26/09/2014
Présentation du musée de la Résistance de Vassieux en Vercors
Présentation générale de la muséographie
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La création du musée.
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La fresque du hall d’accueil.
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Le Vercors d’antan.
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La montée des périls.
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L’occupation et ses conséquences
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De la drôle de guerre au régime de Vichy.
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Les débuts de la résistance en France.
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Le Vercors résistant
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La vie au maquis.
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La Mobilisation générale
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La République du Vercors.
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Les parachutages dans le Vercors.
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Les contacts entre le Vercors et les alliés.
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L’attaque générale du Vercors.
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La grande traque.
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La Libération
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Le devoir de mémoire.
L’origine du musée de la Résistance de Vassieux en Vercors.
En 1973, Joseph La Picirella, un ancien du maquis du Vercors, ouvre un musée consacré à la Résistance dans le massif lors de la seconde guerre mondiale. Ce dernier se situe au centre du village de Vassieux dans une ancienne ferme acquise par ses soins. Après avoir été cédé au Conseil général de la Drôme en 1999, le musée a été entièrement restauré en 2010. Malheureusement, cette année 2010 fut également marquée par la mort de son fondateur, quelques semaines avant la réouverture de ce qui fut l’œuvre d’une grande partie de sa vie.
Joseph la Picirella est né à Lyon en 1924. Entré dans l’armée d’armistice, il décide de monter au Vercors en 1943 sous la houlette du capitaine Geyer dit "La Thivollet"…. Membre de la compagnie du capitaine Bourgeois, il participa notamment le 22 juin 1944, à la libération de tirailleurs sénégalais détenus à Lyon, le 10 juillet à l’embuscade du col de Lus La Croix Haute au cours de laquelle de nombreux allemands furent tués, le 22 août à la première libération de Romans sur Isère sous les ordres de Narcisse Geyer, « La Thivollet ». Il fut surtout dans le Vercors lors de l’attaque allemand et en fut marqué à jamais, nombre de ses camarades ayant été tués par la soldatesque nazie.
Après la guerre, il entreprend un formidable travail de recherche sur cette période, reprend des études et publie divers ouvrages dont Témoignages sur le Vercors, qui reste encore à ce jour une référence pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du massif. Ce travail vise aussi à rendre une identité (Un nom, un visage, une profession, un lieu…) à toutes les victimes civiles ou maquisardes du Vercors ou des villages ou villes environnant. Ce devoir de mémoire présenté au fil d’une chronologie détaillée sous formes d’affiches est un bel hommage à tous ceux qui sont morts afin que l’on n’oublie pas leur sacrifice.
La fresque du hall d’accueil.
Cette fresque fut offerte par un ami de Jean La Picirella, M Marcel Labesse, lui aussi ancien maquisard, pour l'inauguration du musée. Elle représente les principaux personnages de l’histoire du Vercors lors de la seconde mondiale. La restauration du musée en 2010 a permis de la mettre aujourd'hui à l'abris du temps...
Apparaissent ainsi :
Narcisse Geyer, le commandant militaire du Vercors sud en 1944 dont dépendait le village de Vassieux.
Un tirailleur sénégalais en référence aux 53 tirailleurs libérés en juin 1944 à Lyon par un commando de cinq maquisards dont faisait Joseph La Picirella.
Fabien Marseille, le plus connu des guides du Vercors, l’un des principaux passeurs pour les jeunes désirant se rendre dans le massif pour intégrer l’un des nombreux camps de maquisards.
Mme Bordat dite la « mémé du Vercors » du village du Rousset, une figure locale.
L’une des six infirmières de la Grotte de la Luire qui furent déportées dans un camp de la mort en Allemagne et l’aumônier de cette dernière, qui fut fusillé à Grenoble.
Et de nombreuses autres figures y sont représentés également comme le curé de la Chapelle en Vercors, le lieutenant Chabal, un gendarme (La gendarmerie de la Chapelle en Vercors ayant été décorée de la médaille de la Résistance pour son engagement au cours de la seconde guerre mondiale), la petite Arlette Blanc (Une petite fille de Vassieux qui vécu un véritable calvaire avant de s'éteindre quelques jours après l'attaque de son villlage), Eugène Chavant, le chef civil du Vercors et d’autres encore ainsi que Joseph la Picirella, reconnaissable sur la fresque à sa chéchia sur la tête.
Le Vercors d’Antan.
Entre tradition et modernité.
Au 19ème siècle, l’agriculture constituait l’activité économique essentielle du Vercors. Pendant des siècles, le massif vécut pratiquement en autarcie, les voies de communications avec les vallées environnantes étant difficiles. Il fallait donc vivre avec son environnement, tant par exemple pour la nourriture que pour les matériaux utilisés pour la construction des habitats.
Afin de faciliter les échanges et notamment le transport du bois, l’une des principales richesses du plateau, des routes furent construites au XIXème siècle. Elles remplacèrent progressivement les chemins muletiers, étroits et dangereux. Certaines comme celle de Combe Laval ou des Gorges de la Bourne sont très impressionnantes mais nécessitèrent des travaux extrêmement importants, notamment pour frayer un passage sur des parois calcaires abruptes.
Le développement du tourisme.
Ces ouvertures de routes entraînent l’apparition d’une nouvelle activité économique, le tourisme. Les curieux affluent, des hôtels sont construits. Des guides vantent les mérites de la montagne. Les communes du canton de Villard-De-Lans s’affirment comme stations touristiques, alors que dans celui de la Chapelle en Vercors, le tourisme reste plus modeste et familial.
On vient aussi dans le Vercors pour se soigner, le climatisme étant au début du siècle une pratique courante comme remède pour des problèmes respiratoires. Ainsi le préventorium d’Autrans, l’Escandille (Ce qui signifie le rayon de soleil en provençal) est inauguré en présence du dernier président de la IIIème République, M Albert Lebrun en 1939. D’autres furent construits dans différents villages du Vercors.
Le Vercors compta également de nombreuses maisons d’enfants, souvent de vieilles fermes transformées pour accueillir de jeunes citadins.
La montée des périls.
Les années 20 furent marquées notamment par la crise économique consécutive au jeudi noir de Wall Street, le 24 octobre 1929.
L’ensemble des économies mondiales furent touchées et l’Europe ne fut pas épargnée avec son cortège de maux : chômage de masse, inflation délirante…C’est dans ce contexte que nait et prospère en Allemagne un parti ouvertement nationaliste et raciste, le N.S.D.A.P. Son « Führer », Adolf Hitler, deviendra chancelier le 21 janvier 1933 après avoir tenté de prendre le pouvoir par la force dix ans plus tôt. C’est d’ailleurs en prison qu’il dictera à l’un de ses fidèles, son livre, Mein Kampf (Mon combat)
En quelques mois, le parti nazi transforme la République de Weimar en un régime totalitaire et antisémite. L’incendie du Reichtag en février de la même année et dont la responsabilité est attribuée aux communistes, sert de prétexte au pouvoir pour commencer à éliminer ses nombreux opposants politiques. Dès mars, le tristement célèbre camp de Dachau ouvre ses portes en Bavière. Bientôt, c’est toute l’Allemagne qui va se couvrir de camps de concentration pour accueillir les « indésirables » du régime (Juifs, tziganes, homosexuels, communistes….)
En mars 1935, après un référendum, la Sarre, région administrée depuis 1919 par la France, vote son rattachement au Grand Reich allemand. En mars 1936, le régime allemand fait entrer quelques bataillons en Rhénanie, territoire allemand démilitarisé selon le traité de Versailles de 1919. Ces derniers ont pour ordre de se replier en cas de réactions hostiles des alliés (France et Grande Bretagne). Il s’agit d’un autre test après la restauration du service militaire l’année précédente, là aussi en dépit des interdictions du traité de Versailles, le fameux « diktat » dénoncé par Hitler…En 1938, c’est au tour de l’Autriche de passer sous la coupe allemande.
Le musée dispose d’une fabuleuse collection d’objets relatifs à la période nazie de l’Allemagne. Médailles, écussons, fanions, décorations et documents divers. Les aigles à croix gammées sont présents sur un ensemble d’objets, militaires ou de la vie courante. Et même sur le mobilier…
De la drôle de guerre au régime de Vichy.
Après les accords de Munich signés en septembre 1938, entérinant le dépeçage de la Tchécoslovaquie au profit de l’Allemagne nazie, la soif de conquête d’Hitler, que l’on avait tenté d’étancher sans succès, se retourne vers la Pologne. Le corridor de Dantzig (L’Allemagne étant coupée en deux parties après le nouveau tracé des frontières consécutives au traité de Versailles de 1919) séparant la Prusse Orientale du reste de l’Allemagne va servir de nouveau prétexte au dictateur allemand pour entraîner son pays et le reste de l’Europe, puis le monde, dans le conflit le plus meurtrier de l’Histoire de l’humanité.
Le 1er septembre, après une escarmouche à la frontière montée de toute pièce par les allemands pour présenter un prétexte à son opinion et au monde pour entrer en guerre, les troupes allemandes envahissent la Pologne, pays lié à la France et à la Grande Bretagne par un accord de soutien réciproque en cas de conflit.
La Pologne, malgré le courage de son armée ne peut rien faire face à l’aviation et aux chars allemands. De plus, le 17 septembre, elle est attaquée à revers par l’URSS, un accord secret de partage du pays ayant été conclu lors du pacte germano-soviétique du 23 août 1939.
A l’ouest, c’est la drôle de guerre. Mise à part quelques escarmouches sur la frontière franco-allemande, œuvres de corps francs, il ne passe rien de significatifs jusqu’au mois d’avril 1940.
Les premiers affrontements sérieux se déroulent sur les mers puis en avril en Norvège, principalement autour de la ville de Narvik après l’invasion de ce pays par l’Allemagne. La France et la Grande Bretagne y envoient un corps expéditionnaire
La population s’équipe de masques à gaz pour se protéger d’hypothétiques bombardements, les terribles conséquences de telles attaques étant dans tous les esprits et les récits des poilus de la guerre 1914-1918 encore dans toutes les mémoires.
L’occupation et ses conséquences.
La défaite militaire de la France entraîne la chute de la IIIème République. Le 25 juin, l’armistice entre en vigueur. Philippe Pétain, président du conseil depuis le 17 juin obtient les pleins pouvoirs le 10 juillet, bien aidé en coulisses par Pierre Laval qui deviendra premier ministre du nouveau régime, l’Etat français. L’occupation des 3/5 de la France à de grandes répercutions sur la vie quotidienne des français. Franchir la ligne de démarcation, avoir des nouvelles des siens d’un côté ou de l’autre de cette dernière, obtenir un laisser-passer, un ausweis, voilà bien difficultés alors que l’exode massif de la population aux mois de mai et juin a jeté sur les routes de France, un quart de la population nationale, soit 10 millions de personnes.
A cela s’ajoute, les pénuries, les privations consécutives à l’état de guerre et au blocus maritime maintenu par la flotte britannique qui continue la lutte contre l’Allemagne et le pillage en règle imposé par les autorités allemandes au titre des frais d’occupation.
