19/06/2013
Sortie à la barraque des Feuilles, le C5
Petite ballade aujourd'hui en direction de la barraque des Feuilles sur la commune de Méaudre. Après un arrêt rafraichissant au "Trou qui souffle", une bonne adresse pour cette saison particulière et ses températures caniculaires, partons en direction de l'un des premiers refuge mis en place dans le Vercors pour certains jeunes hommes ayant choisi de se soustraire au STO. La barraque des feuilles se situe à 1H30 de marche en partant de Méaudre et se trouve à quelques centaines de metres de l'arrivée du premier télésiège de la station du village.
A la vue de ce panneau, on ne peut que se féliciter d'une telle initiative mais en même temps regretter qu'une proposition similaire n'ait pas été entreprise à Gève, lieu d'implantation du C3. En effet quelques explications (des extraits de l'ouvrage de Marc Serratrice par exemple), quelques photos permettraient de rendre hommage à ces hommes...
Et puis pour voir quelques photos d'une intervention, cliquez sur lien. (Classe de CM2 de Grenoble)
16:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vercors, méaudre, ffi, résistance, maquis du vercors, c2, c3, c5, c1, autrans, résistance autrans, vassieux en vercors, musée de la résistance, ww2, militaria, politique, guerre 39 45, wwii, 2gm, 2ww, fallschirmjäger, ftp, grenoble résistance, sto, dgss, bcra, de gaulle, pétain, vichy, france libre, résistance drôme, isère résistance, parachutage maquis
07/05/2013
Une brève analyse du dernier ouvrage consacré au Vercors.
Ouvrage : Peter Lieb, Vercors 1944 Resistance in the French Alps, Edition Osprey, 2012, 96 p
Avant de chercher à analyser l’œuvre de Peter Lieb et son apport éventuel à nos propres recherches, nous vous proposons tout d’abord un bref résumé de l’ouvrage.
I. Résumé de l’ouvrage de Peter Lieb
L’auteur, Peter Lieb, nous offre une description de la bataille de Vercors sous le prisme de ses propres recherches, à savoir les techniques de répression allemande sur les mouvements de résistance en Europe lors de la seconde guerre mondiale. Nous avons en effet affaire à un historien militaire enseignant notamment à la prestigieuse académie militaire britannique de Sandhurst. Il a donc par le passé déjà étudié les politiques de répression allemande notamment en URSS.
L’auteur traite peu de la formation du maquis du Vercors, des premiers camps à la genèse du plan Montagnard. Il nous propose au contraire une lecture toute militaire des opérations conduites dans le Vercors en juillet 1944 par les forces allemandes, croquis et cartes à l’appui. Par exemple, il décrit ainsi minutieusement la nomenclature des unités allemandes ayant participé au bouclage puis à l’attaque du maquis.
C’est donc avant tout un ouvrage militaire plutôt qu’une analyse politique ou sociologique du maquis du Vercors. Il nous propose notamment de suivre les principales étapes de la bataille du Vercors de l’attaque générale lancée le 21 juillet 1944 à la période de répression (fin juillet-début août) et nous livre un regard nouveau sur les principales unités employées et sur le commandement.
En effet, l’auteur a non seulement réalisé des recherches sur la composition de ces dernières et l’organigramme décisionnel allemand mais il s’est livré également à des recherches biographiques concernant les principaux responsables militaires qu’il s’agisse de Karl Pflaum, le chef de la 157ème division allemande de réserve (la principale unité engagée en juillet 1944 contre le Vercors) ou de ses subordonnées. En ayant en tête ses renseignements, on peut alors mieux comprendre les degrés différents de répression exercés dans le Vercors durant cet été dramatique, ce qui apporte des éléments nouveaux concernant notre zone d’étude. Mais nous y reviendrons dans une prochaine partie.
Le livre de Peter Lieb permet également de mettre en perspective le Vercors dans la politique de répression des maquis en France en cette année 1944. En effet, l’auteur nous présente également d’autres opérations menées par cette même division de réserve, dans le Jura ainsi qu’en Savoie à partir de mars 1944 employée qu’elle fut contre le maquis des Glières. Le livre se termine d’ailleurs par la présentation de la dernière opération d’envergure conduite dans le sud de la France en Tarentaise contre la résistance et cela en août 1944 alors que la libération du sud du territoire nationale n’est plus qu’une question de jours.
La présentation de cette dernière manœuvre permet également de comprendre le retrait progressif des troupes allemandes du plateau dès le début août 1944 alors que les opérations de ratissage conduites jusqu’alors n’avait pas permis de détruire totalement les unités de maquisards disséminées sur ce territoire.
L’intérêt du livre de Peter Lieb réside également dans la confirmation d’informations sujettes jusqu’alors à caution, tant en raison de leur véracité que du manque de sources cités par certains auteurs pour étayer leur propos. Nous y reviendrons également dans la partie consacrée aux apports de l’auteur dans l’historiographie du Vercors.
Nous pouvons citer à titre d’exemple le cas du chef du SD-SIPO pour la région Rhône-Alpes, le lieutenant-colonel Werner Knab, le chef de Klaus Barbie, qui fut bien présent dans le Vercors et cela dès les premières heures de l’opération Bettina, le 21 juillet 1944. Là aussi nous y reviendrons dans la partie consacrés aux apports de l’ouvrage sur le Vercors.
Après cette brève présentation de l’ouvrage de Peter Lieb, nous allons désormais nous consacrer dans une seconde partie à analyser le travail de recherches de l’auteur.
II. Une analyse du travail de recherche de Peter Lieb
Peter Lieb s’attache avant tout à présenter de manière minutieuse les unités allemandes (Compagnie, Bataillon, Régiment), leurs origines (Gebirjagers, Fallschirmjager, unité spéciale de la Luftwaffe, troupes de supplétifs, unités de police, unités de soutien, escadrille de combat) et leur rôle dans l’attaque du massif du Vercors ou dans la phase de répression. Par le passé, nous avons déjà lu de nombreuses publications à caractère militaire notamment les ouvrages aux éditions Heimdal. Cette présentation scientifique et très précise demande un vrai travail de mémoire pour assimiler une présentation toute militaire des opérations.
Nous avions déjà pu trouver une liste de ces unités dans d’autres ouvrages, mais cette fois ci, l’auteur ne réduit pas son travail à une simple énumération des forces engagées. Il met en perspective ces dernières avec les opérations conduites dans le Vercors et cela de manière fort précise.
