selon lui, une trahison.

 

Il utilise également des sources manuscrites, pour l’essentielle constituées d’œuvres d’anciens du maquis du Vercors ou de ses environs proches (Plus de la moitié des trente sources cités dans la bibliographie sont ainsi le produit de personnes ayant eu un rôle actif dans la résistance)

 

L’essentiel de l’ouvrage se concentre sur la période juin-juillet 1944, de la mobilisation et du verrouillage à l’attaque générale du Vercors. Le premier chapitre est d’ailleurs consacré au premier jour de la bataille de Saint-Nizier, le 13 juin. Puis, l’auteur opère un léger retour en arrière en présentant le voyage à Alger de Chavant et les principaux propos échangés en mai 1944 avant de nous replonger au cœur du Vercors mobilisé.

 

Contrairement à de nombreux ouvrages écrits soit par des anciens du maquis soit par des historiens, l’auteur ne suit pas le parcours habituel avec ses principales étapes que je peux énumérer ci-dessous :

 

-          Vercors d’avant-guerre, la guerre de 39-40 et ses conséquences, les débuts de la résistance dans le Vercors, la genèse du Plan Montagnard, la présentation des différentes phases de l’organisation du maquis, les premiers combats de 1944…

 

Le projet Montagnard est présenté aux travers des attentes des responsables du maquis, dans l’expectative, attendant chaque jour des renforts promis et qui ne viennent pas.

 

Les premières escarmouches de 1944 sont évoquées, elles, pour, présenter les faiblesses du Vercors.

 

III) Apports et les limites du travail de Michael Pearson.

 

       Bien que certains aspects de l’histoire du Vercors soient l’objet d’un minutieux travail de recherches, l’œuvre proposée comporte cependant certaines limites et lacunes. Nous avons pu relever notamment de nombreuses fautes tant au niveau des chiffres fournis que de certains lieux géographiques présentés. De plus, l’auteur reprend certaines assertions, qui constituent les mythes du Vercors.

 

A)    Les critiques que l’on peut formuler.

 

a)      La présence des SS.

 

       Ainsi, basé en grande partie sur des témoignages d’anciens du maquis du Vercors et sur les propos tenus par certains responsables, il reproduit les clichés inlassablement répétés. Les unités spéciales employées dans le Vercors appartiennent selon l’auteur à la SS, armée distincte de la Wehrmacht, symbole de la barbarie et de la violence comme en témoigne le massacre d’Oradour sur Glane. Soulignons que le martyr de Vassieux en Vercors fut présenté après-guerre comme un second Oradour. Pour autant, bien que des crimes aient été commis notamment à Vassieux et à la grotte de la Luire, les unités engagées notamment dans l’opération aéroportée appartiennent toutes à la Wehrmacht qu’ils s’agissent des gebirdjäger, des unités de police ou du commando ayant été aéroporté à Vassieux.

 

Nous savons aujourd’hui que le Vercors fut attaquée par plusieurs formations, notamment la 157ème division de réserve et par un détachement de la 9ème division de blindée. En tout, 10 000 hommes engagés à tour de rôle et non simultanément, soit l’équivalent d’une division. Face aux 3000 à 4000 hommes du maquis du Vercors, partiellement armée, ce chiffre est déjà impressionnant.

 

Il y eu bien un bataillon de légionnaires de l’est, un Ostbataillon, constitué d’anciens prisonniers de l’armée soviétique, utilisé en tant que force de répression. Cette unité, composée « de mongols » a laissé des traces funestes dans le Vercors et sur ces contreforts, mais il s’agit là encore d’une unité intégré à l’armée régulière.

 

b)     Les forces en présence. 

