26/09/2014
Présentation du musée de la Résistance de Vassieux en Vercors
Présentation générale de la muséographie
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La création du musée.
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La fresque du hall d’accueil.
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Le Vercors d’antan.
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La montée des périls.
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L’occupation et ses conséquences
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De la drôle de guerre au régime de Vichy.
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Les débuts de la résistance en France.
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Le Vercors résistant
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La vie au maquis.
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La Mobilisation générale
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La République du Vercors.
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Les parachutages dans le Vercors.
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Les contacts entre le Vercors et les alliés.
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L’attaque générale du Vercors.
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La grande traque.
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La Libération
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Le devoir de mémoire.
L’origine du musée de la Résistance de Vassieux en Vercors.
En 1973, Joseph La Picirella, un ancien du maquis du Vercors, ouvre un musée consacré à la Résistance dans le massif lors de la seconde guerre mondiale. Ce dernier se situe au centre du village de Vassieux dans une ancienne ferme acquise par ses soins. Après avoir été cédé au Conseil général de la Drôme en 1999, le musée a été entièrement restauré en 2010. Malheureusement, cette année 2010 fut également marquée par la mort de son fondateur, quelques semaines avant la réouverture de ce qui fut l’œuvre d’une grande partie de sa vie.
Joseph la Picirella est né à Lyon en 1924. Entré dans l’armée d’armistice, il décide de monter au Vercors en 1943 sous la houlette du capitaine Geyer dit "La Thivollet"…. Membre de la compagnie du capitaine Bourgeois, il participa notamment le 22 juin 1944, à la libération de tirailleurs sénégalais détenus à Lyon, le 10 juillet à l’embuscade du col de Lus La Croix Haute au cours de laquelle de nombreux allemands furent tués, le 22 août à la première libération de Romans sur Isère sous les ordres de Narcisse Geyer, « La Thivollet ». Il fut surtout dans le Vercors lors de l’attaque allemand et en fut marqué à jamais, nombre de ses camarades ayant été tués par la soldatesque nazie.
Après la guerre, il entreprend un formidable travail de recherche sur cette période, reprend des études et publie divers ouvrages dont Témoignages sur le Vercors, qui reste encore à ce jour une référence pour ceux qui s’intéressent à l’histoire du massif. Ce travail vise aussi à rendre une identité (Un nom, un visage, une profession, un lieu…) à toutes les victimes civiles ou maquisardes du Vercors ou des villages ou villes environnant. Ce devoir de mémoire présenté au fil d’une chronologie détaillée sous formes d’affiches est un bel hommage à tous ceux qui sont morts afin que l’on n’oublie pas leur sacrifice.
La fresque du hall d’accueil.
Cette fresque fut offerte par un ami de Jean La Picirella, M Marcel Labesse, lui aussi ancien maquisard, pour l'inauguration du musée. Elle représente les principaux personnages de l’histoire du Vercors lors de la seconde mondiale. La restauration du musée en 2010 a permis de la mettre aujourd'hui à l'abris du temps...
Apparaissent ainsi :
Narcisse Geyer, le commandant militaire du Vercors sud en 1944 dont dépendait le village de Vassieux.
Un tirailleur sénégalais en référence aux 53 tirailleurs libérés en juin 1944 à Lyon par un commando de cinq maquisards dont faisait Joseph La Picirella.
Fabien Marseille, le plus connu des guides du Vercors, l’un des principaux passeurs pour les jeunes désirant se rendre dans le massif pour intégrer l’un des nombreux camps de maquisards.
Mme Bordat dite la « mémé du Vercors » du village du Rousset, une figure locale.
L’une des six infirmières de la Grotte de la Luire qui furent déportées dans un camp de la mort en Allemagne et l’aumônier de cette dernière, qui fut fusillé à Grenoble.
Et de nombreuses autres figures y sont représentés également comme le curé de la Chapelle en Vercors, le lieutenant Chabal, un gendarme (La gendarmerie de la Chapelle en Vercors ayant été décorée de la médaille de la Résistance pour son engagement au cours de la seconde guerre mondiale), la petite Arlette Blanc (Une petite fille de Vassieux qui vécu un véritable calvaire avant de s'éteindre quelques jours après l'attaque de son villlage), Eugène Chavant, le chef civil du Vercors et d’autres encore ainsi que Joseph la Picirella, reconnaissable sur la fresque à sa chéchia sur la tête.
Le Vercors d’Antan.
Entre tradition et modernité.
Au 19ème siècle, l’agriculture constituait l’activité économique essentielle du Vercors. Pendant des siècles, le massif vécut pratiquement en autarcie, les voies de communications avec les vallées environnantes étant difficiles. Il fallait donc vivre avec son environnement, tant par exemple pour la nourriture que pour les matériaux utilisés pour la construction des habitats.
Afin de faciliter les échanges et notamment le transport du bois, l’une des principales richesses du plateau, des routes furent construites au XIXème siècle. Elles remplacèrent progressivement les chemins muletiers, étroits et dangereux. Certaines comme celle de Combe Laval ou des Gorges de la Bourne sont très impressionnantes mais nécessitèrent des travaux extrêmement importants, notamment pour frayer un passage sur des parois calcaires abruptes.
Le développement du tourisme.
Ces ouvertures de routes entraînent l’apparition d’une nouvelle activité économique, le tourisme. Les curieux affluent, des hôtels sont construits. Des guides vantent les mérites de la montagne. Les communes du canton de Villard-De-Lans s’affirment comme stations touristiques, alors que dans celui de la Chapelle en Vercors, le tourisme reste plus modeste et familial.
On vient aussi dans le Vercors pour se soigner, le climatisme étant au début du siècle une pratique courante comme remède pour des problèmes respiratoires. Ainsi le préventorium d’Autrans, l’Escandille (Ce qui signifie le rayon de soleil en provençal) est inauguré en présence du dernier président de la IIIème République, M Albert Lebrun en 1939. D’autres furent construits dans différents villages du Vercors.
Le Vercors compta également de nombreuses maisons d’enfants, souvent de vieilles fermes transformées pour accueillir de jeunes citadins.
La montée des périls.
Les années 20 furent marquées notamment par la crise économique consécutive au jeudi noir de Wall Street, le 24 octobre 1929.
L’ensemble des économies mondiales furent touchées et l’Europe ne fut pas épargnée avec son cortège de maux : chômage de masse, inflation délirante…C’est dans ce contexte que nait et prospère en Allemagne un parti ouvertement nationaliste et raciste, le N.S.D.A.P. Son « Führer », Adolf Hitler, deviendra chancelier le 21 janvier 1933 après avoir tenté de prendre le pouvoir par la force dix ans plus tôt. C’est d’ailleurs en prison qu’il dictera à l’un de ses fidèles, son livre, Mein Kampf (Mon combat)
En quelques mois, le parti nazi transforme la République de Weimar en un régime totalitaire et antisémite. L’incendie du Reichtag en février de la même année et dont la responsabilité est attribuée aux communistes, sert de prétexte au pouvoir pour commencer à éliminer ses nombreux opposants politiques. Dès mars, le tristement célèbre camp de Dachau ouvre ses portes en Bavière. Bientôt, c’est toute l’Allemagne qui va se couvrir de camps de concentration pour accueillir les « indésirables » du régime (Juifs, tziganes, homosexuels, communistes….)
En mars 1935, après un référendum, la Sarre, région administrée depuis 1919 par la France, vote son rattachement au Grand Reich allemand. En mars 1936, le régime allemand fait entrer quelques bataillons en Rhénanie, territoire allemand démilitarisé selon le traité de Versailles de 1919. Ces derniers ont pour ordre de se replier en cas de réactions hostiles des alliés (France et Grande Bretagne). Il s’agit d’un autre test après la restauration du service militaire l’année précédente, là aussi en dépit des interdictions du traité de Versailles, le fameux « diktat » dénoncé par Hitler…En 1938, c’est au tour de l’Autriche de passer sous la coupe allemande.