Il nous livre également des éléments biographiques concernant les principaux décideurs, tant du côté allemand, qu’un sein de l’état-major du Vercors et nous donne également des détails sur les terrains d’opérations antérieurs sur lesquels ont été engagées certaines unités de la Wehrmacht.
Ainsi, ce travail de recherche nous permet d’opérer une différence entre les unités de l’armée régulière, impliquée notamment en France dans la traque des maquis du sud est du territoire et d’autres unités, employées notamment sur le front de l’est pour anéantir les groupes de partisans.
Il nous apporte également un regard sur la division des responsabilités au sein des services allemands, notamment en termes de répression. L’armée allemande était loin d’être un bloc monolithique faite d’unités régulières. Elle devait également compter sur les services de sécurité du Reich, notamment le service SIPO-SD (Police de sécurité et Service de sécurité et de renseignement) Ainsi, le livre de Lieb confirme la présence d’officiers de renseignement au sein même des unités opérant dans le Vercors.
Selon l’auteur, théoriquement les troupes régulières impliquées avaient la responsabilité des questions purement militaires, la Sipo/ SD était responsable des affaires de police, autrement dit de la prise en charge et de l’exécution des prisonniers, des suspects et des civils aussi bien que de l’exercice d’autres représailles comme la destruction des maisons. Ainsi, un membre de la Sipo/SD accompagnait toujours chaque compagnie ou même chaque section de la Wehrmacht pendant les opérations. C’était lui qui exerçait les responsabilités concernant toute forme de représailles. (J’ai élargi mes recherches et ainsi étudié une intervention de l’auteur devant la Fondation de la Résistance, en 2007)
En somme, la répartition imprécise des compétences entre Wehrmacht et Sipo/SD ainsi que l’absence absolue de l’une ou l’autre de ces organisations dans certaines actions contre les maquis posent souvent un grand problème pour l’historien : il est souvent difficile d’identifier les responsables des massacres de population civile pendant l’été 1944. C’est le cas pour la grotte de la Luire, ou des maquisards blessés ont été achevés par la soldatesque allemande sans que la responsabilité de l’ordre d’un tel massacre ne soit encore connue. Responsabilité d’un officier du SIPO SD ou ordre du commandant des opérations, le colonel Schwehr pour le secteur de ratissage, dont la grotte de la Luire fait partie ?
L’auteur se livre également à une analyse du passé, du comportement et des motivations des principaux décideurs allemands sur le terrain : Bien des officiers de la police allemande en France avaient organisé des exécutions en masse des juifs en Russie dans les années précédentes et l’expérience de l’Est semble avoir joué un rôle considérable dans le comportement de certaines unités dans le Vercors.
III) Apports et les limites du travail de Peter Lieb.
Outre les apports tant sur l’aspect militaire que factuels, l’ouvrage de Peter Lieb confirme, mais sans citer ses sources, différentes informations que nous prenions jusqu’alors avec précautions si ce n’est scepticisme.
Ainsi, nous avions lu dans différents ouvrages, dont celui de l’ancien directeur du musée de la Résistance de Vassieux en Vercors, Bernard Colliat, que Werner Knab, le chef du SIPO-SD pour la région Rhône-Alpes avait participé à l’opération contre le maquis du Vercors, en étant même présent dans l’un des planeurs ayant atterri à Vassieux lors de la première vague d’assaut, le 21 juillet 1944.
La présence du plus responsable de cet organisme chargé de la répression et de la sécurité des troupes d’occupation dans cette partie du territoire nationale nous avez laissé dubitatif. Or Peter Lieb nous propose de nouveaux éléments pour justifier une telle présence.
En effet, Werner Knab voulait prouver (et se prouver ?) aux autres officiers de l’armée régulière qu’il n’était pas simplement un bureaucrate, un fonctionnaire zélé pour mener à bien par l’intermédiaire de tiers, la politique de répression contre les maquis et leurs soutiens dans la population civile, mais qu’il pouvait lui-même s’investir directement.
Knab a donc bien participé à l’opération, étant même blessé lors de l’opération. Evacué dans un avion affrété à cet effet de la plaine de Vassieux, sans doute le 24 juillet 1944, il reviendra poursuivre la politique de répression contre le maquis à la fin du mois.
A) Limites des travaux de Peter Lieb
La principale limite de l’auteur, c’est bien entendu l’affirmation de faits sans faire référence à la moindre source.
1. Le Vercors d’avant juin 1944.
L’auteur ne s’intéresse qu’à la partie dite proprement militaire du Vercors et aux opérations conduites dans le massif en juillet 1944. Ainsi , il n’aborde pas les grandes étapes de la genèse du Vercors, des premières initiatives du groupement Franc-Tireur dès 1942 au drame du plan montagnard en passant par l’établissement des premiers camps en 1943, conséquence de l’instauration en France du STO.
Il divise ainsi son travail de recherche en trois chapitres, présentant les chefs militaires, leurs plans respectifs et leurs moyens, le plus long étant consacré aux opérations militaires proprement dites et aux principales étapes de la conquête allemande du massif.
2. Les limites de son travail de recherches.
L’auteur, lui-même, assume ces limites. En effet, certaines unités (et leur commandement) notamment au sein des OST Bataillon, ne sont à ce jour toujours pas identifiés (p 48) Certaines de leurs opérations doivent aussi être présentées au conditionnel. De plus, comme nous l’avions souligné, la séparation des champs d’attribution entre Wehrmacht et SIPO-SD n’étant pas toujours évident, les auteurs de certains ordres ayant entraîné des crimes de guerre ne sont pas connus. (p 69)
Concernant le nombre de décès occasionnés par l’attaque allemande, l’auteur se réfère aux chiffres publiés dans la plupart des ouvrages récents consacrés au massif du Vercors (639 maquisards et 201 civils, p 71) Peter Lieb affirme qu’un travail de comptage des victimes aux abords du Vercors devrait également être entrepris pour donner une estimation plus juste des combats de l’été 1944. Ce que ni lui ni personne d’autre n’a entrepris. (Nous pouvons aller plus loin et élargir à l’ensemble des victimes : déportés, déportés du travail, blessés, victimes civiles, femmes violées…)
3. Des simples coquilles aux erreurs de l’auteur.
1. L’auteur présente ainsi (p 15) le lieutenant-colonel Huet comme le successeur d’Alain Le Ray (démissionnaire de son poste de chef militaire du Vercors en janvier 1944 pour un désaccord avec Marcel Descours, le chef d’état-major de la région R1 dont le Vercors fait partie intégrante) En réalité, il y eut une période intermédiaire, entre janvier et juin 1944 ou le commandement militaire du Vercors fut scindé en deux (Jay et la Thivollet) avant d’être de nouveau placé sous la houlette d’un seul homme, François Huet…à la veille du débarquement en Normandie.