L’Etat français, c’est d’abord le culte du chef, Philippe Pétain, maréchal de France et vainqueur de Verdun en 1917. Agé de 84 ans en 1940, « le vénérable vieillard » appose sa signature à des lois qui vont vouer le régime de Vichy, nouvelle capitale de l’Etat français, aux gémonies. Bientôt se seront les lois concernant les juifs, la création de la milice, le soutien aux « croisés » de la LVF partis combattre en URSS sous l’uniforme allemand.
Les débuts de la résistance en France.
Rares sont ceux qui ont entendu le discours radiodiffusé du général de Gaulle le 18 juin 1940. Et plus rares encore sont ceux, qui dans ce moment de désarroi général sont prêt à poursuivre la lutte contre l’occupant. Pourtant les premiers réseaux se nouent un peu partout en France, tant en zone occupée que dans la zone dite « libre ». Un des premiers groupes, Combat, a pour fondateur Henry Frenay, capitaine de l’armée française. Ces femmes et ses hommes témoignent en conscience et par des actions concrètes, de leur volonté de nuire à l’occupant, en transgressant l’ordre et les lois.
Mais quels sont les moyens dont disposent les premiers résistants face aux troupes d’occupation et à un régime, l’Etat français, qui a choisi la voix de la collaboration depuis l’entrevue de Montoire entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler ?
Les premiers initiatives, parfois œuvre d’une seule personne ou d’un petit noyau d’individus sont sporadiques. Elles couvrent différents domaines. Certaines font dans le renseignement militaire, d’autres dans les filières d’évasion pour les prisonniers évadés des stalags d’Allemagne ou les pilotes britanniques abattus. D’autres enfin éditent tracts, journaux clandestins avec les risques que cela comportent en cas d’arrestation. Composer, imprimer, distribuer, voilà bien des actions difficiles en des temps ou le papier est une denrée rare et la délation importante. D’autres, encore confectionnent des faux papiers avec du matériel volé ou fabriqué artisanalement.
La France libre naît à Londres après l’après l’appel du 18 juin 1940 de Charles de Gaulle qui refuse l’armistice. Elle ne rassemble alors qu’une poignée d’hommes. La France est au début de la guerre en grande majorité favorable au maréchal Pétain.
Le Vercors résistant.
La zone dite « libre » est occupée à partir de novembre 1942 par les troupes allemandes, conséquence du débarquement allié en Afrique du Nord.
Le Vercors fait alors partie de la zone confiée par Berlin à son complice italien. Il passera définitivement sous la coupe allemande en septembre 1943, période ou l’Italie se rallie pour une partie aux alliés.
En janvier 1943, une ferme isolée du plateau, à Ambel, site situé à quelques kilomètres à l’ouest de Vassieux, va servir de premier camp pour accueillir ceux qui désirent se soustraire aux autorités, tant allemandes que vichystes. Occupés à la coupe du bois, les premiers « maquisards » vont même travailler un temps pour …les allemands (à leur insu bien entendu) le bois étant une ressource énergétique précieuse en ces temps de pénurie généralisée.
Ces premiers camps sont à mettre à l’initiative d’anciens élus socialistes dont l’ancien maire de Grenoble, le docteur Léon Martin, le cafetier André Pupin pour la capitale du Dauphiné et Benjamin Malosanne de Saint Jean en Royans, les frères Samuel de Villars de Lans. Ils fondent ainsi un groupe dénommé Franc Tireur-Vercors.
En parallèle, Pierre Dalloz, alpiniste et architecte, imagine une utilisation stratégique du Vercors, vu comme une citadelle naturelle protégée par des remparts de falaises. L’objectif est d’aménager des terrains d’atterrissage pour recevoir, lors d’un débarquement dans le sud de la France des troupes alliées aéroportés. Jean Moulin et l’état major de la France libre valident ce projet en février 1943, il prend le nom de « Montagnards ». Pierre Dalloz rassemble alors une petite équipe composée notamment de militaires pour étudier la mise en œuvre du projet. Le capitaine Alain Le Ray deviendra ainsi le premier chef militaire du Vercors. Il sera remplacé ensuite par Narcisse Geyer, « Thivollet » puis par le lieutenant colonel Huet dit « Hervieux ». Le chef civil du Vercors sera Eugène Chavant, ancien maire de Saint Martin d’Hères, révoqué par le régime de Vichy.
La vie au maquis
La vie au maquis, c’est d’abord partir de chez soi et laisser les siens sans nouvelles pendant des mois. Les contacts avec sa famille sont souvent proscrits pour éviter d’éventuelles imprudences pouvant entraîner de sérieuses conséquences pour les camarades du camp en cas de dénonciation ou d’interception du courrier.
La vie au maquis, c’est également adopter un pseudonyme, cacher sa véritable identité et son passé aux autres afin de limiter les risques en cas d’arrestation. Un résistant arrêté, cela équivaut souvent pour lui à de longues séances de torture infligées par les allemands ou par leurs fidèles valets de la milice française. Le fameux « gueule tordue », Francis André, ancien boxeur, dont le visage était marqué par un rictus consécutif à une paralysie partielle était originaire de Die et officiait à Lyon sous les ordres de Klaus Barbie.
La vie au camp se partage entre tour de garde et corvées. Il s’agit de chercher de la nourriture auprès des habitants du plateau et de l’eau sur un massif karstique* ou les sources sont rares, l’eau s’infiltrant rapidement dans le sol.
Les premiers maquis ne disposent pas ou peu d’armes. De plus, pour apprendre leur maniement, il faut des cadres qui font souvent défaut. L’entrainement véritable commencera avec l’arrivé des premiers parachutages d’armes en novembre 1943 et de militaires issus de la défunte armée d’Armistice. A cette époque, les différents camps comptent environ 300 hommes. La vie dans un camp comprend également de longues phases d’ennui, de nostalgie mais également des périodes de tensions les allemands lançant régulièrement des attaques contre des camps du Vercors. Le 29 janvier 1944, celui de Malleval, au nord ouest du massif est anéanti. Le 18 mars, c’est au tour du PC Radio de Saint Julien de subir le même sort. Du 16 au 24 avril 1944, c’est la milice française qui sème la terreur dans le Vercors, assassinant trois personnes à Vassieux.
* Le mot karstique vient du mot Karst, nom d’une chaîne de montagne en Slovénie. Le massif du Vercors est connu pour ses dolines (dépressions du terrain), ses lapiaz (failles dans la roche calcaire) et ses sialets.
La Mobilisation générale
Le débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944, entraîne la mobilisation générale en faveur du Vercors Une des préoccupations des responsables du maquis est d’encadrer ces centaines d’hommes qui affluent.
Dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, le chef d’état major régional Descour et le commandant du Vercors ordonnent la mobilisation générale. Les compagnies civiles sont mobilisées, le massif est verrouillé, ses voies d’accès sont contrôlés. Des mines sont positionnées sur certaines routes d’accès notamment à Echevis, sur la route des grands goulets.
Le 13 juin 1944, une semaine après le débarquement allié en Normandie, les allemands lancent une première opération au nord du massif sur la commune de Saint Nizier du Moucherotte. Au cours d’un combat de plus de 12 heures, elles sont contenues par les maquisards au prix d’une dizaine de tués dans leurs rangs. Mais ce n’est qu’un petit coup de griffe, une « modeste » tentative pour tester la force méconnue pour les allemands des maquisards du plateau. En effet, le commandement allemand surestime les forces réelles du Vercors. Le 15, l’ennemi reprend son offensive avec des effectifs plus importants contraignant les résistants à se replier après plusieurs de combat. La forteresse Vercors à l’une des portes enfoncées, le territoire compris entre Saint Nizier et Villard de Lans devenant un no-man’s land militaire. Dans cette partie du Vercors, les résistants se replient au sud sur les hauteurs de la commune de Corrençon en Vercors et à l’ouest, au col de la Croix Perrin, col menant aux communes de Méaudre et d’Autrans.
Ces attaques ont été précédées comme on l’a vu le 9 juin par un ordre de mobilisation générale. En quelques jours, des centaines de jeunes provenant des villes et villages proches du plateau se rendent dans le Vercors. L’effectif du maquis est multiplié par 10, le nombre total de résistants passant de 400 à 4000. Le 11 juillet, tous les habitants du Vercors âgés de 20 à 24 sont mobilisés. Le Vercors devient la plus importante concentration de maquisards de la région. Mais cet afflux massif pose d’énormes logistiques. Il faut encadrer tous ces jeunes désirant se battre et contribuer à la libération nationale. Il faut également les armer et leur dispenser un enseignement rudimentaire quand au maniement des armes, beaucoup n’ayant jamais fait leur service militaire.
La République du Vercors.
Après le « verrouillage » du Vercors le 9 juin, décision consécutive au débarquement allié et à la mobilisation générale, la principale
préoccupation des responsables du Vercors est e doter cette zone libérée de structures administratives solides. En juillet, la République est restaurée, c’est un symbole fort, et qui reste marqué dans les esprits*
Le 3 juillet, la République est officiellement restaurée par Yves Farge, commissaire de la République désigné à Londres par le chef de la France Libre, le général de Gaulle. Les lois et décrets du régime de Vichy sont donc officiellement abrogés. Les valeurs de la République, Liberté, Egalité, Fraternité, remplacent celles de l’Etat français, Travail, Famille, Patrie. C’est à Saint Martin en Vercors, petite commune située au centre du Vercors que la République est officiellement restaurée.
Les parachutages dans le Vercors.
Les parachutages alliés, d’armes, de munitions et d’équipements divers sont essentiels pour les maquis.
Le Vercors dispose de différents terrains pour recevoir ces chargements précieux, le plus important, « Taille Crayon », en termes de matériels réceptionnés, se situe à Vassieux en Vercors. D’autres terrains, sept sont homologués au total, se situent à proximité des villages de la Chapelle en Vercors, Méaudre, et Saint Martin en Vercors. Des hommes sont également parachutés dont un commando américain à la mi-juin 1944 et une mission française dirigée par le capitaine Tournissa « Pacquebot », en mission pour aménager un terrain d’aviation à Vassieux.
C’est le 11 novembre 1943 qu’eu lieu le premier parachutage sur le petit plateau de Darbounouze, non loin de la Chapelle en Vercors. Après l’appel à la mobilisation générale du 9 juin 1944 et devant l’afflux de volontaires, le nombre de largages augmente tant en armes qu’en matériels divers.
Le 14 juillet, en plein jour, 72 forteresses volantes de l’URSAF larguent plus de 800 containers sur le terrain de Vassieux en Vercors. Hélas, de nombreux s’écrasent au sol rendant les armes qu’ils contiennent inopérantes. De plus, l’opération conduite aux vues et aux sus de la chasse allemande positionnée non loin de là, à Chabeuil dans la Drôme, près de Valence entraîne une riposte immédiate. La Luftwaffe se déchaîne sur le terrain, détruisant un matériel précieux pour les maquisards et causant des pertes humaines. Entre 1943 et 1944, ce sont plusieurs dizaines de tonnes d’armes, de munitions et même une chambre complète d’opération qui sont largués sur le Vercors, à 90% après le 6 juin 1944.