Le musée dispose d’une fabuleuse collection d’objets relatifs à la période nazie de l’Allemagne. Médailles, écussons, fanions, décorations et documents divers. Les aigles à croix gammées sont présents sur un ensemble d’objets, militaires ou de la vie courante. Et même sur le mobilier…
De la drôle de guerre au régime de Vichy.
Après les accords de Munich signés en septembre 1938, entérinant le dépeçage de la Tchécoslovaquie au profit de l’Allemagne nazie, la soif de conquête d’Hitler, que l’on avait tenté d’étancher sans succès, se retourne vers la Pologne. Le corridor de Dantzig (L’Allemagne étant coupée en deux parties après le nouveau tracé des frontières consécutives au traité de Versailles de 1919) séparant la Prusse Orientale du reste de l’Allemagne va servir de nouveau prétexte au dictateur allemand pour entraîner son pays et le reste de l’Europe, puis le monde, dans le conflit le plus meurtrier de l’Histoire de l’humanité.
Le 1er septembre, après une escarmouche à la frontière montée de toute pièce par les allemands pour présenter un prétexte à son opinion et au monde pour entrer en guerre, les troupes allemandes envahissent la Pologne, pays lié à la France et à la Grande Bretagne par un accord de soutien réciproque en cas de conflit.
La Pologne, malgré le courage de son armée ne peut rien faire face à l’aviation et aux chars allemands. De plus, le 17 septembre, elle est attaquée à revers par l’URSS, un accord secret de partage du pays ayant été conclu lors du pacte germano-soviétique du 23 août 1939.
A l’ouest, c’est la drôle de guerre. Mise à part quelques escarmouches sur la frontière franco-allemande, œuvres de corps francs, il ne passe rien de significatifs jusqu’au mois d’avril 1940.
Les premiers affrontements sérieux se déroulent sur les mers puis en avril en Norvège, principalement autour de la ville de Narvik après l’invasion de ce pays par l’Allemagne. La France et la Grande Bretagne y envoient un corps expéditionnaire
La population s’équipe de masques à gaz pour se protéger d’hypothétiques bombardements, les terribles conséquences de telles attaques étant dans tous les esprits et les récits des poilus de la guerre 1914-1918 encore dans toutes les mémoires.
L’occupation et ses conséquences.
La défaite militaire de la France entraîne la chute de la IIIème République. Le 25 juin, l’armistice entre en vigueur. Philippe Pétain, président du conseil depuis le 17 juin obtient les pleins pouvoirs le 10 juillet, bien aidé en coulisses par Pierre Laval qui deviendra premier ministre du nouveau régime, l’Etat français. L’occupation des 3/5 de la France à de grandes répercutions sur la vie quotidienne des français. Franchir la ligne de démarcation, avoir des nouvelles des siens d’un côté ou de l’autre de cette dernière, obtenir un laisser-passer, un ausweis, voilà bien difficultés alors que l’exode massif de la population aux mois de mai et juin a jeté sur les routes de France, un quart de la population nationale, soit 10 millions de personnes.
A cela s’ajoute, les pénuries, les privations consécutives à l’état de guerre et au blocus maritime maintenu par la flotte britannique qui continue la lutte contre l’Allemagne et le pillage en règle imposé par les autorités allemandes au titre des frais d’occupation.
L’Etat français, c’est d’abord le culte du chef, Philippe Pétain, maréchal de France et vainqueur de Verdun en 1917. Agé de 84 ans en 1940, « le vénérable vieillard » appose sa signature à des lois qui vont vouer le régime de Vichy, nouvelle capitale de l’Etat français, aux gémonies. Bientôt se seront les lois concernant les juifs, la création de la milice, le soutien aux « croisés » de la LVF partis combattre en URSS sous l’uniforme allemand.
Les débuts de la résistance en France.
Rares sont ceux qui ont entendu le discours radiodiffusé du général de Gaulle le 18 juin 1940. Et plus rares encore sont ceux, qui dans ce moment de désarroi général sont prêt à poursuivre la lutte contre l’occupant. Pourtant les premiers réseaux se nouent un peu partout en France, tant en zone occupée que dans la zone dite « libre ». Un des premiers groupes, Combat, a pour fondateur Henry Frenay, capitaine de l’armée française. Ces femmes et ses hommes témoignent en conscience et par des actions concrètes, de leur volonté de nuire à l’occupant, en transgressant l’ordre et les lois.
Mais quels sont les moyens dont disposent les premiers résistants face aux troupes d’occupation et à un régime, l’Etat français, qui a choisi la voix de la collaboration depuis l’entrevue de Montoire entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler ?
Les premiers initiatives, parfois œuvre d’une seule personne ou d’un petit noyau d’individus sont sporadiques. Elles couvrent différents domaines. Certaines font dans le renseignement militaire, d’autres dans les filières d’évasion pour les prisonniers évadés des stalags d’Allemagne ou les pilotes britanniques abattus. D’autres enfin éditent tracts, journaux clandestins avec les risques que cela comportent en cas d’arrestation. Composer, imprimer, distribuer, voilà bien des actions difficiles en des temps ou le papier est une denrée rare et la délation importante. D’autres, encore confectionnent des faux papiers avec du matériel volé ou fabriqué artisanalement.
La France libre naît à Londres après l’après l’appel du 18 juin 1940 de Charles de Gaulle qui refuse l’armistice. Elle ne rassemble alors qu’une poignée d’hommes. La France est au début de la guerre en grande majorité favorable au maréchal Pétain.
Le Vercors résistant.
La zone dite « libre » est occupée à partir de novembre 1942 par les troupes allemandes, conséquence du débarquement allié en Afrique du Nord.
Le Vercors fait alors partie de la zone confiée par Berlin à son complice italien. Il passera définitivement sous la coupe allemande en septembre 1943, période ou l’Italie se rallie pour une partie aux alliés.
En janvier 1943, une ferme isolée du plateau, à Ambel, site situé à quelques kilomètres à l’ouest de Vassieux, va servir de premier camp pour accueillir ceux qui désirent se soustraire aux autorités, tant allemandes que vichystes. Occupés à la coupe du bois, les premiers « maquisards » vont même travailler un temps pour …les allemands (à leur insu bien entendu) le bois étant une ressource énergétique précieuse en ces temps de pénurie généralisée.
Ces premiers camps sont à mettre à l’initiative d’anciens élus socialistes dont l’ancien maire de Grenoble, le docteur Léon Martin, le cafetier André Pupin pour la capitale du Dauphiné et Benjamin Malosanne de Saint Jean en Royans, les frères Samuel de Villars de Lans. Ils fondent ainsi un groupe dénommé Franc Tireur-Vercors.
En parallèle, Pierre Dalloz, alpiniste et architecte, imagine une utilisation stratégique du Vercors, vu comme une citadelle naturelle protégée par des remparts de falaises. L’objectif est d’aménager des terrains d’atterrissage pour recevoir, lors d’un débarquement dans le sud de la France des troupes alliées aéroportés. Jean Moulin et l’état major de la France libre valident ce projet en février 1943, il prend le nom de « Montagnards ». Pierre Dalloz rassemble alors une petite équipe composée notamment de militaires pour étudier la mise en œuvre du projet. Le capitaine Alain Le Ray deviendra ainsi le premier chef militaire du Vercors. Il sera remplacé ensuite par Narcisse Geyer, « Thivollet » puis par le lieutenant colonel Huet dit « Hervieux ». Le chef civil du Vercors sera Eugène Chavant, ancien maire de Saint Martin d’Hères, révoqué par le régime de Vichy.