L’auteur fait donc l’impasse sur un aspect qui demanderait à être étudié de manière plus pertinente, tant le fait que le nouveau chef du Vercors ne soit pas issu des anciens du maquis (Connaissance du terrain, des hommes, des limites du plan montagnard….) que sur le rôle conséquent qu'il a pu jouer dans certaines décisions prises en juin et juillet 1944.
2. Evoquant la tragédie de la grotte de la Luire, l’auteur évoque le sort du seul médecin ayant survécu à cette tragédie, à savoir le docteur Ganimède. Peter Lieb affirme ainsi que ce dernier a été épargné, tout comme le seul blessé étranger de la grotte, le lieutenant américain Myers. Or si Ganimède a été « épargné », cela n’est pas dû à un acte de mansuétude de la part des allemands mais parce que le médecin a réussi à s’évader. Toujours concernant la grotte de la Luire, l’auteur indique que cette dernière a été découverte le 28 juillet (p 69), or cette dernière a été découverte la veille. Il chiffre également à 20 le nombre de victimes, achevés par les troupes allemandes or le nombre de victimes s’élèvent à 27.
3. A propos de la manœuvre allemande consistant pour les troupes déployées dans le nord du Vercors à opérer une jonction avec les éléments aéroportés dans la plaine de Vassieux, l’auteur justifie le choix du haut commandement allemand d’emprunter la route reliant Villard de Lans à Saint Martin en Vercors, cette dernière passant à proximité du hameau de Valchevrière, par le fait que la seconde et dernière route de communication entre les deux parties du Vercors a été piégée et que les ponts ont sauté. Le principal pont, celui de la Goule Noire sur cette route sera effectivement détruit mais le 23 juillet et non auparavant. (Il est vrai que cette route ne se prêtait pas à la manœuvre pour des troupes habituées à fixer l’ennemi avant de le neutraliser par une manœuvre de débordement sur les flancs).
4. Lors du parachutage massif d’armes à Vassieux en Vercors, le 14 juillet 1944, l’auteur se réfère à une donnée erronée (p 37) en affirmant que 72 forteresses volantes américaines ont participé à l’opération. En fait, il n’en y eu que 36…Revenant à Vassieux, en avril 1944 : Lors d’une opération de la milice, trois maquisards sont fusillés et non deux (p 35)….
5. Peter Lieb date au 5 août le retrait des gebirdjäger allemands du plateau du Vercors (p 70). Ce n’est pas faux en soit mais cet apport laisse supposer que c’est l’ensemble des forces allemandes qui ont quitté le massif à cette date. Or les troupes de la Wehrmacht continue de patrouiller dans le nord Vercors notamment, étant la cible de maquisards dans ma zone d’étude et cela entre le 9 et le 18 août 1944. La dernière victime connue étant Francisque Trouillet, d’Autrans, tué par une patrouille le 14 août 1944.
B) Des informations intéressantes.
Le travail de Peter Lieb nous offre également une partie consacrée aux devenirs des principales figures du Vercors, tant du côté allemand qu’au sein des anciens responsables du maquis.
Ainsi, l’immense majorité des chefs de la Résistance du Vercors ont fini leur carrière comme général (armée ou corps d’armée) qu’il s’agisse de Beauregard, Huet ,Descours ou Zeller, tandis qu’une figure, décriée par d'anciens maquisards pour son comportement et ses frasques, Geyer/La Thivollet n’a fini « que » lieutenant-colonel….
Du côté allemand, le chef militaire pour le sud de la France, le général Niehoff, succomba rapidement après sa capture par l’armée rouge. Le lieutenant Schäfer, chef du commando K200 ayant été aéroporté à Vassieux le 21 juillet 1944, fut décoré pour cette opération de la médaille de chevalier de la croix de fer, la plus haute décoration allemande du IIIème Reich. Il fut le seul à recevoir cette distinction pour une opération menée contre les partisans…Il devient par la suite un simple représentant de commerce.
Le colonel Knab, chef de la SIPO-SD pour la région Rhône-Alpes est présumé avoir été tué en février 1945 dans un bombardement allié en Allemagne.
L’ouvrage nous révèle également la destinée de deux officiers alliés parachutés dans le Vercors, le major Long et le capitaine Houseman. Ayant réussi à sortir du Vercors, ils parvinrent à gagner la Suisse ou ils furent internés. Quelques semaines plus tard, ils regagnent l’Angleterre où ils durent faire face à des accusations de lâcheté avant d’être acquittés et décorés.
III. Une approche de l'historiographie
Comme nous l’avons déjà signalé, la bibliographie de l’auteur est assez succincte. Seuls douze ouvrages sont en effet cités, ce qui tranche avec les bibliographies actuelles, présentes dans les ouvrages récemment consacrés au massif du Vercors lors de la seconde guerre mondiale. Moi-même pour mon mémoire de recherches, j’ai puisé dans une cinquantaine de publications alors que je m’intéresse qu’à une zone limitée du massif et non à sa globalité.
Historien militaire, Peter Lieb se réfère ainsi aux travaux de Gilles Vergnon, sans doute le chercheur référent actuel pour la massif du Vercors ainsi qu’à Paul Dreyfus, dont l’ouvrage Vercors, Citadelle de la Liberté constitue toujours lui aussi une base pour comprendre la genèse du maquis puis les conséquences de l’attaque allemande de juillet 1944.
Mais Peter Lieb est un spécialiste des opérations anti-partisans menées par les troupes allemandes ou leurs supplétifs en France. Il est d’ailleurs l’auteur d’un ouvrage consacré à ce sujet Konventioneller Krieg oder NS-Weltanschauungskrieg ? Kriegführung und Partisanenbekampfung in Frankreich 1943/44, Oldenbourg Verlag : Munich 2007 Guerre conventionnelle ou guerre idéologique ? Conduite de guerre et lutte contre les partisans en France 1943/44], Oldenbourg, Munich, 2007, non traduit en français pour l’instant.