Les contacts entre le Vercors et les alliés.
Pour communiquer avec les alliés et la France Libre, les maquis doivent disposer d’équipes radio. Ce service est progressivement mis en place dès 1943 dans le Vercors ; son organisation subit des aléas, du fait du manque de moyens humains et des attaques allemandes. Ainsi, le PC radio de Saint Julien est attaqué avec succès par les allemands le 18 mars 1944. Ces derniers étaient venus notamment avec trois véhiculent goniométriques. Six résistants y laissent la vie.
Plus solidement organisé, ce service, sous la conduite Robert Bennes dit Bob, joue un rôle central à partir de juin 1944. Des contacts humains sont possibles grâce aux missions envoyées par les alliés dans le Vercors en 1944. Elles inspectent le maquis ou apportent de l’aide aux maquisards : en janvier 1944, la mission « Union » est parachutée sur le terrain « Agonie » près d’Eymeux dans la Drôme. Elle doit contrôler la situation du Vercors et préparer les futurs parachutages.
L’Attaque générale du Vercors.
Les allemands décident d’employer les grands moyens pour réduire à néant ce maquis qui semble les narguer depuis les hauteurs du massif. Un drapeau français ne flottait il pas, sans une certaine provocation, sur les hauteurs de Saint Nizier, étant ainsi visible de Grenoble ?
Les allemands sous les ordres du général Karl Pfaum lancent une attaque massive le 21 juillet 1944. Cette offensive combine attaques frontales sur plusieurs axes, un élément de surprise totale avec l’utilisation de planeurs et un verrouillage complet et total des voies d’accès au plateau. D’un rôle de possible assaillant, les résistants du Vercors se retrouvent dans la très inconfortable possible d’assiégés.
(L'une des quatre bornes interactives du musée. Celle photographiée ci-dessus est consacrée à l'attaque du Vercors)
Au nord, ils progressent rapidement en direction de Lans, Villard de Lans, Autrans et Méaudre, villages occupés dès le 21 juillet. Le 22 juillet, l’ensemble des opérations se fige, conséquence d’une météo exécrable. Mais dès le 23 juillet l’offensive reprend, les éléments partis de Grenoble cherchant à opérer leur jonction avec les troupes aéroportées au sud du massif, à Vassieux en Vercors. A Valchevrière, les chasseurs alpins du lieutenant Chabal tentent de stopper leur progression mais le combat est trop inégal et six chasseurs dont leur chef trouvent une mort héroïque en faisant « sidi brahim ». Le « verrou » saute. Les villages de Saint Julien et Saint Martin en Vercors sont occupés à leur tour. A l’est se déroulent la « bataille des pas », les allemands employant des troupes de montagne, les Gebirdjäger pour franchir des falaises escarpées, que les résistants ont jugées à tort trop difficiles d’accès pour constituer un axe de pénétration ennemi en cas d’attaque. Les pas (Pas de la Balme, Pas des Chattons…) sont pris les uns après les autres en deux jours. Au sud du massif, dans la vallée de la Drôme, après avoir pris la ville de Crest, les troupes allemandes sont prises à parti à Saillans par des compagnies de résistants. Les allemands sont freinés mais non stoppés. En représailles, le village d’Espenel est incendié. Ils poursuivent leur progression et atteignent Die le 22 juillet. Bientôt ses éléments pourront rejoindre leurs camarades de Vassieux, toujours assiégés dans le village. En effet, on se bat près du village et cela pendant près de 56 heures. De très nombreux résistants y laissent la vie.
Vassieux, village compagnon de la libération, village martyr à jamais marqué par la barbarie humaine
En 1944, 73 habitants (15% de la population recensée en 1936) et 101 résistants se trouvant dans ou à proximité du village furent tués par des troupes spéciales allemandes. Longtemps, la légende a voulu que ces soldats soient des Waffen SS, il n’en est rien, de nombreux travaux d’historiens ayant été réalisés ces dernières années sur ce chapitre. Ces commandos, arrivés par planeurs aux environs immédiats du village, prirent les résistants totalement par surprise. Ne disposant pas d’un armement suffisant ni de moyens de communication adéquats, les compagnies de maquisards situées à proximité du village furent incapables de mener une opération concertée et décisive. Le village ne put être repris. Le 22 juillet, la météo gela les opérations sur l’ensemble du massif mais dès le 23, une nouvelle vague de planeurs (soit l’effectif d’une compagnie) arriva à Vassieux en Vercors.
(Panneaux réalisés par Joseph La Picirella)
La grande traque.
Le ratissage peut commencer. Le 23, ordre fut donné par le chef militaire du Vercors, le lieutenant colonel Huet, de se disperser. Mais tous les hommes ne purent être mis au courant et bien nombreux furent ceux qui apprirent cet ordre bien des jours plus tard. Les allemands ratissent donc le massif jusqu’au 15 août, jour ils se retirent. Ce même jour, l’opération Dragoon-Anvil vient d’être déclenchée dans le sud est de la France. Il s’agit du second débarquement sur les côtes de France.
Mais avant ce retrait, la soldatesque nazie sème la terreur sur le massif. Le 26 juillet, 16 habitants de la Chapelle en Vercors sont assassinés par les allemands. Le village, lui, est presque entièrement détruit (95%) et devra être totalement reconstruit à la fin de la guerre. La ferme Albert où eut lieu l’effroyable tuerie fut, elle, laissée en l’état. Le 27 juillet, c’est au tour des blessés de la Grotte de la Luire sur la commune de Saint Agnan de connaître une fin tragique. Ils sont froidement achevés. A Saint Nazaire en Royans, à Beauvoir en Royans et sur l’ensemble des contreforts, des dizaines de maquisards cherchant à fuir le Vercors sont arrêtés et fusillés. Certains se noient en essayant de franchir à la nage l’Isère. Le 14 août 1944, 20 jeunes raflés sur la commune de Villard de Lans sont fusillés sur le cours Berriat à Grenoble. C’est le sort également pour deux des trois médecins de la grotte de la Luire. Les infirmières, au nombre de six, sont, elles, envoyées dans un camp de concentration en Allemagne. L’une d’entre elles, Odette Malossane, n’en reviendra pas.
La Libération.
Paris est libérée définitivement le 25 août par les hommes du général Leclerc. Quelques jours plutôt, c’était Grenoble et ses environs proches grâce au concours massif des résistants. Les américains avaient prévu d’atteindre la capitale du Dauphiné en 90 jours. Ce fut fait en unes semaine. C’est le colonel Henri Zeller, chef militaire de la région R1(dont dépend la région Rhône-Alpes) qui avait réussi à convaincre le général Patch, chef de la 7ème armée de faire prendre à une partie de ses hommes la fameuse route Napoléon, entièrement sous contrôle des FFI.
Le 2 septembre, c’est au tour de Lyon, d’être libéré. Au cours de ce même mois de septembre, les deux forces de libération, provenant de Normandie et du sud de la France établissent leur jonction.
Après l’offensive de la dernière chance dans les Ardennes en décembre 1944, ou Hitler espère inverser le sort de la guerre sur le front ouest, et son échec, les alliés reprennent l’offensive et réussissent à franchir le Rhin, dernier obstacle avant le cœur de l’Allemagne, en mars 1945. A l’est les Russes ont lancé leur grande offensive dès février. Le 20 avril 1945, jour anniversaire d’Adolf Hitler, les troupes soviétiques encerclent complètement Berlin, la capitale d’un Reich censé durant 1000 ans. Le 30 avril, après épousé sa maîtresse, Eva Braun, dans le bunker de la chancellerie allemande, réduite à l’état d’amont de gravas, le dictateur allemand se suicide. Le 8 mai 1945, l’Allemagne capitule.
L’avancé des troupes alliées au cœur du IIIème Reich a permis la découverte des camps de la mort et l’ampleur des monstruosités infligées à des hommes par d’autres hommes.
A proximité immédiate du musée de la Résistance.
A l’extérieur du musée, vous pouvez observer les carcasses de deux planeurs allemands DFS 230. Ces mêmes planeurs furent utilisés au cours de la guerre pour d’autres opérations commando sur divers théâtres d’opération. Ce fut le cas dans les Abruzzes en Italie en septembre 1943 lorsqu’un groupe dirigé par le major SS allemand Otto Skorzeny parvint à se poser sur un site extrêmement escarpé pour libérer le dictateur déchu, Benito Mussolini. Ce planeur pouvait transporter 10 hommes dont le pilote. Il était équipe d’une mitrailleuse MG-15 pouvant être utilisée par l’homme situé juste derrière le pilote pour couvrir la sortie de ses camarades. Trois carcasses de ce type d’aéronef sont visibles à Vassieux, deux à proximité du musée de la Résistance, le dernier à quelques centaines de mètres plus au nord, à la nécropole de Vassieux.
(Carcasse de DFS 230, l'un des planeurs allemands s'étant posés à Vassieux le 21 ou le 23 juillet 1944)
Plusieurs autres types d’avion furent utilisés par les allemands dans le Vercors. Le « mouchard » ou Fieseler Storch (Cygogne en allemand) n’était pas un avion de combat. Sa principale mission consister à surveiller les mouvements des résistants ou les aménagements réalisés comme sur le terrain « Taille Crayon » à Vassieux. Les allemands utilisèrent également un autre type de planeur, le Gotha 242, dont seul l’avant reste visible aujourd’hui à la nécropole de Vassieux en Vercors. L’un de ses Gotha se posa au sud du village avec une pièce d’artillerie. Se planeur servait avant tout au transport de matériels contrairement au DFS 230. A noter également qu’un Junker 52, « la bonne à tout faire » de la Luftwaffe put se poser près du village pour évacuer les soldats allemands blessés au cours des combats.
(Quelques photos prise dans le village même ou à proximité, à la Nécropole de Vassieux)
Aux environs du musée de la Résistance de Vassieux.
Le site de la ferme d’Ambel, détruite par la milice en 1944, se situe sur le plateau du même nom, à quelques kilomètres à l’ouest de Vassieux. C’est ici que naquit le C1, le premier camp du plateau en janvier 1943.
Le site de la Grotte de la Luire se situe sur la commune de Saint-Agnan, à l’est de Vassieux en Vercors, sur la route reliant le col du Rousset à la Chapelle en Vercors. De Vassieux, passer par le col de Saint Alexis, plein est. Au Rousset, une stèle indique également l’emplacement où des blessés légers de la grotte furent assassinés.
A Vassieux, outre le musée même, de nombreux lieux de mémoire sont présents sur ce site historique. Tout d’abord, le mémorial de la Résistance situé au col de la Chau et inauguré en 1994, lors du 50ème
anniversaire de la bataille du Vercors. A la sortie de Vassieux, en direction de la Chapelle en Vercors, se trouve la nécropole construite en 1948. Une autre carcasse de planeur allemand se trouve à proximité. De plus dans le village même, de nombreux monuments (stèles, plaques.) et noms de lieux témoignent d’une époque pas si lointaine ou le village fut réduit à un tas de gravas.