La vie au maquis
La vie au maquis, c’est d’abord partir de chez soi et laisser les siens sans nouvelles pendant des mois. Les contacts avec sa famille sont souvent proscrits pour éviter d’éventuelles imprudences pouvant entraîner de sérieuses conséquences pour les camarades du camp en cas de dénonciation ou d’interception du courrier.
La vie au maquis, c’est également adopter un pseudonyme, cacher sa véritable identité et son passé aux autres afin de limiter les risques en cas d’arrestation. Un résistant arrêté, cela équivaut souvent pour lui à de longues séances de torture infligées par les allemands ou par leurs fidèles valets de la milice française. Le fameux « gueule tordue », Francis André, ancien boxeur, dont le visage était marqué par un rictus consécutif à une paralysie partielle était originaire de Die et officiait à Lyon sous les ordres de Klaus Barbie.
La vie au camp se partage entre tour de garde et corvées. Il s’agit de chercher de la nourriture auprès des habitants du plateau et de l’eau sur un massif karstique* ou les sources sont rares, l’eau s’infiltrant rapidement dans le sol.
Les premiers maquis ne disposent pas ou peu d’armes. De plus, pour apprendre leur maniement, il faut des cadres qui font souvent défaut. L’entrainement véritable commencera avec l’arrivé des premiers parachutages d’armes en novembre 1943 et de militaires issus de la défunte armée d’Armistice. A cette époque, les différents camps comptent environ 300 hommes. La vie dans un camp comprend également de longues phases d’ennui, de nostalgie mais également des périodes de tensions les allemands lançant régulièrement des attaques contre des camps du Vercors. Le 29 janvier 1944, celui de Malleval, au nord ouest du massif est anéanti. Le 18 mars, c’est au tour du PC Radio de Saint Julien de subir le même sort. Du 16 au 24 avril 1944, c’est la milice française qui sème la terreur dans le Vercors, assassinant trois personnes à Vassieux.
* Le mot karstique vient du mot Karst, nom d’une chaîne de montagne en Slovénie. Le massif du Vercors est connu pour ses dolines (dépressions du terrain), ses lapiaz (failles dans la roche calcaire) et ses sialets.
La Mobilisation générale
Le débarquement allié en Normandie le 6 juin 1944, entraîne la mobilisation générale en faveur du Vercors Une des préoccupations des responsables du maquis est d’encadrer ces centaines d’hommes qui affluent.
Dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, le chef d’état major régional Descour et le commandant du Vercors ordonnent la mobilisation générale. Les compagnies civiles sont mobilisées, le massif est verrouillé, ses voies d’accès sont contrôlés. Des mines sont positionnées sur certaines routes d’accès notamment à Echevis, sur la route des grands goulets.
Le 13 juin 1944, une semaine après le débarquement allié en Normandie, les allemands lancent une première opération au nord du massif sur la commune de Saint Nizier du Moucherotte. Au cours d’un combat de plus de 12 heures, elles sont contenues par les maquisards au prix d’une dizaine de tués dans leurs rangs. Mais ce n’est qu’un petit coup de griffe, une « modeste » tentative pour tester la force méconnue pour les allemands des maquisards du plateau. En effet, le commandement allemand surestime les forces réelles du Vercors. Le 15, l’ennemi reprend son offensive avec des effectifs plus importants contraignant les résistants à se replier après plusieurs de combat. La forteresse Vercors à l’une des portes enfoncées, le territoire compris entre Saint Nizier et Villard de Lans devenant un no-man’s land militaire. Dans cette partie du Vercors, les résistants se replient au sud sur les hauteurs de la commune de Corrençon en Vercors et à l’ouest, au col de la Croix Perrin, col menant aux communes de Méaudre et d’Autrans.
Ces attaques ont été précédées comme on l’a vu le 9 juin par un ordre de mobilisation générale. En quelques jours, des centaines de jeunes provenant des villes et villages proches du plateau se rendent dans le Vercors. L’effectif du maquis est multiplié par 10, le nombre total de résistants passant de 400 à 4000. Le 11 juillet, tous les habitants du Vercors âgés de 20 à 24 sont mobilisés. Le Vercors devient la plus importante concentration de maquisards de la région. Mais cet afflux massif pose d’énormes logistiques. Il faut encadrer tous ces jeunes désirant se battre et contribuer à la libération nationale. Il faut également les armer et leur dispenser un enseignement rudimentaire quand au maniement des armes, beaucoup n’ayant jamais fait leur service militaire.
La République du Vercors.
Après le « verrouillage » du Vercors le 9 juin, décision consécutive au débarquement allié et à la mobilisation générale, la principale
préoccupation des responsables du Vercors est e doter cette zone libérée de structures administratives solides. En juillet, la République est restaurée, c’est un symbole fort, et qui reste marqué dans les esprits*
Le 3 juillet, la République est officiellement restaurée par Yves Farge, commissaire de la République désigné à Londres par le chef de la France Libre, le général de Gaulle. Les lois et décrets du régime de Vichy sont donc officiellement abrogés. Les valeurs de la République, Liberté, Egalité, Fraternité, remplacent celles de l’Etat français, Travail, Famille, Patrie. C’est à Saint Martin en Vercors, petite commune située au centre du Vercors que la République est officiellement restaurée.
Les parachutages dans le Vercors.
Les parachutages alliés, d’armes, de munitions et d’équipements divers sont essentiels pour les maquis.
Le Vercors dispose de différents terrains pour recevoir ces chargements précieux, le plus important, « Taille Crayon », en termes de matériels réceptionnés, se situe à Vassieux en Vercors. D’autres terrains, sept sont homologués au total, se situent à proximité des villages de la Chapelle en Vercors, Méaudre, et Saint Martin en Vercors. Des hommes sont également parachutés dont un commando américain à la mi-juin 1944 et une mission française dirigée par le capitaine Tournissa « Pacquebot », en mission pour aménager un terrain d’aviation à Vassieux.
C’est le 11 novembre 1943 qu’eu lieu le premier parachutage sur le petit plateau de Darbounouze, non loin de la Chapelle en Vercors. Après l’appel à la mobilisation générale du 9 juin 1944 et devant l’afflux de volontaires, le nombre de largages augmente tant en armes qu’en matériels divers.
Le 14 juillet, en plein jour, 72 forteresses volantes de l’URSAF larguent plus de 800 containers sur le terrain de Vassieux en Vercors. Hélas, de nombreux s’écrasent au sol rendant les armes qu’ils contiennent inopérantes. De plus, l’opération conduite aux vues et aux sus de la chasse allemande positionnée non loin de là, à Chabeuil dans la Drôme, près de Valence entraîne une riposte immédiate. La Luftwaffe se déchaîne sur le terrain, détruisant un matériel précieux pour les maquisards et causant des pertes humaines. Entre 1943 et 1944, ce sont plusieurs dizaines de tonnes d’armes, de munitions et même une chambre complète d’opération qui sont largués sur le Vercors, à 90% après le 6 juin 1944.
Les contacts entre le Vercors et les alliés.
Pour communiquer avec les alliés et la France Libre, les maquis doivent disposer d’équipes radio. Ce service est progressivement mis en place dès 1943 dans le Vercors ; son organisation subit des aléas, du fait du manque de moyens humains et des attaques allemandes. Ainsi, le PC radio de Saint Julien est attaqué avec succès par les allemands le 18 mars 1944. Ces derniers étaient venus notamment avec trois véhiculent goniométriques. Six résistants y laissent la vie.