 

Après-guerre, pour tenter de justifier la tragédie du Vercors, la mort de centaines de personnes et la destruction de nombreux biens, un autre mythe fut construit par les dépositaires de la mémoire du massif : Celui du sacrifice de quelques centaines de maquisards, retenant ainsi loin du front de Normandie, l’équivalent de trois divisions, soit entre 25 000 et 30 000 hommes. Bien que l’auteur ne retienne pas cet axiome, il n’en évoque pas moins le chiffre de 20 000 hommes, ce qui constitue une estimation exagérée.  Les forces allemandes engagées sont aujourd’hui estimées à 10 000 hommes, formant diverses unités dont deux régiments d’infanterie de montagne, un bataillon de police…

 

Il en est ainsi de nombreux chiffres cités dans cet ouvrage, notamment ceux concernant les pertes allemandes. Aujourd’hui estimés en moyenne à 150 hommes, selon différentes sources, elles furent parfois souvent exagérées. (A titre d’exemple, Paul Brissac, commandant la compagnie de sédentaires de Grenoble, dans l’ouvrage Le Vercors, par ceux qui l’ont vécu, affirme que 400 allemands ont été tués lors des combats de Saint Nizier en juin 1944. On sait aujourd’hui qu’ils n’en ont perdu moins d’une dizaine…) Ainsi, les principales attaques ou combats entrepris par les maquisards énoncés dans l’ouvrage nous donnent des pertes du côté allemand plus que disproportionnées.

 

-          Bataille de Saint-Nizier, les 13 et 15 juin 1944

 

-          Attaque du pont Chabert, le 21 juin 1944

 

-          Embuscade de Lus La Croix Haute, 10 juillet 1944

 

c)      Une non remise en cause du plan Montagnard.

 

Tout au long de l’ouvrage, qui couvre la période comprise entre le voyage de Chavant à Alger (mai 44) et l’attaque générale du Vercors (juillet-août 1944), l’auteur nous présente l’état d’esprit des principaux protagonistes, leurs réactions et leurs humeurs.

 

Tout au long de cette période, ces derniers attendent des renforts annoncés qui ne viennent pas.

 

L’auteur ne remets jamais en cause le bien-fondé du plan montagnard ni les demandes envoyées, tant à Londres qu’à Alger par les principaux responsables militaires du Vercors.

 

Les demandes en mortiers et en artillerie de montagne, souvent indiquées dans les messages envoyées se heurtent pourtant à une réalité crue : Peu d’hommes sachant se servir d’un tel équipement parmi des milliers de volontaires souvent peu formés, et peu ou pas de moyens de transports et de tractions (des mulets par exemple) pour ce site escarpé de moyenne montagne.

 

De plus, le Vercors fut souvent présenté comme une forteresse, une citadelle imprenable, un porte-avions possible en territoire occupée. Si des renforts aéroportés avaient été envoyés dans le Vercors, comme cela avait été prévu dans le projet Montagnard, il est fort possible qu’ils aient pu être bloqué par d’importantes troupes de la Wehrmacht, les issues pouvant facilement être gardées, des centaines de maquisards en faisant la mortelle expérience en tentant de redescendre en plaine après l’attaque générale.

 

La libération de Grenoble devait intervenir à J + 90 après le débarquement sur les côtes de Provence. Dans les plans alliés, si le projet Montagnard avait été mené à bien, les hommes parachutés auraient dû compter en partie sur les réserves, bien limités, de leur territoire d’accueil et cela pendant près de trois mois. Grenoble fut libérée à J + 7.

 

En ayant concentré de nombreuses unités, notamment les sédentaires de la plaine iséroise, faisant ainsi passer les effectifs du maquis du Vercors, de 300  à plus de 3000 en quelques jours, l’état-major du maquis du Vercors a pris le risque de rassembler « tous ces œufs dans le même panier », privant ainsi d’autres territoires de forces importantes au moment du débarquement de Provence.

 

Le Vercors fut échec qui coûta la vie à des centaines de personnes. Le dire aujourd’hui constitue toujours un tabou.

B)     Des informations intéressantes.

 

     Cependant ce récit historique nous livre quantité d’informations sur les mois de juin et juillet 1944, non sur la vie des maquisards durant cette période mais sur la vie et les réflexions des principaux décideurs.