Informations supplémentaires : Une visit guidée est organisée tous les mercredis cet été à 15 heures.
(Voici ci dessus les horaires et les tarifs du musée de la Résistance)
13:56 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : maquis, maquisard, résistance, vercors, vassieux en vercors, guerre mondiale, ss, 39 45, la chapelle en vercors, wwii, planeurs allemands, dfs 230, drôme, isère, saint agnan, grotte de la luire, hitler, guerre, ffi, crimes, gotha 242, la picirella, musée, mémorial, nécropole, stèles, lente, rousset, col du rousset, saint martin, saint julien, libération, occupation, nazisme, fascisme, vichy, pétain, collaboration, autrans, méaudre, ww2, milice, musée de la résistance de vassieux, huet, chavant, le ray, grenoble, romans sur isère, valence, allemand
05/06/2014
Une visite de la nécropole de Saint Nizier du Moucherotte
Bonjour à tous.
Je vous présente aujourd'hui une petite partie de mon travail consacrée aux résistants et aux civils, morts pour la France dans le Vercors durant la seconde guerre mondiale. Je vous emmene donc sur l'un des sites mémoriels du massif, la nécropole de Saint Nizier du Moucherotte, construite sur le plateau Charvet. Ce site fut pas choisi par hasard. C'est en effet à cet endroit que s'est déroulé pendant deux jours (13 et 15 juin 1944) une partie des combats opposant maquisards et troupes allemandes. Une vingtaine de résistants y ont laissé la vie.
Le massif du Vercors compte deux nécropoles, une à Saint Nizier et l'autre à Vassieux en Vercors. Elles furent construite en 1947 et 1948. La première compte 98 emplacements tandis que la seconde en à près du double avec 187.
Alors que civils et résistants sont enterrés côté à côte à Vassieux, la nécropole de Saint Nizier est majoritairement constituée de victimes combattantes décédées entre janvier (Attaque du maquis de Malleval, le 29/01/1944) et août 1944. C'est en effet dans la partie drômoise du Vercors que sont déroulés les principales exactions à l'encontre des civils, 73 civils ayant été tués à Vassieux même.
Mais 98 emplacements ne signifient pas 98 victimes décédés dans ou aux environs du Vercors pendant la guerre. En effet, sur la même rangé que le lieutenant Chabal (Tué à Valchevrière le 23/07/1944) se trouvent les tombes de François Huet (Dernier commandant militaire du Vercors) et d'Eugène Chavant ("Patron" civil du massif ayant rang de préfet) décédés tout deux dans les années 60.
Nous pouvons également trouver les tombes de certains disparus comme le commandant de Reynies, chef du 6ème BCA en voie de reconstitution dans la clandestinité et responsable de l'Armée secrète (AS) pour l'Isère, disparu à Grenoble le 6 mai 1944. Ou comme celle du résistant Jean Chioso, disparu le 2/08/1944 à La Rivière (38) en tentant de traverser l'Isère à la nage. Il s'agit donc de deux disparus mais ayant des tombes à la nécropole en leur nom propre.
Malheureusement, ce cimetière militaire compte également 17 autres tombes avec la mention Inconnu. Mais 17 tombes ne signifient pas 17 victimes, une tombe ayant pour seul marquage, InconnuS. Combien de corps abritent donc cette dernière? Mystère. S'agit il des deux résistants,morts à Malleval le 29/01/1944 et qui n'ont pu être identifiés? (Malleval en Vercors dans la Résistance, Joseph Parsus, 2011,p 250)
D'ou proviennent l'ensemble de ces inconnus? Peut être de Saint-Nazaire en Royans pour partie ou les corps de nombreux patriotes n'ont pu être identifiés à la Libération. Selon Joseph la Picirella, un corps ne put être identifié à Noyarey, trois à Beauvoir en Royans (Tuerie perpetrée par la milice française), un à Méaudre (Il pourrait s'agir de Pierre Fouchet disparu sur le territoire de la commune, fin juillet 1944 ou de Baptiste di Gregorio de Romans sur Isère), un à Saint Barthélémy du Gua, et onze à Saint Nazaire en Royans (Dont certainement Ludovic TORRI et Raymond FOUR)
Parmi les victimes enterrées à la nécropole de Saint Nizier, nous trouvons deux femmes, Léa Blain et Bourdon Jeanine. Je ne dispose pas d'information sur cette dernier, décédé le 19/02/1944. Quant à Léa Blain, résistante de la région de Saint-Marcellin, elle monte au Vercors le 19/07/1944. Agent de Liaison dans la résistance, elle devient secrétaire au service du chiffre du quartier général. Elle quitte le PC au moment de la dispersion (Annoncé le 23/07 en fin de journée). Elle rejoint ensuite l'écrivain Jean Prévost (Capitaine Goderville) et d'autres maquisards et se refugie à la grotte des Fées. Cette dernière est abandonnée par le groupe fin juillet et le 1er aout avec le lieutenant Rémy Liftchitz (Le groupe s'est fractionné), elle est tuée les armes à la main à Villard de Lans (Stèle érigée à sa mémoire, Les Glovettes)
Quatre tombes tranchent de part leur forme avec l'immense majorité. Il s'agit de trois stèles de résistants de confession israélite et d'une autre à l'allure assez récente, d'un "libre penseur", Claude KATZ.
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Profession | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | |
BINDEFELD | Frédéric | "Fred" (4) | 29/01/1944 | Malleval | Mort au combat | 25 ans (5), 32 ans (4) | Maquisard/ Aspirant. (Blessé lors de la campagne de 1940) (4) | Etudiant à Grenoble de 1941 à 1943 avant de rejoindre le maquis le 1er décembre 1943. Grade d'Aspirant à Malleval | Né à Berlin en 1912 (4), le 19/12/1919 (5) | Naturalisé français | Camp AS de Malleval | (1) Musée de la Résistance de Vassieux en Vercors, panneau 6, (2) Tombe à la nécropole de Saint-Nizier, (3) Résistant mentionné dans le livre de Joseph Parsus consacré à Malleval; (4) La vie inimitable, Yves Perotin, 2014, PUF, p 126, p 134, 304 et 305, (5) http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/ |
Claude Falk est né à Sao Paulo au Brésil en 1918. Ingénieur de profession, ancien de l'école polytechnique de Paris, croix de guerre 1940, il fut parmi les premiers à rejoindre le maquis du Vercors, en prennant notamment le commandement du C2 à Corrençon en 1943. Pour cause de maladie, il laisse son commandement, début février 1944 avant de rejoindre la compagnie du génie, le 13/07/1944 et d'être promu lieutenant. Connu sous le pseudonyme de Fabel, il est capturé puis fusillé avec d'autres patriotes le 24/07/1944 à Mirabel Lanchâtre et donc enterré sous ce nom. Il fallut donc de nombreuses années à sa famille pour retrouver sa dépouille et lui donner sa vraie identité.
En outre, nous pouvons trouver trois tombes en mémoire de résistants du Vercors mort en déportation. Il s'agit de l'adjudant Feret (6ème BCA) mort au camp de Melk, le 13/03/1945, de Georges Huillier, résistant de Villard de Lans, mort (présumé), le 2/07/1944 lors de son transfert en Allemagne et du lieutenant colonel Marcel Pourchier, l'un des pionniers de la résistance du Vercors (Ancien directeur de l'école de Haute Montagne de Chamonix) en tant que chef militaire en charge de la logistique dans le premier comité. Ce dernier, trouva la mort le 1/09/1944 au camp de concentration du Struhof. Il avait quitté la résistance du Vercors au printemps 1943 pour rejoindre la région de Nice.
Et puis, il s'agit également de souligner que la nécropole abrite deux tombes doubles, abritant les restes présumés de quatres résistants non français. Le premier, Kleindienst ou Kleindiest Rudolph est de nationalité slovène Déserteur présumé, il trouva la mort à Malleval le 29/01/1944. Les trois autres seraient égalements des déserteurs de la Wehrmacht. Il s'agit également de Slovènes (supplétifs ou amalgamés comme Volksdeutsch?), Gerbek, Gladec et OBLACK (OBLACKIN sur sa tombe à la nécropole)
Le 29/01/1944, le maquis de Malleval (Le camp 10 ou camp du 6ème BCA en voix de reconstitution) fut cerné et attaqué par la Wehrmacht. Il y eu près de 40 victimes (Résistants et civils tués lors de l'opérations et déportés décédés dans les camps). La nécropole en accueille onze.
Mais selon Joseph Parsus (Opus cité), Yvan GLADEK (20 ans) et Franck GRBEC (22 ans) auraient été fusillés à Lyon le 3 mars 1944 et n'auraient pas trouvé la mort à Malleval le 29 janvier (Contrairement à ce qui est donc écrit sur leurs tombes)
Saint Nizier, fut pendant deux jours (13 et 15 juin 1944) le théâtre d'affrontements meurtriers entre des troupes de la Wehrmacht testant la défense du Vercors en son point géographique le plus faible et des résistants bien décidés à se battre. L'actuelle nécropole est d'ailleurs construite à l'emplacement même, le plateau Charvet, ou se livra une partie des combats. Plus d'une vingtaine de résistants y laissèrent la vie contre environ une dizaine d'allemands (Dans certaines publications, nous pouvons parfois lire des chiffres astronomiques quand aux pertes allemandes, de plusieurs dizaines à plusieurs centaines...)
GASTON | Joseph | Lafleur (2) | 13/06/1944 | Saint-Nizier | Mort au combat | 23 ans (2) | Résistant | Chasseur | Profession inconnue | Française | Membre du groupe de CHABAL | (1) Pierre Vial, Histoire du Vercors, 1943-1944 p 173, (2) Musée de la Résistance de Vassieux en Vercors, panneau 8, (3)Tombe à la nécropole de Saint Nizier |
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Profession | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | Complément | |
ISRAEL | Armand Ange (2)/ Paul (3) | 15/06/1944 | Saint Nizier du Moucherotte | Tué au combat | 28 ans | Résistant | Né le 27/06/1916 à Nue (Alpes Maritimes) | Française | (1) Nom inscrit sur le monument aux morts de Villard de Lans, (2)http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr, (3) Tombe à la nécropole de Saint-Nizier, (4) Musée de la Résistance de Vassieux, panneau 9 |
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | |
MASSELOT | Jean | 15/06/1944 | Saint-Nizier du Moucherotte | Mort au combat, le lendemain de son arrivé dans le VERCORS. | 25 ans | Résistant | Né e 07/09/1919 à Laucourt (Haute-Marne) (4) | Française | 6ème BCA (4) | (1) Pierre Vial, p180 ,(2) Musée de la Résistance de Vassieux, panneau 9, (3) Chronique du Vercors, 1943-1944, du maquis d'Ambel au martyre de Vassieux, Jean-Marc Collavet, 1994, p 93 (4) http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr |
Caporal chef dans la compagnie de l'adjudant-chef Chabal, (6ème BCA), Antoine Romier trouve la mort lors de la première journée de combats de Saint Nizier le 13 juin 1944. Surnommé "Dédé le mâle" par ses camarades de camp, il avait 24 ans. (1) Cité par Roland Bechmann, le Vercors raconté par ceux qui l'ont vécu p 332, (2) Musée de la Résistance de Vassieux en Vercors, panneau 8, (3) La section Chabal, Richard Marillier, 1994, p 114
En tout la nécropole abrite une dizaine de ses résistants. D'après les témoignages, au soir du 15 juin, par représailles, les troupes nazies détruisirent en grande partie Saint-Nizier, jettant dans le brasier les corps de maquisards, que leurs camarades n'avaient pas pu évacuer. Il n'est donc pas illogique que certains, impossible à identifier soient aujourd'hui enterrés à coté de leurs frères d'armes avec la mention Inconnu (Je trouve cela d'ailleurs assez terrible : Si le corps n'est pas retrouvé, c'est le cas pour J. CHIOSO ou pour A Seguin de REYNIES, une tombe avec l'identité du défunt est présente à la nécropole. Par contre quand il y a des corps non identifiés, il y a une tombe mais pas de noms. Or ces noms, de disparus/ corps non identifiés ne sont pas rappelés sur le site, sur une plaque commémorative par exemple)
La traque.