Plus solidement organisé, ce service, sous la conduite Robert Bennes dit Bob, joue un rôle central à partir de juin 1944. Des contacts humains sont possibles grâce aux missions envoyées par les alliés dans le Vercors en 1944. Elles inspectent le maquis ou apportent de l’aide aux maquisards : en janvier 1944, la mission « Union » est parachutée sur le terrain « Agonie » près d’Eymeux dans la Drôme. Elle doit contrôler la situation du Vercors et préparer les futurs parachutages.
L’Attaque générale du Vercors.
Les allemands décident d’employer les grands moyens pour réduire à néant ce maquis qui semble les narguer depuis les hauteurs du massif. Un drapeau français ne flottait il pas, sans une certaine provocation, sur les hauteurs de Saint Nizier, étant ainsi visible de Grenoble ?
Les allemands sous les ordres du général Karl Pfaum lancent une attaque massive le 21 juillet 1944. Cette offensive combine attaques frontales sur plusieurs axes, un élément de surprise totale avec l’utilisation de planeurs et un verrouillage complet et total des voies d’accès au plateau. D’un rôle de possible assaillant, les résistants du Vercors se retrouvent dans la très inconfortable possible d’assiégés.
(L'une des quatre bornes interactives du musée. Celle photographiée ci-dessus est consacrée à l'attaque du Vercors)
Au nord, ils progressent rapidement en direction de Lans, Villard de Lans, Autrans et Méaudre, villages occupés dès le 21 juillet. Le 22 juillet, l’ensemble des opérations se fige, conséquence d’une météo exécrable. Mais dès le 23 juillet l’offensive reprend, les éléments partis de Grenoble cherchant à opérer leur jonction avec les troupes aéroportées au sud du massif, à Vassieux en Vercors. A Valchevrière, les chasseurs alpins du lieutenant Chabal tentent de stopper leur progression mais le combat est trop inégal et six chasseurs dont leur chef trouvent une mort héroïque en faisant « sidi brahim ». Le « verrou » saute. Les villages de Saint Julien et Saint Martin en Vercors sont occupés à leur tour. A l’est se déroulent la « bataille des pas », les allemands employant des troupes de montagne, les Gebirdjäger pour franchir des falaises escarpées, que les résistants ont jugées à tort trop difficiles d’accès pour constituer un axe de pénétration ennemi en cas d’attaque. Les pas (Pas de la Balme, Pas des Chattons…) sont pris les uns après les autres en deux jours. Au sud du massif, dans la vallée de la Drôme, après avoir pris la ville de Crest, les troupes allemandes sont prises à parti à Saillans par des compagnies de résistants. Les allemands sont freinés mais non stoppés. En représailles, le village d’Espenel est incendié. Ils poursuivent leur progression et atteignent Die le 22 juillet. Bientôt ses éléments pourront rejoindre leurs camarades de Vassieux, toujours assiégés dans le village. En effet, on se bat près du village et cela pendant près de 56 heures. De très nombreux résistants y laissent la vie.
Vassieux, village compagnon de la libération, village martyr à jamais marqué par la barbarie humaine
En 1944, 73 habitants (15% de la population recensée en 1936) et 101 résistants se trouvant dans ou à proximité du village furent tués par des troupes spéciales allemandes. Longtemps, la légende a voulu que ces soldats soient des Waffen SS, il n’en est rien, de nombreux travaux d’historiens ayant été réalisés ces dernières années sur ce chapitre. Ces commandos, arrivés par planeurs aux environs immédiats du village, prirent les résistants totalement par surprise. Ne disposant pas d’un armement suffisant ni de moyens de communication adéquats, les compagnies de maquisards situées à proximité du village furent incapables de mener une opération concertée et décisive. Le village ne put être repris. Le 22 juillet, la météo gela les opérations sur l’ensemble du massif mais dès le 23, une nouvelle vague de planeurs (soit l’effectif d’une compagnie) arriva à Vassieux en Vercors.
(Panneaux réalisés par Joseph La Picirella)
La grande traque.
Le ratissage peut commencer. Le 23, ordre fut donné par le chef militaire du Vercors, le lieutenant colonel Huet, de se disperser. Mais tous les hommes ne purent être mis au courant et bien nombreux furent ceux qui apprirent cet ordre bien des jours plus tard. Les allemands ratissent donc le massif jusqu’au 15 août, jour ils se retirent. Ce même jour, l’opération Dragoon-Anvil vient d’être déclenchée dans le sud est de la France. Il s’agit du second débarquement sur les côtes de France.
Mais avant ce retrait, la soldatesque nazie sème la terreur sur le massif. Le 26 juillet, 16 habitants de la Chapelle en Vercors sont assassinés par les allemands. Le village, lui, est presque entièrement détruit (95%) et devra être totalement reconstruit à la fin de la guerre. La ferme Albert où eut lieu l’effroyable tuerie fut, elle, laissée en l’état. Le 27 juillet, c’est au tour des blessés de la Grotte de la Luire sur la commune de Saint Agnan de connaître une fin tragique. Ils sont froidement achevés. A Saint Nazaire en Royans, à Beauvoir en Royans et sur l’ensemble des contreforts, des dizaines de maquisards cherchant à fuir le Vercors sont arrêtés et fusillés. Certains se noient en essayant de franchir à la nage l’Isère. Le 14 août 1944, 20 jeunes raflés sur la commune de Villard de Lans sont fusillés sur le cours Berriat à Grenoble. C’est le sort également pour deux des trois médecins de la grotte de la Luire. Les infirmières, au nombre de six, sont, elles, envoyées dans un camp de concentration en Allemagne. L’une d’entre elles, Odette Malossane, n’en reviendra pas.
La Libération.
Paris est libérée définitivement le 25 août par les hommes du général Leclerc. Quelques jours plutôt, c’était Grenoble et ses environs proches grâce au concours massif des résistants. Les américains avaient prévu d’atteindre la capitale du Dauphiné en 90 jours. Ce fut fait en unes semaine. C’est le colonel Henri Zeller, chef militaire de la région R1(dont dépend la région Rhône-Alpes) qui avait réussi à convaincre le général Patch, chef de la 7ème armée de faire prendre à une partie de ses hommes la fameuse route Napoléon, entièrement sous contrôle des FFI.
Le 2 septembre, c’est au tour de Lyon, d’être libéré. Au cours de ce même mois de septembre, les deux forces de libération, provenant de Normandie et du sud de la France établissent leur jonction.
Après l’offensive de la dernière chance dans les Ardennes en décembre 1944, ou Hitler espère inverser le sort de la guerre sur le front ouest, et son échec, les alliés reprennent l’offensive et réussissent à franchir le Rhin, dernier obstacle avant le cœur de l’Allemagne, en mars 1945. A l’est les Russes ont lancé leur grande offensive dès février. Le 20 avril 1945, jour anniversaire d’Adolf Hitler, les troupes soviétiques encerclent complètement Berlin, la capitale d’un Reich censé durant 1000 ans. Le 30 avril, après épousé sa maîtresse, Eva Braun, dans le bunker de la chancellerie allemande, réduite à l’état d’amont de gravas, le dictateur allemand se suicide. Le 8 mai 1945, l’Allemagne capitule.
L’avancé des troupes alliées au cœur du IIIème Reich a permis la découverte des camps de la mort et l’ampleur des monstruosités infligées à des hommes par d’autres hommes.
A proximité immédiate du musée de la Résistance.
