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20/02/2013

Résistance à Méaudre, une intervention de Michèle Morel.

    Ce lundi, une rencontre était organisée avec Michèle Morel à Méaudre pour évoquer la résistance dans le Vercors lors de la seconde guerre mondiale.

 

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La présentation commença par une petite visite du village afin de découvrir les principaux lieux de mémoire, notamment les maisons des pionniers de la résistance, à savoir la boulangerie de Léon Vincent Martin et l'hôtel de la Poste tenu par la famille Rochas, lieu où se tenu notamment la réunion Monaco en janvier 1944. (Il s'agissait de préparer l'organisation civile qui devait se mettre en place dans le département de l'Isère à la Libération)

Une mise en contexte du Vercors fut ensuite présentée, de la drôle de guerre à l'occupation allemande de notre région en septembre 1943. (Le régime de Vichy, l'occupation italienne entre novembre 1942 et septembre 1943)

 

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Qui furent les pionniers de la résistance dans cette partie du Vercors, dénommée les quatre montagnes? Tout d'abord, nous trouvons un mouvement naissant à Villard de Lans, regroupant les frères Huillier, propriétaires d'une compagnie d'autobus, le docteur Eugène Samuel et son frère Simon, Jean Glaudas, un négociant en bois, Théo Ravachot, un hôtelier, ou encore Edouard Masson, le gérant d'une sucursale banquaire. Ce groupe sera mis en contact avec le mouvement Franc-Tireur de Grenoble par l'intermédiaire du docteur Léon Martin. (Ancien maire de Grenoble, député en juillet 1940, il fait des 80 parlementaires ayant refusé d'accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain)

Ces derniers vont à leur tour prendre contact en juin 1942, selon Gilles Vergnon, avec l'équipe crée à Méaudre sous la houlette notamment de Léon Vincent Martin, Marcel Rochas et George Buisson notamment.

Dès août 1942, le gouvernement de Pierre Laval, revenu depuis peu au pouvoir, se lance dans une politique de collaboration renforcée avec l'Allemagne nazie. Le jour même ou Laval déclare souhaiter la victoire de l'Allemagne en Europe, le principe de la Relève est énoncé. Il s'agit du retour en France d'un prisonnier de guerre (Ils sont encore plus d'1,5 million en Allemagne à cette époque) pour trois ouvriers spécialisés partant travailler dans les usines du Reich. Il suffit de faire un simple petit calcul de mathématique pour se rendre compte à quel point cette mesure était inique...

Cette politique se révèle rapidement un échec et la demande allemande en main d'oeuvre se révélant de plus en plus pressante, le S.T.O, annoncé fin 1942, devient obligatoire en février 1943.

Dans le Vercors, et plus précisément à Méaudre, les premiers réfractaires acceuillis sur la commune sont cinq hommes originaires de Pont en Royans, voulant échapper dès fin 1942 au service de la Relève.

Hébergés un temps dans la ferme du négociant en bestiaux, George Buisson, ils sont ensuite hébergés à la cabane du Cru, site situé au dessus des hameaux des Eymes. Ils sont notamment ravitaillés par une fille de la ferme Durant-Poudret, Marie, qui aide également Valentine à la mairie du village. Tout cela est fait avec conviction dans un cadre nouveau, car il n'y a pas eu de précédent.

Le STO va faire bondir les effectifs de réfractaires à dissimuler. Bien que le dernier livre d'Olivier Wiervorka  (Histoire de la Résistance), publié début 2013, apporte un éclairage nouveau sur les réfractaires du STO, une grande majorité s'étant caché à proximité de leur domicile, voire en restant carrément chez eux, quelques dizaines d'hommes viennent chercher refuge dans le Vercors, et notamment sur les communes de Méaudre et d'Autrans.

En passant, soulignons que passer du statut de réfractaire à celui de maquisard, celui qui a pris le maquis (avant pour certains de devenir des résistants) expose les jeunes hommes à la peine de mort.

       Alors qu'au sud du massif, le camp d'Ambel accueille dès janvier 1943 les premiers réfractaires, notamment des chéminots de Grenoble, la commune de Méaudre voit ses effectifs grossir de plusieurs dizaines de membres entre février et avril 1943. Les cinq premiers réfractaires à la Relève sont bientôt rejoint par de nombreux autres. La cabane du Cru devient vite trop petite. Il faut trouver d'autres refuges. Ce sera la cabane d'Achieux et la cabane des feuilles notamment. En quelques mois, c'est un véritable petit hameau qui se crée sur les hauteurs à l'ouest du village. Le lieu dit Gros Martel abritera lui aussi plusieurs cabanes, dont El Rancho qui aura pour mission de servir d'abattoir et qui sera incendié accidentellement.