Les crimes de guerre
Jusqu'au jour de l'attaque générale du Vercors, les blessés du maquis se répartissent sur deux sites : à Tourtre et dans une maison d'enfants à la sortie nord du village de Saint-Martin. Le 22, les blessés et le personnel médical sont évacués sur la ville de Die, mais devant l'imminense de l'arrivée des troupes allemandes, le groupe fait machine arrière et remonte dans le Vercors.
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Profession | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources |
AMATHIEU | Marcel | 27/07/1944 | Grotte de la Luire, commune de Saint-Agnan en Vercors. | Blessé (Touché à la Grande Cabane), achevé à l'entrée de la grotte | 23 ans | Maquisard | Cuisinier (Il faisait aussi office de cuisinier à la section Potin, au maquis de Treminis) | Paris (Né le 1/12/1921) | Française | 11ème CUIR | (1) Plaque à la Grotte de la Luire, (2) Dossier JLP, musée de la Résistance de Vassieux : Fiche + 1 photo + lettre de sa soeur , (3) Tombe à la nécropole de Saint-Nizier |
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Profession | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | Complément | |
BAHR | Marcel | 27/07/1944 | Grotte de la Luire, commune de Saint-Agnan en Vercors. | Blessé achevé à l'entrée de la grotte. Fut blessé en mission de deux balles dans la cuisse gauche, le 16/07/1944 à Lans (2) ou Blessé lors des combats de Saint-Nizier (3) | 25 ans (Né en Pologne à Kolomyja en 1919) | Aspirant (1)/ Lieutenant (Grade iscrit sur la photo) | Française | 3ème compagnie du 6ème BCA (Brissac) | (1) Plaque à la grotte de la Luire avec le nom du résistant, (2) Dossier JLP. (Lettres, photographie et négatif), (3) Un 13 juin 1944. Faire parler les silences, Raymond Perret, 2013, p 95 | Corps enterré sur le site puis exhumé le 24/09/1944 par une équipe d'urgence de jeune secouristes de Villlard de Lans (1). S'était marié le 6/06/1944! à Grenoble. Engagé au Vercors, le 9/06/1944 |
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Profession | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | Complément | |
WALPERSWYLER | Paul | 27/07/1944 | Grotte de la Luire, commune de Saint-Agnan | Blessé achevé à proximité de la grotte. Fit sans doute partie des blessés ayant évacués la grotte avant l'arrivée des troupes nazies. Capturé, il fut ensuite exécuté. (Il fut blessé légèrement lors de la bataille de Saint Nizier, puis envoyer en renfort sur les Pas le 22, il y est sérieusement blessé. Evacué sur la grotte de la Luire | 23 ans (1) | Caporal. | Méaudre (Né et résident) | Française | 12ème BCA (Liste compagnie Philippe, musée de la Résistance de Vassieux) | (1) Plaques avec son nom : Grotte de la Luire et plaque simple et monument aux morts de Méaudre, (2) Musée de la Résistance de Vassieux en Vercors, panneau 19, (3) Tombe à la nécropole de Sait-Nizier | Selon les pionniers du Vercors, il fit parti du troisième groupe civil constitué à Méaudre en novembre 43. Son corps est découvert dans le charnier de la grotte de La Luire, et exhumé le 12 septembre 1944 avec l’aide d’allemands prisonniers. Selon Paul Jansen (Revue les Pionniers du Vercors, n°75, juin 91) | Son nom a tout d'abord été omis sur la stèle installée sur le parking de la Grotte de la Luire avant que sa famille, aidée en cela par M La Picirella, n'obtienne réparation. |
La traque.
Le 23 juillet en fin de journée, le lieutenant-colonel Huet, responsable militaire de Vercors donne l'ordre de dispersion ou selon une expression employée alors de maquiser le maquis. De nombreuses unités vont alors se fractionner et nomadier dans le Vercors dans l'attente du départ des soldats de la Wehrmacht. Cette dernière, à partir de la dernière semaine de juillet, et cela jusqu'au 8-10 août environ, va traquer sans relache les résistants du Vercors. Cette opération de ratissage va être lourde de conséquence. En outre de nombreux résistants, soit individuellement, soit par petits groupes, vont tenter de quitter le massif afin de rejoindre d'autres maquis (Oisans, Chambarand etc) ou pour certains avec l'espoir de rejoindre leur foyer. Mais l'armée allemande a positionné aux pieds du Vercors de nombreuses unités dont un régiment de police. De plus, les ponts sur l'Isère par exemple, sont gardés. Il va donc falloir franchir l'obstacle naturel que constitue cette rivière, à la nage. Une mission périlleuse dont certains en seront les victimes.
Robert Gaudillot était un résistant membre du 12ème BCA. S'étant fracturé une jambe, il est capturé en compagnie du commandant Philippe le 7/08/1944. Selon les témoignages, il aurait été brûlé vif dans la ferme Philibert au Charmeil ou il avait trouvé refuge. Le commandant Philippe, emmené à Grenoble, sera libéré le 22 août 1944, jour du départ des troupes allemandes de la "capitale des maquis"
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Profession | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | |
GAUDILLOT | Robert Louis Eugène (3) | 07/08/1944 (2) | Presles | Corps carbonisé. Maquisard blessé, capturé en compagnie du commandant Philippe. Brûlé vif dans la ferme Philibert au Charmeil (1 et 2) | 23 ans | Résistant (Caporal) | Né le 01/09/1921 à Grenoble. | Française | 12ème BCA | (1) Rapport du chef Philippe Blanc, professeur au lycée de Villard, chef des équipes d'urgence, (2) Rapport de la mairie de Prêles, dossier JLP, (3)http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr, (4) Musée de la Résistance de Vassieux, panneau 24 |
Nous savons peu de choses sur M Rebora Charles. Il aurait été tué (Source : Archives du Musée de la Résistance de Vassieux en Vercors) sur le territoire de la commune de Méaudre, le 1er aout 1944.
M Elie Julien SERVEN appartenait au 6ème BCA. Agé de 22 ans, il a trouvé la mort sur la commune de Rovon, le 28/07/1944/ A t-il été capturé puis fusillé comme cela fut souvent le cas pour ceux qui tentaient de decendre du Vercors ou s'est il noyé en tentant de traverser l'Isère à la nage, les ponts étant étroitement gardés par les soldats allemands?
Originaire de Romans sur Isère, M Roger GERARD, fut capturé puis fusillé à Saint-Paul-De-Varces, Isère, le 7/08/1944. Il était âgé de 19 ans.
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | |
GERARD | Roger | 07/08/1944 | Saint-Paul de Varces | Fusillé (1)/ Tué au combat (3) | 19 ans | Résistant. Membre d'un group franc à Romans (4) | Né le 15/03/1925 à Briançon. Résidant à Romans sur Isère (4) | Français | Compagnie Goderville (4) | (1) Musée virtuel de la Résistance, (2) http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr, (3) Musée de la Résistance de Vassieux, panneau 24, (4) "Jean Pierre aime la citronnelle" 1943-1944 Résistance entre Drôme des Collines et Vercors, Editions Mémoire de la Drôme, 2014; p 164, (5) Tombe à la nécropole de Saint Nizier |
Hyacinthe PENIA, dit Yvon, militaire de carrière, fut maquisard tout comme son frère au maquis de Malleval. Originaire de Tocqueville (Algérie) il rejoint ensuite le 11ème CUIR (Après la destruction du maquis de Malleval en janvier 1944) avant de prendre le commandemement de la section formée par les anciens du C5 (Méaudre) au sein de la première compagnie du 6ème BCA (Après le 21 juillet 1944 et la mort du chef du C5, M Henri Cheynis dit Noël à Autrans). Après l'attaque générale du 21/07/1944, le C5 va maquiser à l'ouest du massif, se déplaçant notamment en direction de Montaud. Le 3 août, une partie des survivants du C5 décident de quitter le massif du Vercors et tentent de traverser l'Isère à la nage. Cinq d'entre eux, dont Hyacinthe Penia se noyent alors. Son corps sera retrouvé un mois plus tard, le 1er septembre 1944. Il état âgé de 31 ans. Son frère, Vincent Penia, dit Loule, ancien maquisard (revenu un temps à la vie civile entre février et juin 1944) revient au Vercors le 9 juin 1944. Blessé grièvement le 21 juillet 1944 à la Croix Perrin, il restera 17 jours en forêt avant d'être secouru par le curée d'Autrans. Il décèdera de ses blessures en 1952.
Sources : 1) Le maquis du Vercors, 1943-1944, Pierre Vial, p 291, (2) La section Chabal, Richard Marillier, 1994, p 114 (3) Musée de la Résistance de Vassieux, panneau 23 (4) Tombe à la nécropole de Saint-Nizier.
Agé de 23 ans au moment de sa mort, M Roger Claudel a sans doute été arrêté avant d'être fusillé comme de nombreux autres patriotes à Saint-Nazaire en Royans. Selon un panneau du musée de la Résistance de Vassieux, il appartenait à la compagnie du Génie. Un important dossier de "recherches" (Pour connaître ses origines et les circonstances de sa mort) est présent au musée de la Résistance de Vassieux, fruit d'années de recherches de son fondateur, M Joseph La Picirella, lui même ancien maquisard du Vercors.
Robert ARMAND a été fusillé le 24/07/1944 sur la commune de Le GUA, aux pieds de la barrière orientale du Vercors. Il aurait été capturé dans le Vercors avant d'être fusillé sur cette commune, au lieu dit Revoleyre. Il était âgé de 34 ans et appartenait à la compagnie du Génie.
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | |
BAMBERGER | Henri/ Heintz Gunther (2) | 25/07/1944 | Rencurel, col de Romeyère | Tué à l'ennemi (2) | 31 ans | Résistant | Né à Berlin le 03/01/1913 (2) | Française? | Vercors (2) | (1) Musée de la Résistance de Vassieux en Vercors, panneau 16, (2) http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr |
Originaire de Romans sur Isère dans la Drôme, coiffeur de profession, membre de la compagnie Abel (12ème BCA), David Tanzi est fusillé à Saint-Guillaume, en tentant sans doute de quitter le Vercors, le 31 juillet 1944. Il était âgé de 27 ans.