A l’extérieur du musée, vous pouvez observer les carcasses de deux planeurs allemands DFS 230. Ces mêmes planeurs furent utilisés au cours de la guerre pour d’autres opérations commando sur divers théâtres d’opération. Ce fut le cas dans les Abruzzes en Italie en septembre 1943 lorsqu’un groupe dirigé par le major SS allemand Otto Skorzeny parvint à se poser sur un site extrêmement escarpé pour libérer le dictateur déchu, Benito Mussolini. Ce planeur pouvait transporter 10 hommes dont le pilote. Il était équipe d’une mitrailleuse MG-15 pouvant être utilisée par l’homme situé juste derrière le pilote pour couvrir la sortie de ses camarades. Trois carcasses de ce type d’aéronef sont visibles à Vassieux, deux à proximité du musée de la Résistance, le dernier à quelques centaines de mètres plus au nord, à la nécropole de Vassieux.
(Carcasse de DFS 230, l'un des planeurs allemands s'étant posés à Vassieux le 21 ou le 23 juillet 1944)
Plusieurs autres types d’avion furent utilisés par les allemands dans le Vercors. Le « mouchard » ou Fieseler Storch (Cygogne en allemand) n’était pas un avion de combat. Sa principale mission consister à surveiller les mouvements des résistants ou les aménagements réalisés comme sur le terrain « Taille Crayon » à Vassieux. Les allemands utilisèrent également un autre type de planeur, le Gotha 242, dont seul l’avant reste visible aujourd’hui à la nécropole de Vassieux en Vercors. L’un de ses Gotha se posa au sud du village avec une pièce d’artillerie. Se planeur servait avant tout au transport de matériels contrairement au DFS 230. A noter également qu’un Junker 52, « la bonne à tout faire » de la Luftwaffe put se poser près du village pour évacuer les soldats allemands blessés au cours des combats.
(Quelques photos prise dans le village même ou à proximité, à la Nécropole de Vassieux)
Aux environs du musée de la Résistance de Vassieux.
Le site de la ferme d’Ambel, détruite par la milice en 1944, se situe sur le plateau du même nom, à quelques kilomètres à l’ouest de Vassieux. C’est ici que naquit le C1, le premier camp du plateau en janvier 1943.
Le site de la Grotte de la Luire se situe sur la commune de Saint-Agnan, à l’est de Vassieux en Vercors, sur la route reliant le col du Rousset à la Chapelle en Vercors. De Vassieux, passer par le col de Saint Alexis, plein est. Au Rousset, une stèle indique également l’emplacement où des blessés légers de la grotte furent assassinés.
A Vassieux, outre le musée même, de nombreux lieux de mémoire sont présents sur ce site historique. Tout d’abord, le mémorial de la Résistance situé au col de la Chau et inauguré en 1994, lors du 50ème
anniversaire de la bataille du Vercors. A la sortie de Vassieux, en direction de la Chapelle en Vercors, se trouve la nécropole construite en 1948. Une autre carcasse de planeur allemand se trouve à proximité. De plus dans le village même, de nombreux monuments (stèles, plaques.) et noms de lieux témoignent d’une époque pas si lointaine ou le village fut réduit à un tas de gravas.
Informations supplémentaires : Une visit guidée est organisée tous les mercredis cet été à 15 heures.
(Voici ci dessus les horaires et les tarifs du musée de la Résistance)
13:56 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : maquis, maquisard, résistance, vercors, vassieux en vercors, guerre mondiale, ss, 39 45, la chapelle en vercors, wwii, planeurs allemands, dfs 230, drôme, isère, saint agnan, grotte de la luire, hitler, guerre, ffi, crimes, gotha 242, la picirella, musée, mémorial, nécropole, stèles, lente, rousset, col du rousset, saint martin, saint julien, libération, occupation, nazisme, fascisme, vichy, pétain, collaboration, autrans, méaudre, ww2, milice, musée de la résistance de vassieux, huet, chavant, le ray, grenoble, romans sur isère, valence, allemand
29/07/2014
Commémorations de la Grotte de la Luire
Il y a 70 ans, l'hôpital du maquis, installé depuis la nuit du 22 juillet à la Grotte la Luire, était découvert par un groupe de soldats allemands. Après une fouille de cette dernière et une vérification brutale de l'état des blessés, le groupe (les blessés, le personnel médical et quelques civils) fut scindé en deux. Les blessés capables de se déplacer, le personnel médical, constitué de sept infirmières et de trois médecins et les quelques civils présents dans la grotte lors de sa découverte furent envoyés en direction du col du Rousset. Les 11 blessés, trop gravement atteint pour pouvoir se mouvoir, furent, eux lâchement exécuté à proximité de la grotte, sur l'actuel parking, leurs corps enterrés de manière sommaire.
Parmi les blessés, quatre soldats de la Wehrmacht d'origine polonaise (blessés lors de combats en juin 1944 à Montclus), un sous lieutenant américain, Chester-Meyers, membre du commando US (Opération Justice) dropé sur le Vercors le 29 juin dernier et opéré après une crise d'appendicite, deux femmes de Vassieux blessées lors du bombardement du village (13 et 14 juillet), Juliette Lesage, infirmière elle aussi, blessée lors de l'attaque du PC radio de Combovin dans la Drôme (22 juin 1944) et qui réussi à se faire passer pour une habitante du plateau.
La femme et le fils du médecin Jean Ganimède étaient également présents dans la grotte lors de la découverte. Ils furent parmi les rares survivants.
Le personnel médical était composé de sept infirmières (Anita Winter, Odette Malossane, France Pinhas,...) et de trois médecins (Docteur Ladislas Fischer, Docteur Ullman et Docteur Ganimède). Les infirmières capturées furent ensuite emprisonnées au fort Mont-Luc à Lyon avant d'être déportées au camp de Ravensbrück en Allemagne le 11 août 1944 dans l'un des derniers convois de la mort quittant le sol national (Odette Malossane y succomba au mois de mars 1945)
Les médecins tout comme le révérend-père Yves Moreau de Montcheuil furent conduits à Grenoble. Jean Ganimède profita d'une faille dans sa surveillance pour se faire la belle mais les autres médecins et le religieux furent exécutés au Polygone de Grenoble, le 10 ou 11 août 1944.
Enfin les huit blessés français capables de marcher prirent eux aussi la direction du Rousset. Mais en cours de route, ils croisèrent un groupe de soldats nazis provenant sans doute de Vassieux en Vercors. Ils furent exécutés près du lieu dit le Pont des Oules. L'un d'eux, Abdeselem Ben Ahmed, fut pendu après avoir traité un officier de sale boche. Un autre, Françis Billon, bien qu'appartenant à l'armée régulière (Il était membre du BCRA et de la mission Pacquebot parachutée dans le Vercors début juillet 1944 pour participer à l'aménagement d'une piste d'aviation à Vassieux. Il s'était fracturé la cuisse lors de sa réception), chose visible car arborant une tenue militaire, fut lui aussi exécuté
Sur la parking de la grotte de la Luire, quelques objets symboliques furent présentés. Issus en partie de la collection du musée de la Résistance de Vassieux en Vercors et pour d'autres d ma propre collection (Pansements, trousse à pharmacie, gamelle et gourde, musettes, paire de béquilles, brancard, quelques photos, des brassards de la croix rouge et enfin le drapeau qui ornait l'entrée de la grotte)
Moment de recueillement devant la stèle de la grotte de la Luire
Une plaque, résumant les principaux faits relatifs à la Grotte de la Luire évoque la mort de 11 grands blessés alors que 14 noms sont inscrits sur la stèle.
Nous pouvons observer que le nom de Paul Walperwyler fut rajouter par la suite, sur une plaque accolée. Deux autres résistants, blessés, qui avaient pu quitter la grotte avant sa découverte ont eux aussi été exécutés à proximité de cette dernière. C'est pour cela que leurs noms ont été rajoutés sur la plaque, portant l'ensemble à 14.