 

Tout d’abord il apporte des éclairages précieux sur les principales personnalités du Vercors :

 

-          Eugène Chavant, le responsable civil du Vercors

 

-          Narcisse  Geyer, le responsable militaire du sud du Vercors.

 

-          François Huet, le responsable militaire du Vercors.

 

-          Vincent Beaume, chef du deuxième bureau et  ministre de la justice du Vercors.

 

Il nous présente un éclairage intéressant sur les conflits de personnalités, les origines politiques des principaux protagonistes et les conséquences que cela a pu avoir sur l’organisation du Vercors.

 

La personnalité complexe de Geyer est abordée par l’auteur à partir des mémoires de ce dernier. Officier n’hésitant pas à parader en cheval et en grande tenue, caricature même de l’officier de l’armée traditionnelle, il affirme après coup avoir été l’un des principaux critiques face à la stratégie employé par son supérieur immédiat, Huet. En effet, il se présente comme un partisan de la guérilla et dénonce la volonté de son officier supérieur à vouloir mener une guerre de position basée sur le maintien de petites unités sur l’ensemble des points d’accès du plateau. La nature de Geyer a indisposé de nombreux maquisards…

 

Cet ouvrage nous  présente une page intéressante sur l’histoire de la police militaire et de la justice dans le Vercors lors de cet été 1944 alors que la République a été restaurée dans le massif et que les lois du régime de Vichy ont été abolie.

 

Il nous présente différentes informations dont détenus et les motifs de leurs arrestations. Il aborde également les conséquences de ces dernières et montre les premiers prémices de la justice dite populaire.

 

IV)             Une approche de l'historiographie

 

      L’ouvrage a été publié en 1978, époque où les principales recherches entreprises concernant la résistance dans le Vercors n’avaient pas été lancées. En effet à cette date, en se référant à la bibliographie présentée, seuls les deux ouvrages de Paul Dreyfus (Vercors-citadelle de la liberté, 1969 et Histoire de la résistance en Vercors, 1975) et celui d’Henri Michel (Histoire de la Résistance en France, 1965) peuvent servir de référence.

 

Comme nous l’avons déjà souligné, la plupart des ouvrages et récits publiés jusqu’alors ont été le fait d’anciens du maquis du Vercors, évoquant l’histoire du Vercors via le prisme subjectif de leur histoire personnelle.

 

Aujourd’hui, l’idée que le Vercors a été trahi, notamment pour des motivations politiques a été remis en cause, notamment par Gilles Vergnon, l’un des meilleurs spécialistes du massif. En effet, quelques années après la libération, le PCF, « le parti des 75 000 fusillés » avait donné une nouvelle dimension à cette thèse après s’être  accaparé l’histoire du Vercors pour la transformer en exemple même du maquis sacrifié par le pouvoir gaulliste car orienté politiquement. Depuis un amalgame avait pu s’opérer dans l’esprit de beaucoup, confondant l’organisation Franc-Tireur, fondé par Jean Pierre Levy, orientée certes au centre gauche et l’organisation Franc-Tireur et Partisan, groupe paramilitaire, émanation du Front National.

Nul doute pour autant que des propos, tenus sans doute dans une certaine euphorie sous fond de libération prochaine du territoire national, ait pu conduire les principaux responsables du Vercors à prendre des décisions hâtives, notamment celle de verrouiller, puis de concentrer de fortes formations sur un point fixe.

Si le Vercors n’a pas été trahi intentionnellement, le pouvoir gaulliste ayant voulu se débarrasser d’un maquis orienté dans une lutte politique engagée pour le contrôle des territoires libérés, il n’en reste pas vrai que l’attitude de certains responsables à Alger a pu induire en erreur les dirigeants du maquis du Vercors, dès le 6 juin, les maintenant ensuite dans cette situation jusqu’au dénouement tragique, fin juillet 1944.