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | |
GARCET | Robert Jean | 07/08/1944 (1 et 2), 30/07/1944 (3) | Saint Paul de Varces | Fusillé (2) | 23 ans | Résistant | Né le 06/01/1921 à Paris (2) | Française | 6ème BCA (2) | (1) Musée de la Résistance de Vassieux, panneau 24, (2) http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr, (3) Tombe à la nécropole de Saint-Nizier |
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources | |
BARRATA | Jacques | 12/08/1944 | Saint-Martin en Vercors | Fusillé. (M Barrata, blessé, avait quitté la grotte de la Luire le 22/07/1944) | 19 ans | Résistant, membre d'un Groupe Franc | Né le 31/03/1925 à Paris | Française | Membre du groupe Vallier | (1) Musée de la Résistance de Vassieux, panneau 25, (2)http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/ |
Le groupe de Jean Prevost
D'autres, enfin, ont trouvé la mort loin du massif du Vercors, notamment en s'engageant et en combattant dans l'armée française de Libération.
Nom | Prénom | Pseudonymes | Date de Décès | Lieu de Décès | Circonstance de la mort | Age | Grade dans le maquis | Profession | Commune d'origine | Nationalité | Compagnie | Sources |
ALLOUCHE | Fernand | Terrot ou Cousty | 19/08/1944 | Grenoble | Hospitalisé le 19/07/1944 à Saint-Martin, blessures multiples, Pris à Grenoble par des Waffen SS, torturé puis tué (3) sans doute lors d'une mission de reconnaissance. | 20 ans | Officier parachuté | Militaire | Constantine (Algérie), ville de naissance, le 9/11/1924 | Française | 2ème compagnie (Chabal) du 6ème BCA | (1) La section Chabal, Richard Marillier, 1994, p 114, (2) Musée de la Résistance de Vassieux, panneau 28, (3) Dossier JLP, musée de la Résistance de Vassieux: Fiche, photos, (4) Tombe à la nécropole de Saint-Nizier |
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18/01/2013
Tears of glory, un autre regard sur l'histoire du Vercors lors de la seconde guerre mondiale
Michael Pearson, Tears of glory- The betrayal of Vercors 1944, Edition Pan Books, 1978, 250 p.
I) Un résumé de l’ouvrage de Michael Pearson
Dès le titre de l’ouvrage, la thèse de l’auteur est clairement énoncée. Selon lui, l’organisation mise en place par la résistance dans le Vercors a été trahie. Et en parcourant les premières lignes, nous pouvons apprendre que selon l’auteur, cette trahison a été la résultante non des puissances alliés mais des services du général De Gaulle, établis à Alger, alors capitale de la France Libre.
Eugène Chavant, le "patron" civil du Vercors.
L’auteur appuis ses assertions sur les échanges qui se sont déroulés fin mai 1944 entre Eugène Chavant, le chef civil du Vercors d’une part, et le lieutenant-colonel Constans, l’un des responsables des services spéciaux à Alger (La DGSS, née de la fusion du BCRA et des services mis en place par le général Giraud en Afrique du Nord) et Jacques Soustelle, un proche, présenté comme le secrétaire du général de Gaulle et chef de la DGSS.
Parvenant à quitter le Vercors pour l’Afrique du Nord, Chavant se rend à Alger fin mai 1944, pour savoir si le projet Montagnard, projet élaboré et validé par les plus hautes autorités de la Résistance l’année précédente (Jean Moulin et le général Delestraint), était toujours d’actualité dans le plan d’ensemble visant à libérer la France du joug nazi. Non seulement Eugène Chavant s’est vu confirmer que ce dernier était toujours valide mais existant deux moutures du plan, une offensive et une défensive, c’est la première qui a été retenue, soit la plus complexe car nécessitant une aide extérieure.
En cas de débarquement allié en France, le plan Montagnard prévoyait de mobiliser dans et à l’extérieur du massif, puis de verrouiller le Vercors afin de le transformer en base opérationnelle contrôlée par la résistance. Il s’agissait ensuite d’en faire un « porte-avions » en territoire occupé et de « faire tache d’huile » aux environs du réduit afin de bloquer les communications dans la vallée du Rhône notamment. Dans sa mouture offensive, il s’agissait de plus d’accueillir des renforts aéroportés alliés pour lancer des opérations hors du massif en concomitance avec l’opération Anvil-Dragoun prévue dans le sud de la France.
L’idée simple sur le papier prévoyait donc d’agir sur les arrières des troupes allemandes afin de freiner au maximum les mouvements de troupes et de menacés de manière constante les lignes d’approvisionnement de la Wehrmacht.
L’auteur parle de trahison car le colonel Constans de la DGSS à Alger promit plus de 4000 parachutistes à Chavant, qui en demandait deux fois moins alors qu’il ne semble que le premier n’eut jamais les moyens de mobiliser tant de moyens pour une telle opération. Chavant, lui, conforté par de tels propos et par l’assurance de son interlocuteur, retourna ensuite en France pour annoncer la bonne nouvelle aux principaux responsables militaires de l’Armée secrète, au premier rang desquelles se trouve Marcel Descours, chef d’état-major de R1 (Rhône-Alpes) dont le Vercors fait intégrante et François Huet, nouveau commandant militaire du massif.
Or Descours et Constans ont fait l’école de guerre sur les mêmes bancs. Ce fait souligné dans cet ouvrage, et la foi dans la parole donnée, explique sans doute sa précipitation à ordonner le verrouillage du Vercors alors que ses principaux subordonnés semblaient plus pondérés et attentistes.
L’ordre de verrouillage du maquis fut donc lancé dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, deux jours après le débarquement en Normandie sur l’assurance rapportée d’Alger que le Vercors recevrait des renforts alliés afin de mettre en œuvre le projet montagnard. Les alliés étant à 800 km de là et le débarquement allié en Méditerranée n’étant prévu qu’à la mi-août, ce que bien entendu les responsables du maquis ignorent, le Vercors fut donc livré à lui même, espérant une aide qui ne viendra jamais. Soulignons que bien que l’opération Anvil ait eu lieu dans le sud de la France, le premier ministre britannique cherchait encore en juillet à convainque les chefs d’état-major américain d’engager une opération visant directement l’Allemagne, via la Yougoslavie et l’Autriche…Le projet montagnard, plan ambitieux, ne fut jamais inscrit dans le plan d’ensemble allié.
Mais l’auteur, qui a eu accès aux archives britanniques et américaines et qui base une partie de son ouvrage sur les souvenirs des principaux responsables du maquis mets en évidence d’autres éléments qui ont conduit ces derniers à éprouver le sentiment d’avoir été trahi. Outre les renforts promis mais dont Alger ne disposait pas, l’état-major FFI du Vercors fut constamment induit en erreur et les messages émis par ces radios furent souvent sans réponse.
L’état-major demanda à plusieurs reprises le bombardement de l’aérodrome de Chabeuil, utilisé tout d’abord pour les reconnaissances aériennes allemandes avant de servir de principal support aux attaques de bombardiers. Il ne fut la cible d’une attaque de l’aviation alliée qu’après l’attaque générale du Vercors, le 21 juillet 1944, erreurs de bombardement, conditions météorologiques…ayant servi de prétexte pendant de longues semaines pour retarder l’opération, pourtant primordiale pour la survie du maquis du Vercors.
Autre fait, qui justifie selon l’auteur sa thèse, jamais les principaux responsables du Vercors n’ont été prévenu qu’ils étaient dans le faux. Il semble au contraire qu’ils étaient maintenus (sciemment ou non) dans l’ignorance et l’erreur.
Confortés au départ dans l’idée que le Vercors devait jouer un rôle à part dans le processus de libération nationale dans le cadre du projet Montagnard, l’ordre de dispersion de Koenig, daté du 10 juin 1944, fut considéré comme une consigne qui ne touchait pas le maquis du Vercors. De plus, la mobilisation s’étant faîte dans l’euphorie, et bien peu dans la discrétion, il était hors de question pour les chefs militaires, à la fois de laisser sans défense les populations civiles du plateau « compromise » et de renvoyer chez eux les compagnies de sédentaires montées au Vercors après l’ordre de regroupement.
Ensuite, il n’y eut aucune mission, ni aucun message décourageant les chefs du Vercors. Bien au contraire, de nombreuses missions alliées, notamment des équipes de radios furent envoyées dans le Vercors, confortant ainsi les chefs dans leur idée majeur, le rôle essentiel alloué au massif dans la libération du sud de la France.
Les conditions météos, mauvaises, furent avancées par Alger pour justifier les retards, notamment dans le parachutage d’armes et l’arrivée de renfort.
Alors que le Vercors était en voie d’être encerclé, une mission des services spéciaux français fut même envoyée dans le Vercors pour construire une piste d’atterrissage pour des avions de transports alliés. Une fois construite, elle fut jugée trop petite pour des avions de type Dakota. Elle fut donc agrandie…avant d’être en partie utilisée par des planeurs allemands le 21 juillet 1944, jour de l’attaque générale du Vercors. Le capitaine Tournissa, chef de cette mission parachutée début juillet 1944, fut tué fin août aux pieds du massif.
Au plus fort de la bataille, le 23 juillet, alors que l’échec du Vercors se dessinait, la DGSS annonçait par message codé qu’elle pouvait envoyée 44 hommes au total en renfort, bien loin des… 4000 promis à Chavant. L’auteur souligne que plus de 1800 hommes, des parachutistes de la France libre attendant pourtant une mission, alors qu’ils sont basés près d’Alger ou en Sicile. Ils se surnommaient alors les « paratouristes ».
De plus, l’auteur nous livre une présentation des arcanes de la France Libre, de la querelle de prérogatives entre responsables militaires en passant par les arrières pensées politiques sous fond de libération nationale.
Le général Koenig fut nommé début 1944 responsable de la résistance française, les différents mouvements étant intégrés au sein des Forces Françaises Libres (FFI). Basé à Londres, et responsable de la zone nord, il se confronte ainsi au général Cochet, responsable du théâtre d’opération méditerranéen. Le Vercors, lui se relève être sur la ligne de partage des compétences des deux généraux…
Outre ce conflit d’attribution, Micheal Pearson met en lumière les différentes manœuvres et plans. L’opération « Patrie » proposée par le ministre de l’Air, Fernand Grenier, communiste, visant à apporter une aide à la résistance du Vercors en rassemblant un ensemble de vieux avions français semble avoir été délibérément écarté malgré l’aval reçu au départ de la part du cabinet du général de Gaulle.
De plus, alors que les maquisards du Vercors sont dans l’expectative du déclenchement de l’opération Montagnard, certains responsables des services spéciaux français construisent le pendant de ce projet, mais dans le massif central, dans le Mont Mouchet. Il s’agit du projet C ou Caïman. Lui, non plus ne verra pas le jour.