A noter : M Rolland Guerry est enterré à la nécropole, désormais nationale depuis peu, de Vassieux en Vercors sous le nom de Faure-Guerry.
M Joseph Locatelli de Rencurel a été exécuté le jour même ou la ferme familiale était brûlée par les nazis
Le frère de Roger Feneyrol fut lui aussi gravement blessé lors des combats, mais réussi à survivre bien qu'il est fallu procéder à l'amputation d'une de ses jambes.
Sous le porche de la grotte elle même
Les cérémonies
Madame Robbles, de Romans sur Isère, était présente à la Grotte de la Luire mais réussit à partir pour rejoindre la plaine, avant la découverte de l'hôpital du maquis le 27/07/1944. Pour en savoir plus, je vous conseille l'ouvrage Jean aime la citronnelle
Au pont des Oules
12:38 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : vercors 39 45, reconstitution, militaria, ww2, wwii, militaire, armée, wwii? maquis du vercors, grotte de la luire, commémoration, libération, 1944, maquis, maquis du vercors, résistance, ffl, résistant, maquisard
28/04/2014
L'été 1944
Beau document sur France 3 ce soir, dont quelques minutes consacrées au Vercors. Malheureusement, une fois de plus, l'imprécision des chiffres concernant le massif est à souligner. Non, le 14/07/1944, le parachutage à Vassieux ne fut pas le résultat de 72 FORTERESSES Volantes américaines mais de 36 (Chiffre déjà considérable) agissant dans le cadre de l'opération Cadillac, soit autant que le 26/06. Le chiffre de 36 est confirmé par le général Ziegler, présent au sein de cette mission en tant qu'observateur.. Mais comme le chiffre de 72 (Légende du Maquis oblige) est repris dans l'immense majorité des ouvrages consacrés au Vercors...(Joseph la Picirella parle de 36 avions dans son ouvrage, Combattant du Vercors, mais le chiffre de 72 se trouve lui sur l'un des panneaux de son musée à Vassieux en Vercors)
Pour les pertes du maquis du Vercors, le chiffre de 639 est actuellement celui de référence, mais il date de 1945, résultant d'une commission d'enquête américaine. Le reportage évoque le chiffre de 650, conséquence de l'attaque du massif à l'été 1944. En réalité, ce chiffre englobe l'ensemble des pertes pour l'année 1944, le nombre de mort lors de l'opération Bettina (Attaque du massif), s'élèvant déjà à 450.
Et puis par facilité et surtout faute de temps, le reportage étant consacré à la libération de la France en 1944 et non à la bataille du Vercors, le sentiment de trahison est évoqué mais la tragédie du massif est résumée en deux faits : Une mobilisation prématurée et une dépendance totale de la France Libre vis à vis de ses alliés (parachutages et aviation).
Mais cette mobilisation prématurée est une conséquence des ordres tranmis par la DGSS à Descours via Chavant (Ce dernier s'était rendu à Alger fin mai pour savoir si le Plan Montagnard était toujours d'actualité) alors que le chef militaire du Vercors, François Huet, était lui partisan de la prudence, jugeant que le débarquement en Normandie se déroulait bien loin des contreforts du massif.
Deuxièmement....pourquoi donc envoyer début juillet une mission, Pacquebot, chargée d'amménager un terrain d'atterissage à Vassieux en Vercors...alors que la France Libre n'aura jamais les moyens d'y envoyer le moindre avion. (Le lieutenant colonel CONSTANT, correspondant de M Chavant à Alger avait promis entre 3000 et 4000 parachutistes, selon les versions) Fin juillet, seuls 30 commandos seront parachutés dans la Drôme....
Le Vercors n'a pas été trahi mais il a été victime de "légèretés" coupables
21:47 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vercors, libération, été 1944, vassieux en vercors, militaire ffi, de gaulle, ffi, résistance, maquis du vercors, ftpf, musée, la picirella, parachutage, drôme, isère, maquis, ww2, 39 45, débarquement, overlord
20/02/2013
Résistance à Méaudre, une intervention de Michèle Morel.
Ce lundi, une rencontre était organisée avec Michèle Morel à Méaudre pour évoquer la résistance dans le Vercors lors de la seconde guerre mondiale.
La présentation commença par une petite visite du village afin de découvrir les principaux lieux de mémoire, notamment les maisons des pionniers de la résistance, à savoir la boulangerie de Léon Vincent Martin et l'hôtel de la Poste tenu par la famille Rochas, lieu où se tenu notamment la réunion Monaco en janvier 1944. (Il s'agissait de préparer l'organisation civile qui devait se mettre en place dans le département de l'Isère à la Libération)
Une mise en contexte du Vercors fut ensuite présentée, de la drôle de guerre à l'occupation allemande de notre région en septembre 1943. (Le régime de Vichy, l'occupation italienne entre novembre 1942 et septembre 1943)
Qui furent les pionniers de la résistance dans cette partie du Vercors, dénommée les quatre montagnes? Tout d'abord, nous trouvons un mouvement naissant à Villard de Lans, regroupant les frères Huillier, propriétaires d'une compagnie d'autobus, le docteur Eugène Samuel et son frère Simon, Jean Glaudas, un négociant en bois, Théo Ravachot, un hôtelier, ou encore Edouard Masson, le gérant d'une sucursale banquaire. Ce groupe sera mis en contact avec le mouvement Franc-Tireur de Grenoble par l'intermédiaire du docteur Léon Martin. (Ancien maire de Grenoble, député en juillet 1940, il fait des 80 parlementaires ayant refusé d'accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain)
Ces derniers vont à leur tour prendre contact en juin 1942, selon Gilles Vergnon, avec l'équipe crée à Méaudre sous la houlette notamment de Léon Vincent Martin, Marcel Rochas et George Buisson notamment.
Dès août 1942, le gouvernement de Pierre Laval, revenu depuis peu au pouvoir, se lance dans une politique de collaboration renforcée avec l'Allemagne nazie. Le jour même ou Laval déclare souhaiter la victoire de l'Allemagne en Europe, le principe de la Relève est énoncé. Il s'agit du retour en France d'un prisonnier de guerre (Ils sont encore plus d'1,5 million en Allemagne à cette époque) pour trois ouvriers spécialisés partant travailler dans les usines du Reich. Il suffit de faire un simple petit calcul de mathématique pour se rendre compte à quel point cette mesure était inique...
Cette politique se révèle rapidement un échec et la demande allemande en main d'oeuvre se révélant de plus en plus pressante, le S.T.O, annoncé fin 1942, devient obligatoire en février 1943.
Dans le Vercors, et plus précisément à Méaudre, les premiers réfractaires acceuillis sur la commune sont cinq hommes originaires de Pont en Royans, voulant échapper dès fin 1942 au service de la Relève.
Hébergés un temps dans la ferme du négociant en bestiaux, George Buisson, ils sont ensuite hébergés à la cabane du Cru, site situé au dessus des hameaux des Eymes. Ils sont notamment ravitaillés par une fille de la ferme Durant-Poudret, Marie, qui aide également Valentine à la mairie du village. Tout cela est fait avec conviction dans un cadre nouveau, car il n'y a pas eu de précédent.
Le STO va faire bondir les effectifs de réfractaires à dissimuler. Bien que le dernier livre d'Olivier Wiervorka (Histoire de la Résistance), publié début 2013, apporte un éclairage nouveau sur les réfractaires du STO, une grande majorité s'étant caché à proximité de leur domicile, voire en restant carrément chez eux, quelques dizaines d'hommes viennent chercher refuge dans le Vercors, et notamment sur les communes de Méaudre et d'Autrans.