V)                Intérêt de l'ouvrage pour vos propres recherches

 

    Il s’agit ici d’un rare exemple d’un livre étranger traitant de la question du Vercors lors de la seconde guerre mondiale. Un autre ouvrage traitant de missions secrètes, celui de E.H Cookridge, Missions spéciales, l’épopée du Vercors, la libération de Bordeaux, 1967, évoque également la tragédie du massif mais parmi d’autres territoires d’études.

Bien que l’ouvrage n’évoque que peu ma zone d’étude, les maquisards s’étant replié de cette dernière durant la période étudiée par l’auteur, il m’a cependant permis d’enrichir mes recherches, notamment en ce qui concerne les dissensions s’étant déclenchés envers les différents protagonistes, entre Chavant et Geyer d’un côté et entre ce même Geyer et Huet de l’autre.

Il a pu également considérablement accroître mes connaissances sur différents lieux, ayant été utilisé par les maquisards en cet été 1944.

Le livre de Gilbert Joseph, Combattant du Vercors, publié 1972 se voulant très critique envers le commandement militaire du Vercors, un travail de comparaison a pu être élaboré entre les accusations de l’auteur et les justifications proposées dans l’ouvrage de Michael Pearson.

En effet Gilbert Joseph parle de trahison…mais en évoquant l’attitude des principaux responsables du Vercors, seul le commandant Costa de Beauregard trouvant grâce à ces yeux.

Ce livre a confirmé certaines déductions que j’avais pu déjà opérer grâce à mes recherches conduites précédemment. Il apparaît désormais clair qu’à partir de la mi- juin 1944, les maquisards se sont repliés de ma zone d’étude (Autrans-Méaudre) pour se concentrer dans la partie sud du massif ne lançant que des patrouilles de reconnaissances dans ce secteur.

Ils tiendront donc au matin du 21 juillet 1944 des positions, notamment à la Croix Perrin, sur lesquelles ils ne sont installés que depuis la veille. Ils s’engagent ainsi dans une guerre de position alors qu’un obstacle n’a été créé sur le principal axe de pénétration que constitue la route reliant Lans à Autrans, qu’une position de tir n’a été aménagée. Les principaux responsables du Vercors ont certes attendu en vain des renforts pendant plus d’un moins mais la stratégie employée pour contenir une attaque allemande qui se dessinée un peu plus chaque jour ne fut pas en adéquation avec les forces et la tactique employées.

A Vassieux, il y avait trop peu de mitrailleuses lourdes pour protéger le terrain d’atterrissage en cours de construction alors que certaines avaient été déployées près de Saint Martin en Vercors, certainement pour protéger le PC de la résistance mais où elles ne furent pas d’une grande utilité.

A Valchevrière, quelques obstacles avaient été dressés mais la principale position de défense avait été construite près du Belvédère, l’un des rares endroits de cette route forestière reliant Villard à Saint Martin en Vercors qui était à découvert, et donc facilement repérable par le Fieseler-Storch employé par les allemands.

Le PC de Jean Prévost, Goderville, l’un des principaux responsables de la défense du Vercors en tant que chef de la 3ème compagnie du 6ème BCA était installé dans une petite maison, seule et unique au milieu de la plaine d’Herbouilly, une cible facilement repérable également.

Les maquisards installés aux Pas, au sud est du massif, n’étaient que quelques dizaines, l’état-major ayant considéré que l’ennemi n’utiliserait pas ces axes de progression dans le Vercors faisant fi d’un adage datant de la première guerre qui considérait comme nul, un obstacle n’étant pas battu par le feu. (Comme la forêt des Ardennes en 1940). Ils durent affronter deux bataillons de gebirdjäger.

En 1944, seules huit routes, souvent étroites et en encorbellement permettaient d’accéder au cœur du Vercors. Mais le massif se trouvant en moyenne montagne, même les sentiers les plus escarpés étaient franchissables, comme l’on démontrait les forces allemandes. Vouloir défendre cet ensemble de routes, de chemins, de sentiers et de pas s’avéra une gageure.