Outre cette présentation des arcanes des services spéciaux, inscrit dans la chronologie de la période étudiée, juin et juillet 1944, l’auteur brosse un portrait fidèle du Vercors, fait d’anecdotes et de points historiques.
Ayant mobilisé trop tôt, dans la foulée du débarquement en Normandie, le Vercors n’a pu jouer de rôle opérationnel propre, ayant été en partie décimée par une opération militaire allemande de grande envergure.
En se privant des rares éléments de supériorité tactique (surprise, mouvement notamment), la résistance du Vercors renouant avec le modèle de l’armée française de 1939 (statisme, attente) en attendant une aide providentielle alliée, s’est ainsi laissé piégée, la forteresse se transformant pour beaucoup de ces membres en sourcière mortelle.
Pour terminer soulignons que le travail de Michael Pearson semble avant tout un récit historique et non l’œuvre d’un historien.
Il Une analyse du travail de recherche de Michael Pearson
L’auteur, Michael Pearson, base son travail notamment sur des entretiens qu’il a pu réaliser avec certains des principaux acteurs de la résistance dans le Vercors, et sur des sources non publiées auxquelles il a pu avoir accès (quatorze au total dont les références sont publiées en annexe de la bibliographie). Il nous livre donc un récit historique basé sur les souvenirs de chacun, notamment d’Eugène Chavant, et Marcel Descours.
Il permet ainsi de mieux appréhender les réflexions de ces derniers afin de mieux comprendre leurs décisions de l’époque et motivations basées, comme le souligne l’auteur sur ce qui constitue selon lui, une trahison.
Il utilise également des sources manuscrites, pour l’essentielle constituées d’œuvres d’anciens du maquis du Vercors ou de ses environs proches (Plus de la moitié des trente sources cités dans la bibliographie sont ainsi le produit de personnes ayant eu un rôle actif dans la résistance)
L’essentiel de l’ouvrage se concentre sur la période juin-juillet 1944, de la mobilisation et du verrouillage à l’attaque générale du Vercors. Le premier chapitre est d’ailleurs consacré au premier jour de la bataille de Saint-Nizier, le 13 juin. Puis, l’auteur opère un léger retour en arrière en présentant le voyage à Alger de Chavant et les principaux propos échangés en mai 1944 avant de nous replonger au cœur du Vercors mobilisé.
Contrairement à de nombreux ouvrages écrits soit par des anciens du maquis soit par des historiens, l’auteur ne suit pas le parcours habituel avec ses principales étapes que je peux énumérer ci-dessous :
- Vercors d’avant-guerre, la guerre de 39-40 et ses conséquences, les débuts de la résistance dans le Vercors, la genèse du Plan Montagnard, la présentation des différentes phases de l’organisation du maquis, les premiers combats de 1944…
Le projet Montagnard est présenté aux travers des attentes des responsables du maquis, dans l’expectative, attendant chaque jour des renforts promis et qui ne viennent pas.
Les premières escarmouches de 1944 sont évoquées, elles, pour, présenter les faiblesses du Vercors.
III) Apports et les limites du travail de Michael Pearson.
Bien que certains aspects de l’histoire du Vercors soient l’objet d’un minutieux travail de recherches, l’œuvre proposée comporte cependant certaines limites et lacunes. Nous avons pu relever notamment de nombreuses fautes tant au niveau des chiffres fournis que de certains lieux géographiques présentés. De plus, l’auteur reprend certaines assertions, qui constituent les mythes du Vercors.
A) Les critiques que l’on peut formuler.
a) La présence des SS.
Ainsi, basé en grande partie sur des témoignages d’anciens du maquis du Vercors et sur les propos tenus par certains responsables, il reproduit les clichés inlassablement répétés. Les unités spéciales employées dans le Vercors appartiennent selon l’auteur à la SS, armée distincte de la Wehrmacht, symbole de la barbarie et de la violence comme en témoigne le massacre d’Oradour sur Glane. Soulignons que le martyr de Vassieux en Vercors fut présenté après-guerre comme un second Oradour. Pour autant, bien que des crimes aient été commis notamment à Vassieux et à la grotte de la Luire, les unités engagées notamment dans l’opération aéroportée appartiennent toutes à la Wehrmacht qu’ils s’agissent des gebirdjäger, des unités de police ou du commando ayant été aéroporté à Vassieux.
Nous savons aujourd’hui que le Vercors fut attaquée par plusieurs formations, notamment la 157ème division de réserve et par un détachement de la 9ème division de blindée. En tout, 10 000 hommes engagés à tour de rôle et non simultanément, soit l’équivalent d’une division. Face aux 3000 à 4000 hommes du maquis du Vercors, partiellement armée, ce chiffre est déjà impressionnant.
Il y eu bien un bataillon de légionnaires de l’est, un Ostbataillon, constitué d’anciens prisonniers de l’armée soviétique, utilisé en tant que force de répression. Cette unité, composée « de mongols » a laissé des traces funestes dans le Vercors et sur ces contreforts, mais il s’agit là encore d’une unité intégré à l’armée régulière.
b) Les forces en présence.
Après-guerre, pour tenter de justifier la tragédie du Vercors, la mort de centaines de personnes et la destruction de nombreux biens, un autre mythe fut construit par les dépositaires de la mémoire du massif : Celui du sacrifice de quelques centaines de maquisards, retenant ainsi loin du front de Normandie, l’équivalent de trois divisions, soit entre 25 000 et 30 000 hommes. Bien que l’auteur ne retienne pas cet axiome, il n’en évoque pas moins le chiffre de 20 000 hommes, ce qui constitue une estimation exagérée. Les forces allemandes engagées sont aujourd’hui estimées à 10 000 hommes, formant diverses unités dont deux régiments d’infanterie de montagne, un bataillon de police…
Il en est ainsi de nombreux chiffres cités dans cet ouvrage, notamment ceux concernant les pertes allemandes. Aujourd’hui estimés en moyenne à 150 hommes, selon différentes sources, elles furent parfois souvent exagérées. (A titre d’exemple, Paul Brissac, commandant la compagnie de sédentaires de Grenoble, dans l’ouvrage Le Vercors, par ceux qui l’ont vécu, affirme que 400 allemands ont été tués lors des combats de Saint Nizier en juin 1944. On sait aujourd’hui qu’ils n’en ont perdu moins d’une dizaine…) Ainsi, les principales attaques ou combats entrepris par les maquisards énoncés dans l’ouvrage nous donnent des pertes du côté allemand plus que disproportionnées.
- Bataille de Saint-Nizier, les 13 et 15 juin 1944
- Attaque du pont Chabert, le 21 juin 1944
- Embuscade de Lus La Croix Haute, 10 juillet 1944
c) Une non remise en cause du plan Montagnard.
Tout au long de l’ouvrage, qui couvre la période comprise entre le voyage de Chavant à Alger (mai 44) et l’attaque générale du Vercors (juillet-août 1944), l’auteur nous présente l’état d’esprit des principaux protagonistes, leurs réactions et leurs humeurs.
Tout au long de cette période, ces derniers attendent des renforts annoncés qui ne viennent pas.
L’auteur ne remets jamais en cause le bien-fondé du plan montagnard ni les demandes envoyées, tant à Londres qu’à Alger par les principaux responsables militaires du Vercors.
Les demandes en mortiers et en artillerie de montagne, souvent indiquées dans les messages envoyées se heurtent pourtant à une réalité crue : Peu d’hommes sachant se servir d’un tel équipement parmi des milliers de volontaires souvent peu formés, et peu ou pas de moyens de transports et de tractions (des mulets par exemple) pour ce site escarpé de moyenne montagne.
De plus, le Vercors fut souvent présenté comme une forteresse, une citadelle imprenable, un porte-avions possible en territoire occupée. Si des renforts aéroportés avaient été envoyés dans le Vercors, comme cela avait été prévu dans le projet Montagnard, il est fort possible qu’ils aient pu être bloqué par d’importantes troupes de la Wehrmacht, les issues pouvant facilement être gardées, des centaines de maquisards en faisant la mortelle expérience en tentant de redescendre en plaine après l’attaque générale.
La libération de Grenoble devait intervenir à J + 90 après le débarquement sur les côtes de Provence. Dans les plans alliés, si le projet Montagnard avait été mené à bien, les hommes parachutés auraient dû compter en partie sur les réserves, bien limités, de leur territoire d’accueil et cela pendant près de trois mois. Grenoble fut libérée à J + 7.
En ayant concentré de nombreuses unités, notamment les sédentaires de la plaine iséroise, faisant ainsi passer les effectifs du maquis du Vercors, de 300 à plus de 3000 en quelques jours, l’état-major du maquis du Vercors a pris le risque de rassembler « tous ces œufs dans le même panier », privant ainsi d’autres territoires de forces importantes au moment du débarquement de Provence.
Le Vercors fut échec qui coûta la vie à des centaines de personnes. Le dire aujourd’hui constitue toujours un tabou.
B) Des informations intéressantes.
Cependant ce récit historique nous livre quantité d’informations sur les mois de juin et juillet 1944, non sur la vie des maquisards durant cette période mais sur la vie et les réflexions des principaux décideurs.
Tout d’abord il apporte des éclairages précieux sur les principales personnalités du Vercors :
- Eugène Chavant, le responsable civil du Vercors
- Narcisse Geyer, le responsable militaire du sud du Vercors.
- François Huet, le responsable militaire du Vercors.
- Vincent Beaume, chef du deuxième bureau et ministre de la justice du Vercors.
Il nous présente un éclairage intéressant sur les conflits de personnalités, les origines politiques des principaux protagonistes et les conséquences que cela a pu avoir sur l’organisation du Vercors.
La personnalité complexe de Geyer est abordée par l’auteur à partir des mémoires de ce dernier. Officier n’hésitant pas à parader en cheval et en grande tenue, caricature même de l’officier de l’armée traditionnelle, il affirme après coup avoir été l’un des principaux critiques face à la stratégie employé par son supérieur immédiat, Huet. En effet, il se présente comme un partisan de la guérilla et dénonce la volonté de son officier supérieur à vouloir mener une guerre de position basée sur le maintien de petites unités sur l’ensemble des points d’accès du plateau. La nature de Geyer a indisposé de nombreux maquisards…
Cet ouvrage nous présente une page intéressante sur l’histoire de la police militaire et de la justice dans le Vercors lors de cet été 1944 alors que la République a été restaurée dans le massif et que les lois du régime de Vichy ont été abolie.
Il nous présente différentes informations dont détenus et les motifs de leurs arrestations. Il aborde également les conséquences de ces dernières et montre les premiers prémices de la justice dite populaire.
IV) Une approche de l'historiographie
L’ouvrage a été publié en 1978, époque où les principales recherches entreprises concernant la résistance dans le Vercors n’avaient pas été lancées. En effet à cette date, en se référant à la bibliographie présentée, seuls les deux ouvrages de Paul Dreyfus (Vercors-citadelle de la liberté, 1969 et Histoire de la résistance en Vercors, 1975) et celui d’Henri Michel (Histoire de la Résistance en France, 1965) peuvent servir de référence.