Dans l’ouvrage étudié, Peter Lieb porte donc crédit à des ouvrages, référencés dans sa bibliographie mais sans citer ses sources, ce qui est dommageable. C’est notamment le cas pour la découverte de la Grotte de la Luire, les soldats allemands ayant été renseignés par un enfant du pays selon lui. Il porte ainsi foi aux informations et notamment au témoignage de l’un des rares rescapés de l’hôpital provisoire du maquis, à savoir le docteur Ganimède, mais sans même le citer.
Peter Lieb se réfère également aux archives militaires mais en nommant que les sites et non les documents étudiés. Ainsi, il a pu avoir accès aux archives militaires allemandes (Bundesarchiv-Militärachiv à Fribourg), aux archives conservées au bureau historique de la Défense à Vincennes, aux archives nationales à Paris (Peter Lieb révèle avoir eu accès à des mémoires d’anciens maquisards du Vercors dont les œuvres n’ont pas été publiées), aux archives départementales de l’Isère, de la Drôme et de Savoie. Certaines photos publiées dans l’ouvrage proviennent des archives du musée de la Résistance de Vassieux en Vercors.
IV. Intérêt de l'ouvrage pour mes propres recherches
1. Le cas du colonel Seeger.
Cet ouvrage m’a donc permis d’avoir un éclairage nouveau sur les unités allemandes impliquées dans l’attaque du massif du Vercors tout en mettant en relief, grâce à des données biographiques, les principaux responsables militaires allemands.
Dans ma zone d’étude, les maquisards, notamment regroupés au sein de la première compagnie du 6ème BCA, reconstitué le 13 juillet 1944, sur ordre du lieutenant-colonel Huet, chef militaire du Vercors, firent face à des chasseurs alpins (Gebirdjäger) commandés par le colonel Seeger. Ce dernier revient juste d’Allemagne ou il a dû être hospitalisé pendant une durée non précisée. Il n’a jamais commandé d’opération anti-partisans contrairement à d’autres chefs d’unités, ayant notamment opérés en URSS ou dans les Balkans. Il n’a pas opéré non plus en France contrairement à son homologue, le colonel Schwehr qui lui mène la principale attaque à l’est du massif. Or, le but de l’auteur dans ce livre mais également dans une autre étude présenté à la Fondation de la Résistance en 2007 est de démontrer que certains facteurs (Idéologie, appartenance à une élite militaire, campagne de Russie, expérience de la lutte contre les partisans) peuvent aggraver la répression exercée tant contre les résistants que contre la population civile.
Le colonel Seeger est de plus commandant du 7ème régiment d’artillerie de réserve (157ème division) dont certaines unités participent à l’attaque du Vercors au cours de l’opération Bettina et n’est donc pas issu d’une unité d’infanterie.
Le fait que le chef militaire ayant en charge la conquête, puis le ratissage de la zone d’étude, ait peu d’expérience de ce type d’opération, et qu’il n’est pas l’un des quatre marqueurs expliquent sans doute en partie que la zone des quatre montagnes dont le val Autrans Méaudre fait partie intégrante, n’ait pas subi les mêmes répressions que dans la partie drômoise du plateau.
A titre de comparaison, nous pouvons prendre l’exemple du commando aéroporté, le KG 200 du lieutenant Schäfer. Membre d’une unité d’élite, ce commando a en outre a été employé par le passé dans des opérations de lutte contre les partisans.
Il est manifeste que la politique de répression exercée dans le Vercors n’a pas été la même selon les zones géographiques. Outre les combats (menés principalement dans la partie drômoise du massif, la plus affectée par la répression), il n’est pas impossible d’envisager que le val Autrans Méaudre tout comme son homologue villardien a été moins touché car le chef militaire du secteur n’a pas employé les mêmes méthodes que certains de ses homologues.
Si l’on dresse une liste des crimes commis dans ma zone d’étude (assassinats de maquisards faits prisonniers, destruction d’habitations au hameau des Eymards sur la commune de Lans en Vercors, arrestations et déportations en Allemagne de plusieurs dizaines de jeunes, non des camps mais affectés à des travaux), elle semble bien moins importante, même si il est toujours difficile de se prêter à la comparaison, face aux tragédies et souffrances qu’a connues le sud du Vercors (Vassieux, la Chapelle en Vercors)
2. Certaines critiques partagées.
L’auteur souligne les erreurs ayant conduit à la tragédie du Vercors. Tout d’abord, la, mobilisation décrétée dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, deux jours après le débarquement en Normandie, opération toujours indécise et plus de deux mois avant celui de Provence.
Malgré les nombreux parachutages d’armes, les maquisards du Vercors, dont l’effectif passe de 350 à près de 4000 en juin 1944 sont équipés d’armes légères, plus propices à des actions de guérilla qu’à des manœuvres militaires plus classiques.
Faisant intervenir, via ses écrits, Etienne Poitou, dit Stéphane, chef d’une compagnie de résistants réputée pour ses opérations et sa capacité de déplacement, l’auteur critique le statisme des résistants du Vercors et leurs contacts avec les populations civiles, les exposant ainsi à de terribles représailles de l’ennemi.
3. La précision des chiffres.
La plupart des chiffres se réfèrent aux pertes humaines subies tant du côté des maquisards du Vercors qu’au sein des unités allemandes. Ainsi à titre d’exemple, les combats de Saint-Nizier le 15 juin, firent 6 morts et 15 blessés dans les rangs de la Wehrmacht et 24 morts chez les résistants. Cette précision tranche avec certaines données fournies par d’anciens du maquis. Ainsi Paul Brisac, chef d’une compagnie ayant participé à la bataille de Saint-Nizier affirmait que 300 allemands avaient été mis hors de combat lors de cette dernière (CF, Le Vercors raconté par ceux qui l’ont vécu)
Bruno Rey, mai 2013
15:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vercors, vercors résistance, maquis du vercors, peter lieb, isère, drôme, autrans résistance, guerre 39 45, ww2, militaire, militaria, allemand, débarquement, de gaulle libération, ftp, franc tireur, chavant, musée de la résistance, vassieux en vercors, guerre mondiale, wwii, 2 gm, wh, all, krieg
05/05/2013
Quelques trouvailles;
Avant d'écrire prochainement un article sur l'une des dernières publications consacrée au Vercors (L'ouvrage de Peter Lieb) je profite d'un peu de temps libre pour vous présenter les derniers objets en lien avec la seconde guerre mondiale que j'ai pu acquérir ces derniers jours.