Il faut fabriquer des faux papiers pour ces futurs maquisards. Les deux secrétaires de mairie s'en chargent en resucitant au passage quelques individus décédés recemment pour que les jeunes aient des identités du pays.

 

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Il faut également les nourir. Des tickets de rationnement, volés notamment à Grenoble par le groupe Vallier ou la boulangère de Méaudre qui joue la comédie et se plaint de ne rien comprendre en jouant l'imbécile, le jour d'une inspection dans son établissement. George Buisson, lui, est également négociant en bestiaux et il arrive donc qu'une vache s'égare dans la montagne. C'est la même chose pour des génisses du maire d'Autrans, M Guillermet.

Madame Morel nous a ensuite présenté les grandes lignes du projet montagnard et les principaux protagonistes civils, Chavant, Dalloz, Prevost ou militaires, Le Ray et Huet du Vercors.

Mais ce qui fait toute la force de la présentation de Michèle Morel, c'est qu'elle même a été touché par les évènements tragiques s'étant déroulé dans le Vercors en juillet et août 1944.

Son père, Jules Jarrand reçoit comme des centaines de milliers de jeunes une convocation pour partir travailler en Allemagne. Demandant l'avis de son frère, il décide de s'y soustraire et part tout d'abord se cacher aux Feneys (Autrans) où il y reçoit une instruction rudimentaire, aucune arme n'ayant été parachuté à ce stade dans le Vercors.

Lucien Jarrand, lui, est chauffeur de car pour la compagnie Huillier. C''est lui notamment qui se charge de faire monter dans le Vercors certains futurs maquisards. Marc Serratrice, ancien maquisard du C3 arrive en juillet 1943 à Autrans, transporté jusque là par Lucien, qui l'oriente ensuite chez le docteur Chauve, une autre figure de la résistance autranaise.

Dans la nuit du 13 au 14 juin 1944, alors que vient de se terminer la premier jour de la bataille de Saint-Nizier, un parachutages d'armes est réalisé sur le terrain "sous main" de Méaudre. Les armes récupérées sont directement envoyées pour les combattants de Saint Nizier, dont des membres des équipes civiles de Méaudre et d'Autrans.

Le 14 juillet, un avion allemand vient semer la terreur à Autrans en mitraillant au hasard. La famille Morel doit se jeter dans un fossé pour se protéger des tirs du chasseur.

Le 21 juillet 1944, les forces de la Wehrmacht lance une grande offensive contre le maquis du Vercors. Le 23, l'état major ordonne la dispersion générale. Alors que certains vont passer plus d'un mois en pleine nature, se nourissant de racines ou de viandes bouillies, d'autres font le choix de  regagner leur domicile.

Ce qui fut le cas pour de nombreux membres de la compagnie Abel (Originaire de Romans sur Isère) fut aussi le cas pour des membres des équipes civiles de Méaudre et d'Autrans.

Fin juillet, début août 1944, les troupes d'occupation ordonne un recencement de la population masculine des communes d'Autrans et de Méaudre. De nombreux hommes sont arrêtés. Certains seront détenus plusieurs jours avant d'être relachés. D'autres seront envoyés travailler en Allemagne. D'autres enfin seront passés par les armes à Grenoble.

Le 10 ou le 11 août 1944, Jules et Lucien Jarrand sont ainsi passés par les armes sur le site du Polygone à Grenoble. A la libération, une soixantaine corps seront ainsi retrouvés, difficillement identifiables, victime de la barbarie nazie, qui semble se décupler alors que les jours du IIIème semblent comptés.

Parmi les victimes du charnier, on retrouvera notamment les corps des docteurs Ulhman et Fisher, médecins de la Grotte de la Luire.

Le 14 août 1944, une semaine avant la libération de Grenoble, suite à un attentat contre un soldat allemand, les troupes d'occupation extraient vingt jeunes hommes, détenus à la Caserne de Bonne et les fusillent cours Berriat. Parmi les victimes, tous originaires des quatres montagnes, 17 jeunes de Villard de Lans, deux de Méaudre et un, Pierre Salvi, d'Autrans.

Près de 800 personnes ont ainsi trouvé la mort dans le Vercors au cours de cet été 1944. Le dernier tué sur la commune de Méaudre est Francisque Trouillet, tué le 14 août 1944 (Hameau des Tranchants). Paul Barnier fils de l'hotelier complice de la résistance à Autrans, parvient à rejoindre le domicile de sa petite amie, à Chatte, malgré une blessure.

Cette patrouille, sans doute la dernière, fut envoyée dans le secteur après que des résistants aient tendu une embuscade très meurtrière sur la route reliant Lans à Saint Nizier.