Comme nous l’avons déjà souligné, la plupart des ouvrages et récits publiés jusqu’alors ont été le fait d’anciens du maquis du Vercors, évoquant l’histoire du Vercors via le prisme subjectif de leur histoire personnelle.
Aujourd’hui, l’idée que le Vercors a été trahi, notamment pour des motivations politiques a été remis en cause, notamment par Gilles Vergnon, l’un des meilleurs spécialistes du massif. En effet, quelques années après la libération, le PCF, « le parti des 75 000 fusillés » avait donné une nouvelle dimension à cette thèse après s’être accaparé l’histoire du Vercors pour la transformer en exemple même du maquis sacrifié par le pouvoir gaulliste car orienté politiquement. Depuis un amalgame avait pu s’opérer dans l’esprit de beaucoup, confondant l’organisation Franc-Tireur, fondé par Jean Pierre Levy, orientée certes au centre gauche et l’organisation Franc-Tireur et Partisan, groupe paramilitaire, émanation du Front National.
Nul doute pour autant que des propos, tenus sans doute dans une certaine euphorie sous fond de libération prochaine du territoire national, ait pu conduire les principaux responsables du Vercors à prendre des décisions hâtives, notamment celle de verrouiller, puis de concentrer de fortes formations sur un point fixe.
Si le Vercors n’a pas été trahi intentionnellement, le pouvoir gaulliste ayant voulu se débarrasser d’un maquis orienté dans une lutte politique engagée pour le contrôle des territoires libérés, il n’en reste pas vrai que l’attitude de certains responsables à Alger a pu induire en erreur les dirigeants du maquis du Vercors, dès le 6 juin, les maintenant ensuite dans cette situation jusqu’au dénouement tragique, fin juillet 1944.
V) Intérêt de l'ouvrage pour vos propres recherches
Il s’agit ici d’un rare exemple d’un livre étranger traitant de la question du Vercors lors de la seconde guerre mondiale. Un autre ouvrage traitant de missions secrètes, celui de E.H Cookridge, Missions spéciales, l’épopée du Vercors, la libération de Bordeaux, 1967, évoque également la tragédie du massif mais parmi d’autres territoires d’études.
Bien que l’ouvrage n’évoque que peu ma zone d’étude, les maquisards s’étant replié de cette dernière durant la période étudiée par l’auteur, il m’a cependant permis d’enrichir mes recherches, notamment en ce qui concerne les dissensions s’étant déclenchés envers les différents protagonistes, entre Chavant et Geyer d’un côté et entre ce même Geyer et Huet de l’autre.
Il a pu également considérablement accroître mes connaissances sur différents lieux, ayant été utilisé par les maquisards en cet été 1944.
Le livre de Gilbert Joseph, Combattant du Vercors, publié 1972 se voulant très critique envers le commandement militaire du Vercors, un travail de comparaison a pu être élaboré entre les accusations de l’auteur et les justifications proposées dans l’ouvrage de Michael Pearson.
En effet Gilbert Joseph parle de trahison…mais en évoquant l’attitude des principaux responsables du Vercors, seul le commandant Costa de Beauregard trouvant grâce à ces yeux.
Ce livre a confirmé certaines déductions que j’avais pu déjà opérer grâce à mes recherches conduites précédemment. Il apparaît désormais clair qu’à partir de la mi- juin 1944, les maquisards se sont repliés de ma zone d’étude (Autrans-Méaudre) pour se concentrer dans la partie sud du massif ne lançant que des patrouilles de reconnaissances dans ce secteur.
Ils tiendront donc au matin du 21 juillet 1944 des positions, notamment à la Croix Perrin, sur lesquelles ils ne sont installés que depuis la veille. Ils s’engagent ainsi dans une guerre de position alors qu’un obstacle n’a été créé sur le principal axe de pénétration que constitue la route reliant Lans à Autrans, qu’une position de tir n’a été aménagée. Les principaux responsables du Vercors ont certes attendu en vain des renforts pendant plus d’un moins mais la stratégie employée pour contenir une attaque allemande qui se dessinée un peu plus chaque jour ne fut pas en adéquation avec les forces et la tactique employées.
A Vassieux, il y avait trop peu de mitrailleuses lourdes pour protéger le terrain d’atterrissage en cours de construction alors que certaines avaient été déployées près de Saint Martin en Vercors, certainement pour protéger le PC de la résistance mais où elles ne furent pas d’une grande utilité.
A Valchevrière, quelques obstacles avaient été dressés mais la principale position de défense avait été construite près du Belvédère, l’un des rares endroits de cette route forestière reliant Villard à Saint Martin en Vercors qui était à découvert, et donc facilement repérable par le Fieseler-Storch employé par les allemands.
Le PC de Jean Prévost, Goderville, l’un des principaux responsables de la défense du Vercors en tant que chef de la 3ème compagnie du 6ème BCA était installé dans une petite maison, seule et unique au milieu de la plaine d’Herbouilly, une cible facilement repérable également.
Les maquisards installés aux Pas, au sud est du massif, n’étaient que quelques dizaines, l’état-major ayant considéré que l’ennemi n’utiliserait pas ces axes de progression dans le Vercors faisant fi d’un adage datant de la première guerre qui considérait comme nul, un obstacle n’étant pas battu par le feu. (Comme la forêt des Ardennes en 1940). Ils durent affronter deux bataillons de gebirdjäger.
En 1944, seules huit routes, souvent étroites et en encorbellement permettaient d’accéder au cœur du Vercors. Mais le massif se trouvant en moyenne montagne, même les sentiers les plus escarpés étaient franchissables, comme l’on démontrait les forces allemandes. Vouloir défendre cet ensemble de routes, de chemins, de sentiers et de pas s’avéra une gageure.
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03/01/2012
Nouveaux objets, nouveaux projets
Bonjour à tous.
Je vous présente dans cette note de nouveaux objets militaires et civils qui seront rajoutés dans les semaines à venir à l'exposition consacrée à la seconde guerre mondiale et à la résistance dans le Vercors. Il s'agit d'objets glanés à droite, à gauche, et qui peuvent être chacun de puissants supports visuels pour mes interventions.
Lecteurs, lectrices, près de 200 en moyenne chaque jour selon les statistiques données par mon hébergeur, n'hésiter pas à intervenir pour donner des précisions éventuelles sur ces objets. Dans les semaines à venir, je publierais des photos de l'ensemble de l'exposition avec des descriptifs de tous les objets et ils sont nombreux. Si vous avez des suggestions ou des propositions, contacter moi. Le but de l'exposition reste toujours le même : Démocratiser l'accès aux pièces relatives à la seconde guerre mondiale. Le public que j'accueille à Autrans est constitué essentiellement d'enfants de CM2 et de collégiens de Grenoble qui lors des interventions consacrées à cette période peuvent manipuler l'ensemble des objets présents : uniformes,casques masque à gaz,téléphones militaires,médailles,journaux,objets civils de la vie d'autrefois...
Tout d'abord ce magnifique uniforme complet de général de brigade de la 1ère armée française, 5ème division blindée. Je n'ai pas de certitude sur la période pour cette tenue, la situant pour l'instant dans les années 60.
Emblème de la 5ème DB
Je disposais déjà d'une petite dizaine de masques à gaz français (1938 et 1939) pour l'exposition mais il me manquait celui typique de l'armée allemande avec sa boîte couleur feldgrau. J'essai de monter un soldat "standart" de la wehrmacht pour que le public visualise ce qu'était un "vert de gris". Je possède déjà la feldblüse, la casquette du soldat, une paire de bottes d'officier,une cartouchière, une gourde, une gamelle, une baïonnette avec fourreau et le porte baïlonette en cuir, une pelle et son étui en cuir, un téléphone de la Wehrmacht (Ce qui fait un ensemble un peu éclectique mais c'est un début)...et bien sûr un casque, mêmes plusieurs mais bien marqués par le temps. Mais reste à dénicher le ceinturon et le brelage, bref les pièces les plus honéreuses....
Le nom du sous officier allemand est encore indiqué à l'intérieur du boitier.
Les verres de rechanges pour le masque sont également présents, ce qui rend cet ensemble encore plus intéressant.
Comme presque tout les objets militaires allemands, celui possède un marquage.
Je vous présente les bottes allemandes dite Grand Froid, créees pour les soldats combattants dans des territoires aux températures polaires. Nombreux furent les soldats victimes de graves gelures sur le front russe durant l'hiver 1941, la Wehrmacht n'ayant pas équipé tous ces soldats de ce type de fourniture.
Quel meilleur symbole pour parler du pillage de territoires entiers commis par l'Allemagne nazie que ces sacs allemands, servant notamment au transport de farine, du charbon et de bien d'autres ressources. Je présente également durant l'intervention différents tickets de rationnement.
Ci dessus, un porte document typique de l'armée allemande. J'en ai récupéré un autre en poil de vache comme les sacs à dos réglementaires de la Wehrmacht et je pense qu'il est bien plus rare, n'en ayant jamais vu sur des sites de mise en vente comme yabe.
J'ai acquis également quelques objets pour illustrer mon thème favori, la Résistance en France, ainsi que des objets d'époque.
Brassards de résistants, l'un avec croix de Lorraine et un petit morceau de tissu renvoyant au premier.
Voici quelques médailles parmi d'autres : Médaille de la Résistance, Médaille des Evadés, Médaille de la Valeur militaire et enfin une petite broche FFI.
Enfin quelques documents ou objets civils qui viendront compléter l'exposition.
Carte d'Identité de septembre 1940.
Mon projet actuel se résume en quelques lignes. Il s'agit pour moi d'intervenir sur des centres accueillants des classes de neiges ou de découvertes et de proposer mon exposition et mes explications pour une durée comprise entre 1h30 et 2 heures. En hiver notamment, accéder au musée de la Résistance de Vassieux (Je fais vraiment piètre figure à côté...) ou au mémorial de la Résistance, n'est pas chose aisée. Les horaires et la question du transport entravent les visites de ces deux magnifiques lieux de mémoire. Je me propose donc de combler en partie cette lacune en présentant une exposition-intervention centrée sur la Résistance dans le Vercors en particulier, ou de manière plus générale sur la Résistance lors de la seconde guerre mondiale , auprès de différentes structures ou organismes qui en feraient la demande et cela dans une zone géographique confinée pour l"instant aux "Quatre Montagnes". L'exposition sera en partie montée la semaine prochaine au centre Echarlière du village d'Autrans. Ce sera l'occasion de publier de nouvelles photos.
Bonne année à tous.
11:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grenoble, quatre montagnes, méaudre, vareuse, uniforme, tunique, veste, général de brigade, ww2, wwii, 39 45, guerre mondiale, casque, bottes allemandes, brassard ffi, résistance, vercors, guerre, allemand, heer, wehrmacht, sac allemand, sac, boite us, aigle allemand, mag, masque à gaz, munition, médailles allemandes, militaire, débarquement, exposition, autrans, maquis, guerre 39 45, waffen, armes, munitions, vieux papiers, occupation, libération, de gaulle, pétain, hiler, nazisme, histoire, actu, actualités, blog, ffl