Tout d'abord cette étrange caisse à munitions. Au premier abord, il me semblait qu'il s'agissait d'une caisse militaire française. Mais les inscriptions effacées avec le temps m'ont un peu interpelé avant que l'ouvre....
Chinée sur le marché aux puces de Marseillan dans l'Hérault, elle proviendrait du département voisin de l'Aube.
Ci dessous quelques journaux dont beaucoup en très bon état avec des titres éloquants. Deux présentent l'armistice du 25 juin 1940, un autre date du premier jour des hostilités, le 10 mai et enfin un dernier titre sur l'exécution de Pierre Laval. De véritables mines d'informations concernant cette époque.
Enfin voici une cartouchière française pour MAS 35-37. Elle est en parfait état et ne semble pas avoir été utilisée. (L'ouvrage de Peter Lieb nous présente en couverture un groupe de maquisards équipés avec cette cartouchière)
En tout cas, si vous possèdez dans vos placards, greniers, garages, caves...des objets de l'époque, en bon état ou à l'article de la mort, n'hésitez pas à prendre contact avec moi.
19:50 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vercors, vercors résistance, maquis du vercors, peter lieb, isère, drôme, autrans résistance, guerre 39 45, ww2, militaire, militaria, allemand, débarquement, de gaulle libération, ftp, franc tireur, chavant, musée de la résistance, vassieux en vercors, guerre mondiale, wwii, 2 gm, wh, all, krieg
04/10/2011
Quelques heures de fouille dans le Vercors...
Un fouilleur amateur comme moi, c'est comme un cueilleur de champignons : On aime bien montrer nos trouvailles, s'en vanter un poil tout en les présentant comme inestimables sans pour autant décliner le nom du site où elles ont été découvertes....
Voici quelques photos prises montrant le résultat de mes recherches, objets de fouilles sortis à la truelle et au tamis et non avec le nouveau joujou dénommé ace garett 250 acheté cet été :
Quelques balles de 9mm ci dessus, en parfait état. D'autres, seront retrouvées complètement rouillées.
Douilles des balles présentées ci dessus.
Reconstitution, à gauche, des balles originelles et remontées par mes soins.
J'ai pu également extraire du terrain des douilles de fusil allemand type Mauser K98 et des balles de cette même arme.
Balle explosée de Mauser allemand
Ensemble de pièces trouvées sur le site. Outre les balles, de nombreux objets métalliques ont été retrouvés : pièces de monnaie, boutons de tuniques et d'autres à déterminer
14:35 Publié dans Blog, Histoire | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : maquis, maquisard, ffi, ftp, mln, résistance, drôme, vercors, isère, autrans, méaudre, ww2, wwii, 39 45, guerre mondiale, parachutages, armes, fouilles, balles, guerre, sten, mauser, allemand, 9 mm, histoire, actu, actualités, actualité, blog, de gaulle, france libre, hitler, ss, enfield, sten mk ii
20/07/2011
Dossier de présentation de l’exposition consacrée à la Résistance dans le Vercors proposée par Bruno Rey, animateur Nature et Patrimoine à Autrans, mai 2011
Je tiens à remercier Albert Fié, ancien résistant pour sa lettre et ses encouragements, le personnel du centre Montagne et Musique à Autrans dans le lequel j’ai exercé comme animateur nature pendant deux ans, ainsi que Manu qui avec gentillesse a pu me trouver des livres inestimables pour mener à bien mon travail.
Sommaire.
Introduction.
I) Le matériel à ma disposition.
A)La salle d’exposition.
B)Les documents.
a) Les revues et journaux.
b) Les vieux papiers.
c) Les affiches et cartes.
d) Les livres.
C) Les objets d’époque.
a) Les objets de la vie civile
b) Les objets militaires
II) L’exposition.
A) Recueil des connaissances du public.
B) Présentation générale de la seconde guerre mondiale.
C)La résistance, des débuts à la Libération.
D) La tragédie du Vercors.
III) L’espace d’échanges.
A) Résistance, Résister, hier et demain.
B) Apprendre autrement.
IV) Découverte de lieux historiques sur la commune.
Annexes :
1) Mon C.V.
2) Les Lettres d’enseignants.
3) L'articulation de mon animation
4) Listing du matériel d’époque.
Introduction
Depuis plusieurs années déjà, selon les sollicitations, j’évoque simplement ou mène de véritables interventions sur la Résistance dans notre région. Celles-ci ont pour cadre les différents centres du Parc du Vercors accueillants des classes vertes transplantées dans lesquelles j’ai travaillé depuis que je suis animateur nature.
Le public rencontré jusqu’à présent, se compose essentiellement de classes de cycle 3 et presque exclusivement de CM2, l’étude de la Seconde Guerre Mondiale étant dans leur programme d’Histoire.
Depuis cette année, j'y consacre une, voire plusieurs séances d’animation pour présenter d’abord la guerre 39-45, la Résistance en France sous l’occupation afin de mieux situer le chapitre dévolu au Vercors.
Perpétuer le souvenir des milliers d'hommes qui s'y sont battus, et qui par centaines y ont laissé la vie en juillet 1944, constitue un devoir, je crois. Les derniers témoins du drame disparaissent et il faut que nous ne cessions d’alimenter la flamme de notre mémoire. L’actualité nous démontre chaque jour à quel point l’oubli peut être parfois meurtrier, du moins préjudiciable à l’Humanité.
C’est donc à l’aide de différents éléments qui me servent de support pour mon intervention (cartes, documents d’époque, objets de la vie courante…), que je suis à même de plonger le public dans l’une des pages les plus sombres mais également des plus glorieuses de notre histoire.
Je m’attache donc dans la présentation qui suit à énumérer tout d’abord les objets qui me servent de support, puis à exposer le déroulement de mon intervention et enfin à insister sur les échanges suscités lors de cette intervention et des possibles aménagements ou prolongements.
I) Le matériel à ma disposition.
Pour mettre le public dans le contexte de l’époque, j’appuie mon animation sur un ensemble de documents d’époque afin de mieux le plonger dans cette période de notre histoire nationale. Tous ces objets ont été acquis par mes soins et sur mes fonds personnels au cours des années passées. Ils sont multiples et touchent à l’ensemble des points abordés lors des séances.
Ainsi du matériel agricole est présent pour évoquer la vie paysanne dans le Vercors d’autrefois tout comme de nombreux objets de la vie courante qui sont autant de sources de curiosité et de questionnement. Enfin des effets militaires glanés aux fils des années sont disposés dans la salle ainsi que de nombreux documents d’époque.
A) La salle d’exposition.
La salle d’exposition se situe dans les combles du centre Montagne et Musique à Autrans, centre dans lequel je travaille au moment où j’élabore ce dossier de présentation. L’exposition ne peut être que temporaire, la salle servant à de multiples usages tout au long de l’année. Il me faut donc compter près d’une heure de mise en place, sans compter le rangement, pour chaque séance. De plus, le nombre d’objets ou de cadres à placer n’a cessé de s’accroître ces derniers mois grâce à de nouvelles acquisitions ou à des dons.
B) Les objets à disposition.
Je mets en annexe la liste non exhaustive des objets que je possède pour animer ma séance. Ils sont multiples, tant dans leurs origines, civiles ou militaires que dans les opinions qu’ils véhiculent notamment en ce qui concerne les documents, livres et journaux.
a) Les revues et journaux d’époque.
Je dispose ainsi d’une soixantaine de numéros de France Libre des années 1944 et 1945 ainsi que le premier numéro du Parisien Libéré en date du 22 août 1944. Ils font partis d’un ensemble estimé à plus de 300 pièces collectées par mes soins et dont une liste partielle est établie dans l’Annexe du présent document (Plusieurs revues allemandes de propagande Signal, une grande partie des Illustration ayant trait à cette époque, diverses revues comme Match, des années 1939 et 1940…)
b) Les vieux papiers.
Mon intervention nécessite également la collecte et la mise en valeur de papiers d’époque dont voilà quelques exemples : Des tickets de rationnement, des papiers de l’Etat français estampillés comme tels et qui jurent ainsi avec ceux issus de la défunte République, de nombreuses brochures de propagande de l’Etat français, de vieilles cartes postales (Les Barraques en Vercors,Le Pont de la Goule noire)….
(Les tickets de rationnement qui ne disparaîtront pas à la fin de la guerre mais perduront pour certains jusqu'en 1949)
D’autres documents illustrent également l’exposition : Billets de banque, pièces de monnaie avec Marianne ou Francisque, timbres à l’effigie du maréchal Pétain ou d’Hitler, dizaines photos d’origine civile ou militaire, en grande majorité allemande montrant des soldats de la Werhmacht dans leur vie quotidienne, à l’entraînement ou sur les différents théâtres d’opérations militaires.
(Les allemands à Paris, photos symboliques de la victoire de juin 1940)
(Le général de Gaulle en visite au Etats-Unis)
c) Les affiches et cartes.
Sur les murs de la salle, j’utilise des reproductions d’affiches de l’époque. (issues de la série Journaux de guerre, et du coffret La Résistance d’Alain Guérin). Il s’agit de parfaits exemples de propagande, tant alliés que nazis et qui plongent le public parfois dans ce qu’il y a de plus de vil chez l’homme.
J’expose également une vieille affiche placardée dans la ville de Romans par les allemands le 25 juin 1940, jour de la rentrée en vigueur de l’armistice et qui dresse un liste d’interdits et des vexations imposées à la population civile. J’ai également recours à différentes sources cartographiques que je présente en annexe.
(Le monde en 1940, affiche d'époque éditée par le journal le Matin)
J’ai également crée des affiches avec des photos issues des Dossiers de la Résistance dont voici les principaux thèmes.
- La Résistance.
- La Collaboration.
- Charles de Gaulle.
- Le Vercors.
- La Libération.
- Quatre années d’occupation.
d) Les livres que je laisse à disposition.
Qu’ils soient d’époque ou non, l’exposition mets à disposition du public des dizaines d’ouvrages sur la seconde guerre mondiale. Une trentaine concernent l’histoire du Vercors (Citons Paul Dreyfus, Joseph La Picirella parmi les auteurs livres en question), d’autres ont trait à la guerre en général où à la Résistance en particulier. De nombreux livres pour enfants sont à leur disposition à la fin de l’intervention et peuvent donc être empruntés tout au long de leur séjour. Cela explique en partie pourquoi j’essaye de mettre en place ma ou mes séances en début de semaine afin de laisser du temps, à ceux qui le souhaitent, pour apprendre et approfondir par eux-mêmes leurs connaissances.
C) Le matériel d’époque.
L’époque abordée, c’est également tous un ensemble d’objets, militaires ou civils, qui entraînent le public dans un passé pas si lointain que cela. Une approche ludique est parfois envisagée avec un jeu de comparaison entre les objets de la vie courante d’aujourd’hui et ceux de nos grands-parents afin de deviner la fonction et le mode d’utilisation de certains.
a) Les objets de la vie civile.
J’expose et donne la possibilité de manipule à tous un ensemble d’objets d’époque dont des appareils photos, des machines à écrire, des téléphones, des moulins à café, des postes TSF...
b) Les objets militaires.
Pour l’exposition, j’ai pu récupérer au fil du temps tout un nombre d’objets, lui aussi servant de support à l’animation et pouvant être manipulé par le public. Ainsi sont présentés des casques (allemand, français…), des vêtements militaires, des masques à gaz, des ustensiles (gourdes…), des malles, des jerrycans, des pièces de fouille (douilles de fusils, queue de roquette de bazooka…) caisse de munitions…
II) L’intervention.
Avant de commencer à raconter l'Histoire du Vercors lors de la seconde guerre mondiale, une présentation des grandes phases de cette dernière s’avère nécessaire pour mieux situer et replacer les évènements dans le temps. Il arrive souvent que cette période n’est pas encore été étudiée en classe. La durée de l’intervention peut donc fluctuer en fonction des attentes des enseignants et du temps imparti dans le planning de la semaine, déjà chargé, pour mettre en place de telles séances. L’idéal pour moi, se sont deux séances de 50 minutes, l’une axée sur la Seconde Guerre Mondiale et la Résistance en France de manière générale, la seconde recentrant le public sur la Résistance dans notre région et sur le Vercors en particulier. Sans oublier que de nombreuses questions méritent d’être posées et que des débats portant notamment sur le devoir de mémoire par exemple ou sur l’engagement aujourd’hui peuvent s’ouvrir.
A) Un recueil de connaissances.
Quelles sont les connaissances des enfants sur la guerre 39-45 ? Des parents proches ont-ils connus cette période ? Ont-ils des dates qui leur viennent à l’esprit, des noms quand on leur évoque cette période? Sont-ils déjà allés sur des sites historiques consacrés à la Résistance par exemple? Ont-ils vu des films, lu des histoires traitant du sujet… ? Ont-ils déjà abordé le thème en classe ?
Cet échange permet de faire une première évaluation du niveau du public. Il permet d’ajuster le contenu de l’intervention et de rentrer ainsi plus ou moins dans certains détails. La majorité du public étant composée d’enfants de cycle 3, CM1 et CM2, le degré de maturité est très variable bien entendu.
Après cette première approche, l’animation peut également se poursuivre par l’intermédiaire d’un jeu qui permet de familiariser les enfants avec les objets de l’époque. Il consiste à placer dans l’exposition des objets de la vie courante d’aujourd’hui aux côtés de ceux utilisés autrefois, ce qui est loin d’être toujours évident.
B) Présentation générale de la seconde guerre mondiale.
Voici ci-dessous les principaux axes abordés au cours de cette phase de l’exposition.
- Les camps en présence et les principaux protagonistes.
- Les alliances nouées.
- Les enjeux du conflit.
- La chronologie des évènements (Les principales étapes du conflit)
- La vie quotidienne des gens pendant la guerre.
- Les camps de la mort.
A l'aide d'une carte de 1940 "interactive", les enfants peuvent suivre les grandes étapes de la guerre, de l'Anchluss en 1938 à la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945. Des petits drapeaux servent à matérialiser les mouvements et les différentes phases du conflit. Ces derniers constituent un formidable moyen de visualiser l’extension allemande, l’arrivé de nouveaux acteurs en Europe…
Voici les principales étapes abordées :
- La prise du pouvoir par Hitler en 1933.
- L’annexion de l’Autriche en 1938.
- Les accords de Munich et le démembrement de la République tchèque.
- L invasion de la Pologne en 1939.
- La drôle de guerre.
- L’invasion du Danemark et de la Norvège et la bataille du fer.
- L’invasion de la France et l’armistice.
- La Bataille d’Angleterre.
- La déroute italienne en Grèce et l’invasion de la Yougoslavie et de la Grèce.
- L’opération Barbarossa, l’invasion de l’URSS et l’arrêt devant des allemands aux portes de Moscou.
- Le débarquement américain en Afrique du Nord.
- Le débarquement anglo-américain en Italie et la défaite allemande de Stalingrad.
- Le débarquement des alliés en Normandie et la libération de la France.
- La chute du IIIème Reich, la mort d’Hitler et la fin de la guerre en Europe.
Les théâtres d’opération en Afrique ne sont pas abordés de même que ceux du Pacifique. Juste l’alliance nippo-germanique est abordé pour expliquer l’entrer en guerre des Etats-Unis contre l’Allemagne.
C) La Résistance, des prémices à la libération.
Cette partie de l’exposition s’attache à présenter la Résistance lors de la seconde guerre mondiale dans ses grandes lignes. Elle commence par une série de questions que je pose aux enfants :
· Qu’est que la résistance ? Que veut dire résister ? Comment résister et lutter contre l’oppression ? Avec quels moyens ?
· Quels sont les sentiments du peuple français à cette époque ? Quels sont les principales préoccupations de la population ? Evoluent-ils en fonction des évènements internationaux, de l’évolution du conflit?
Elle se poursuit par une présentation des principaux acteurs de ce chapitre (Le général de Gaulle, Jean Moulin…), des premiers réseaux (missions et besoins…) et des premières actions entreprises.
Mais la résistance s’inscrit dans un contexte, celui de l’occupation d’abord partielle puis totale de notre territoire et du régime de Vichy. Comment évoquer la résistance sans s’attarder un peu sur l’Etat français et sa politique de collaboration. Comment parler de ce chapitre et de la montée en puissance des maquis sans évoquer la mise en place du STO, les revers subis par l’armée allemande et le retour de l’espoir sur le continent avec notamment l’entrée en guerre des Etats-Unis. (Se référer au tableau de présentation mis en annexe)
D) La tragédie du Vercors
Nous rentrons désormais au cœur du but premier de l’intervention. Il s’agit ici de présenter globalement et de manière sommaire un sujet sur lequel on pourrait discourir pendant de longues heures. Il s’agit donc de simplifier les faits tout en inscrivant le Vercors dans un contexte, celui de la Seconde Guerre Mondiale et de l’un de ses chapitres, la Résistance.
Pour commencer une présentation du Vercors d’un point de vu topographique s’impose afin de comprendre le rôle qui lui avait été dévolu dans la bataille pour la libération de la France. Ce travail s’effectue avec une carte en relief du massif.
a) Le contexte.
Après l’invasion de l’URSS en 1941 et l’instauration du S.T.O qui en découle directement deux ans plus tard, le massif du Vercors va se transformer en refuge pour ceux que l’on va qualifier tout d’abord de réfractaires. Nous abordons grâce à une carte en relief du Vercors les atouts que représente le massif pour des personnes désirant se cacher et se soustraire tant aux allemands qu’aux autorités complices de Vichy. Nous ne rentrons par contre pas dans les détails concernant les débuts de la résistance en Isère et dans le Vercors. Cela risquerait de noyer le public sous trop d’informations. Nous présentons ainsi les premiers « maquisards » et les motifs qui les ont poussés à se mettre « hors la loi » vis-à-vis de Vichy et des troupes d’occupation.
b) Les premiers besoins.
Avant de devenir des résistants luttant les armes à la main contre les allemands et leurs valets, les hommes venus au Vercors recherchent avant tout des choses élémentaires dans une période de pénurie généralisée (Un abri, de la nourriture, de l’eau, des vêtements et des chaussures appropriés…) Pour cela, il s’agit de nouer des contacts avec la population locale pour pallier aux difficultés du ravitaillement. Quels sont leurs soutiens ? Quelle est l’attitude générale de la population ?
c) Les débuts.
Sans arme pour la plupart, sans instruction militaire et sans encadrement suffisant ou adéquat, les débuts sont plus que difficiles pour des hommes qui se sont mis hors la loi et qui vont en grande partie constituer l’ossature de la Résistance dans le Vercors. Les premières armes ne parviendront qu’en petite quantité fin 1943. L’encadrement et l’instruction seront le fait d’agents parachutés ou d’anciens officiers ou sous-officiers de l’armée de métier, devenus sans affectation depuis l’invasion de la zone dite « libre » et la disparition de l’armée d’armistice. Les débuts se sont également les accidents, les missions mal calculées et les incursions ennemies, troupes allemandes ou milice de Darnand. Les motivations de ceux que l’on qualifie à l’époque de « terroristes » sont aussi abordées. Elles permettent notamment de dresser une liste de l’ensemble des interdits, des vexations imposées à cette époque par l’occupant.
d) La vie au maquis.
Par l’intermédiaire de cours passage de livres écrits sur des expériences vécues dans le Vercors, nous pouvons présenter la vie des premiers maquisards dans les différents camps implantés sur le massif. Comment se déroule une journée dite « classique » avec ses corvées, son entraînement, ses tours de garde…
e) Les premières actions et les premières menaces.
Quelles sont les principales actions entreprises par les maquis du Vercors ? Sont-elles toujours couronnées de succès ? Quelles sont les réactions des troupes allemandes et de leurs alliées vichystes ? Nous abordons donc ici les premières attaques et les incursions allemandes ou de la milice dans, ou proximité du Vercors.
f) L’échec du Plan Montagnard
Quel était donc le projet sous-jacent à cette concentration d’hommes, près de 4000 en juillet 1944, dans ce lieu géographique précis ? Il consistait à former une sorte de porte avion en territoire occupé, susceptible d’accueillir des forces alliées en plus des groupes de résistants de la région une fois le second débarquement réalisé dans le midi de la France. Ainsi, ce groupe hétéroclite mais néanmoins déterminé pourrait mener des actions sur les arrières des troupes ennemis alors en plein combat contres les troupes alliées. La bataille de Montélimar en août 1944, montrera que ce plan, si décrié par la suite, pouvait avoir un objectif militaire parfaitement valable. La constitution d’un véritable « bouchon » dans la vallée du Rhône avec les éléments du Vercors aurait peut être entraîné l’anéantissement de toute une armée allemande. Nous ne rentrons pas ici dans les polémiques au regard de la complexité du sujet.
g) LaBataille du Vercors.
Les grandes phases des opérations et les crimes perpétrés par les troupes d’occupation sont présentés au public par l’intermédiaire d’une carte du Vercors. Cette dernière permet de cerner la stratégie allemande, de visualiser les principaux lieux de combats mais également les principaux théâtres d’exactions commis par troupes nazies…
- L’attaque de Malleval et des Barraques en Vercors en janvier 1944
- Les deux attaques contre Saint Nizier en juin 1944.
- L’attaque générale du Vercors : Valchevrière, Vassieux, La Grotte de la Luire, le bombardement de la Chapelle en Vercors….
Puis, nous nous concentrons sur la trop longue liste des disparus, qu’ils soient issus des rangs de la résistance ou simples civils.
III) L’espace d’échanges.
Pour de nouveau laisser la parole aux enfants, j’aime ouvrir un débat portant sur le devoir de mémoire. A quoi sert l’Histoire ? Pourquoi se souvenir d’une période qui semble si lointaine ? De quelles libertés jouissons-nous aujourd’hui comparées à l’arbitraire d’hier. Cette séance permet à beaucoup de découvrir la barbarie, l’arbitraire menés au nom d’une idéologie raciste.
A) Résister aujourd’hui.
- Que veut dire s’engager ?
- Pourquoi ne devons nous pas rester indifférent ?
- Pourquoi devons nous nous montrer critique ?
Voilà des questions qui méritent d’être posées. La peur de l’autre, la xénophobie, le racisme peuvent servir de pont pour lier l’antisémitisme d’hier aux maux de la société actuelle. C’est un sujet sensible, politique qu’il faut aborder avec précaution. La parole est aux enfants et l’animateur se doit de rester objectif, ce qui ne veut pas dire neutre.
B) Apprendre autrement, apprendre par soi et pour soi.
Pour ceux qui le désirent, un espace ressource est en effet mis à leur disposition. Il contient près d’une trentaine d’ouvrages répartis en trois catégories qu’ils sont libres d’emprunter à leur guise durant tout le reste de leur séjour dans le Vercors. Ces derniers peuvent être répartis en trois catégories :
- Ceux traitant de la seconde guerre mondiale de manière générale.
- Ceux traitant de la Résistance de manière générale.
- Ceux traitant de la Résistance dans le Vercors en particulier.
Il s’agit pour la plupart de livre jeunesse et non de livres pour un public plus âgé. Cela n’empêche pas certaines illustrations et certains mots d’être parfois très durs.
IV) A proximité du centre.
Un approfondissement de la (ou des) séance consacrée à la Résistance dans le Vercors lors de la seconde guerre mondiale peut être effectué avec un déplacement dans le village d’Autrans pour trouver des traces du passé. Des plaques commémoratives, des stèles sont présentes dans ou à proximité du centre du village (Place du village, hameau d’Echarlière, hameau des Tranchants, place de la mairie, croix des fusillés au bourg de Dessus) ainsi qu’au cimetière d’Autrans. Les tombes et leurs inscriptions sont un moyen de reconstituer l’Histoire du Vercors, des martyrs de la bataille aux fusillés du Polygone à Grenoble par exemple. L’ensemble de ces lieux permettent également de revenir sur certains sigles (FFI, V de la Victoire) ou symbole (Chamois
Les tombes du Commowealth et les interrogations du public sur leurs présences dans un petit village du Vercors peut servir de fil conducteur pour nous rendre sur les lieux du crash du bombardier anglo-saxon, à proximité du refuge de Gève et de présenter le Camp C3 présent dans ce dernier lors de l’hiver 1944. Cette randonnée du centre du village au plateau de Gève peut également être envisagée afin de prendre la mesure du chemin que devaient parcourir ceux qui ravitaillaient les maquisards cachés à proximité de ce dernier.
Elle permet également d’aborder d’autres aspects, humains, comme la solitude, la solidarité, les privations, la peur, l’angoisse….
Ces séances ne peuvent tout enseigner mais si j’arrive à éveiller la curiosité, l’envie d’en savoir davantage, je pense que j’aurai réussi !
18:45 Publié dans Blog, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : de gaulle, maquis, maquisard, ffi, ffl, résistance, vercors, drôme, isère, guerre mondiale, guerre 39 45, milice, wehrmacht, vassieux, autrans, animation, waffen ss, libération, ftp, as, chabal, prevost, collaboration, lvf, la chapelle en vercors, alpes, méaudre, saint nizier, guerre