En passant, soulignons que passer du statut de réfractaire à celui de maquisard, celui qui a pris le maquis (avant pour certains de devenir des résistants) expose les jeunes hommes à la peine de mort.
Alors qu'au sud du massif, le camp d'Ambel accueille dès janvier 1943 les premiers réfractaires, notamment des chéminots de Grenoble, la commune de Méaudre voit ses effectifs grossir de plusieurs dizaines de membres entre février et avril 1943. Les cinq premiers réfractaires à la Relève sont bientôt rejoint par de nombreux autres. La cabane du Cru devient vite trop petite. Il faut trouver d'autres refuges. Ce sera la cabane d'Achieux et la cabane des feuilles notamment. En quelques mois, c'est un véritable petit hameau qui se crée sur les hauteurs à l'ouest du village. Le lieu dit Gros Martel abritera lui aussi plusieurs cabanes, dont El Rancho qui aura pour mission de servir d'abattoir et qui sera incendié accidentellement.
Il faut fabriquer des faux papiers pour ces futurs maquisards. Les deux secrétaires de mairie s'en chargent en resucitant au passage quelques individus décédés recemment pour que les jeunes aient des identités du pays.
Il faut également les nourir. Des tickets de rationnement, volés notamment à Grenoble par le groupe Vallier ou la boulangère de Méaudre qui joue la comédie et se plaint de ne rien comprendre en jouant l'imbécile, le jour d'une inspection dans son établissement. George Buisson, lui, est également négociant en bestiaux et il arrive donc qu'une vache s'égare dans la montagne. C'est la même chose pour des génisses du maire d'Autrans, M Guillermet.
Madame Morel nous a ensuite présenté les grandes lignes du projet montagnard et les principaux protagonistes civils, Chavant, Dalloz, Prevost ou militaires, Le Ray et Huet du Vercors.
Mais ce qui fait toute la force de la présentation de Michèle Morel, c'est qu'elle même a été touché par les évènements tragiques s'étant déroulé dans le Vercors en juillet et août 1944.
Son père, Jules Jarrand reçoit comme des centaines de milliers de jeunes une convocation pour partir travailler en Allemagne. Demandant l'avis de son frère, il décide de s'y soustraire et part tout d'abord se cacher aux Feneys (Autrans) où il y reçoit une instruction rudimentaire, aucune arme n'ayant été parachuté à ce stade dans le Vercors.
Lucien Jarrand, lui, est chauffeur de car pour la compagnie Huillier. C''est lui notamment qui se charge de faire monter dans le Vercors certains futurs maquisards. Marc Serratrice, ancien maquisard du C3 arrive en juillet 1943 à Autrans, transporté jusque là par Lucien, qui l'oriente ensuite chez le docteur Chauve, une autre figure de la résistance autranaise.
Dans la nuit du 13 au 14 juin 1944, alors que vient de se terminer la premier jour de la bataille de Saint-Nizier, un parachutages d'armes est réalisé sur le terrain "sous main" de Méaudre. Les armes récupérées sont directement envoyées pour les combattants de Saint Nizier, dont des membres des équipes civiles de Méaudre et d'Autrans.
Le 14 juillet, un avion allemand vient semer la terreur à Autrans en mitraillant au hasard. La famille Morel doit se jeter dans un fossé pour se protéger des tirs du chasseur.
Le 21 juillet 1944, les forces de la Wehrmacht lance une grande offensive contre le maquis du Vercors. Le 23, l'état major ordonne la dispersion générale. Alors que certains vont passer plus d'un mois en pleine nature, se nourissant de racines ou de viandes bouillies, d'autres font le choix de regagner leur domicile.
Ce qui fut le cas pour de nombreux membres de la compagnie Abel (Originaire de Romans sur Isère) fut aussi le cas pour des membres des équipes civiles de Méaudre et d'Autrans.
Fin juillet, début août 1944, les troupes d'occupation ordonne un recencement de la population masculine des communes d'Autrans et de Méaudre. De nombreux hommes sont arrêtés. Certains seront détenus plusieurs jours avant d'être relachés. D'autres seront envoyés travailler en Allemagne. D'autres enfin seront passés par les armes à Grenoble.
Le 10 ou le 11 août 1944, Jules et Lucien Jarrand sont ainsi passés par les armes sur le site du Polygone à Grenoble. A la libération, une soixantaine corps seront ainsi retrouvés, difficillement identifiables, victime de la barbarie nazie, qui semble se décupler alors que les jours du IIIème semblent comptés.
Parmi les victimes du charnier, on retrouvera notamment les corps des docteurs Ulhman et Fisher, médecins de la Grotte de la Luire.
Le 14 août 1944, une semaine avant la libération de Grenoble, suite à un attentat contre un soldat allemand, les troupes d'occupation extraient vingt jeunes hommes, détenus à la Caserne de Bonne et les fusillent cours Berriat. Parmi les victimes, tous originaires des quatres montagnes, 17 jeunes de Villard de Lans, deux de Méaudre et un, Pierre Salvi, d'Autrans.
Près de 800 personnes ont ainsi trouvé la mort dans le Vercors au cours de cet été 1944. Le dernier tué sur la commune de Méaudre est Francisque Trouillet, tué le 14 août 1944 (Hameau des Tranchants). Paul Barnier fils de l'hotelier complice de la résistance à Autrans, parvient à rejoindre le domicile de sa petite amie, à Chatte, malgré une blessure.
Cette patrouille, sans doute la dernière, fut envoyée dans le secteur après que des résistants aient tendu une embuscade très meurtrière sur la route reliant Lans à Saint Nizier.
12:26 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : méaudre résistance, autrans résistance, quatre montagne résistance, résistance vercors, ffi, libération, drôme résistance, isère résistance, guerre 39 45, ww2, guerre mondiale, intervention résistance, hitler, pétain, de gaulle, wwii, allemand, exposition vercors, vercors ffi, grenoble résistance, grenoble ffi, 1944, 1940, casque allemand, guerre
02/10/2012
Recherches d'objets et témoignages.
Bonjour à tous.
Je suis toujours à la recherche de vieux objets, civils ou militaires pour compléter mon exposition afin de la rendre toujours plus attractive. Et poursuivant encore mon "cursus universitaire" en master Recherches, je crois que je vais être à la diète pour les lieux que j'affectionne tant les dimanches matin, les marchés aux puces ou autres brocantes.
Cette année encore, je vais acceuillir des classes dans le Vercors et leur présenter une page de l'histoire du massif, la Résistance au cours du dernier conflit mondial.
Je cherche donc à acquérir des effets civils pour évoquer la vie d'autrefois, fait de privations et d'astuces, d'objets insolites ou totalement désuets, mais également d'autres à caractère militaire. (Je ne cherche pas à acquérir un char sherman je vous rassure, ni des armes, mais les vieux uniformes ont ma préférence et celle des enfants...)
Je dispose d'un petit budget, et j'étudie donc toutes les offres que l'on peut me faire. Vous pouvez me contacter via cette adresse mail : rey.bruno@yahoo.fr
Deuxièmement, je poursuis donc encore mes études cette année, toujours avec l'université du Mans et par correspondance comme l'an dernier. J'ai décidé d'axer mon mémoire de recherche sur plusieurs problématiques : La vie quotidienne dans le Vercors des années 30 aux années 50 et la génèse de la Résistance dans les quatre montagnes.
Je recherche donc des documents, des témoignages, des anecdotes, des faits...bref tous ce qui pourrait servir à mener à bien mes travaux et à entretenir la flamme de la mémoire.
18:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vercors, résistance, guerre 39 45, autrans, méaudre, guerre mondiale, isère, drôme, militaire, militaria, allemand, casque, documents, ffi, libération, quatre montagne
29/05/2012
....Et se leva le vent de la liberté.
Pendant qu'à Vichy, le maréchal Pétain, dans une allocution célèbre, affirmait sentir se lever "un vent mauvais", de nombreuses personnes en France s'activaient pour libérer notre pays des chaînes insupportables imposées par l'occupant...Et se leva le vent de la liberté....Il s'agit de présenter rapidement ce magnifique ouvrage paru ces derniers jours et qui compile sur près de 300 pages les souvenirs d'une vingtaine de témoins de l'époque.
Samedi, à la librairie La Manufacture, j'ai pu en rencontrer certains dont Fernand Sallier dit "christophe" ou Jean Sauvageon, un des historiens locaux les plus proléfiques sur cette période avec Robert Serre.
Pour M Sallier, " ce livre est celui du coeur" où sont consignés les difficultés, les soucis, les peines, les peurs, les blessures d'une époque qui nous parrait parfois lointaine mais qui est plus que jamais d'actualité.
Fernand Sallier est né au nord de la Drôme à Saint Uze en 1922. Etudiant à la faculté de droit de Lyon, c'est là qu'il commence réellement à entrer en résistance. Parti en mission dans le sud de la France, il revient dans la Drôme, et intégre la compagnie "Fayard" installée dans le Royans. La compagnie "Fayard" crée par Bourdeau est issue en partie du C1, le premier maquis du Vercors installé dans la ferme d'Ambel (incendiée par la milice au printemps 1944) souvent dénommé le premier maquis de France.
En juillet 1944, il devra sans cesse se mouvoir dans le Vercors afin d'éviter la soldatesque nazie traquant les groupes de résistants après l'attaque généralisée du massif par les hommes de la 157ème division de réserve de la Wehrmacht.
Par le passé, Fernand Sallier avait été l'élève d'Albert Triboulet, le "lieutenant Marc" qu'il retrouvera dans le Vercors, le 23 juillet 44 alors que les combats font rage. Une semaine, plus tard, ce dernier, dénoncé par une femme à la solde de l'occupant à Saint Nazaire en Royans, alors qu'il tentait de quitter comme bien d'autres le massif devenu souricière, sera contraint de creuser sa propre tombe avant d'être abattu. par les nazis.
Plus de 800 personnes ont payé de leur vie lors de l'attaque de la citadelle de la liberté durant l'été 44. Certains jeunes issus des communes du plateau (Autrans ou Villard de Lans) seront fusillés à Grenoble dans les derniers jours de l'occupation.
C'est cette face obscure de l'homme, cette barbarie sans nom qu'il faut sans cesse dénoncer pour que nul n'oublie ces heures tragiques. Mais c'est également le courage, l'abnégation, la camaraderie qu'il faut sans cesse promouvoir tout comme un idéal de société, celui contenu dans le programme du CNR, celui là même qui fut pendant les dernières années vidé de son contenu à la plus grande joie d'une minorité.
Bruno Rey, Romans, 29 mai 2012.
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Et au hasard des recherches, on tombe parfois sur des reliques de l'époque étudiée. En voyant la caisse ci dessous, j'ai pensé qu'il s'agissait bel et bien d'une caisse militaire...
Et en la nettoyant un peu, quelques indices ont fait leur apparition pour nous apprendre son âge et sa provenance....
Il s'agit d'une caisse militaire allemande en bois, datée de 1938 avec le fameux marquage présent sur l'ensemble des outils ou ustensiles militaires de la Wehrmacht, l'aigle nazi. Trouvée à Romans sur Isère, le 30 mai 2012.
14:12 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blog, bruno rey, vercors, romans sur isère, résistance, vercors résistance, ffi, ww2, occupation, drôme résistance, drôme, isère, isère résistance vercors ffi, libération, milice, combats, guerre mondiale, bourg de péage, france, actu, livres résistance, livre ffi, vercors milice
03/01/2012
Nouveaux objets, nouveaux projets
Bonjour à tous.
Je vous présente dans cette note de nouveaux objets militaires et civils qui seront rajoutés dans les semaines à venir à l'exposition consacrée à la seconde guerre mondiale et à la résistance dans le Vercors. Il s'agit d'objets glanés à droite, à gauche, et qui peuvent être chacun de puissants supports visuels pour mes interventions.
Lecteurs, lectrices, près de 200 en moyenne chaque jour selon les statistiques données par mon hébergeur, n'hésiter pas à intervenir pour donner des précisions éventuelles sur ces objets. Dans les semaines à venir, je publierais des photos de l'ensemble de l'exposition avec des descriptifs de tous les objets et ils sont nombreux. Si vous avez des suggestions ou des propositions, contacter moi. Le but de l'exposition reste toujours le même : Démocratiser l'accès aux pièces relatives à la seconde guerre mondiale. Le public que j'accueille à Autrans est constitué essentiellement d'enfants de CM2 et de collégiens de Grenoble qui lors des interventions consacrées à cette période peuvent manipuler l'ensemble des objets présents : uniformes,casques masque à gaz,téléphones militaires,médailles,journaux,objets civils de la vie d'autrefois...
Tout d'abord ce magnifique uniforme complet de général de brigade de la 1ère armée française, 5ème division blindée. Je n'ai pas de certitude sur la période pour cette tenue, la situant pour l'instant dans les années 60.
Emblème de la 5ème DB
Je disposais déjà d'une petite dizaine de masques à gaz français (1938 et 1939) pour l'exposition mais il me manquait celui typique de l'armée allemande avec sa boîte couleur feldgrau. J'essai de monter un soldat "standart" de la wehrmacht pour que le public visualise ce qu'était un "vert de gris". Je possède déjà la feldblüse, la casquette du soldat, une paire de bottes d'officier,une cartouchière, une gourde, une gamelle, une baïonnette avec fourreau et le porte baïlonette en cuir, une pelle et son étui en cuir, un téléphone de la Wehrmacht (Ce qui fait un ensemble un peu éclectique mais c'est un début)...et bien sûr un casque, mêmes plusieurs mais bien marqués par le temps. Mais reste à dénicher le ceinturon et le brelage, bref les pièces les plus honéreuses....
Le nom du sous officier allemand est encore indiqué à l'intérieur du boitier.
Les verres de rechanges pour le masque sont également présents, ce qui rend cet ensemble encore plus intéressant.
Comme presque tout les objets militaires allemands, celui possède un marquage.
Je vous présente les bottes allemandes dite Grand Froid, créees pour les soldats combattants dans des territoires aux températures polaires. Nombreux furent les soldats victimes de graves gelures sur le front russe durant l'hiver 1941, la Wehrmacht n'ayant pas équipé tous ces soldats de ce type de fourniture.
Quel meilleur symbole pour parler du pillage de territoires entiers commis par l'Allemagne nazie que ces sacs allemands, servant notamment au transport de farine, du charbon et de bien d'autres ressources. Je présente également durant l'intervention différents tickets de rationnement.
Ci dessus, un porte document typique de l'armée allemande. J'en ai récupéré un autre en poil de vache comme les sacs à dos réglementaires de la Wehrmacht et je pense qu'il est bien plus rare, n'en ayant jamais vu sur des sites de mise en vente comme yabe.
J'ai acquis également quelques objets pour illustrer mon thème favori, la Résistance en France, ainsi que des objets d'époque.
Brassards de résistants, l'un avec croix de Lorraine et un petit morceau de tissu renvoyant au premier.
Voici quelques médailles parmi d'autres : Médaille de la Résistance, Médaille des Evadés, Médaille de la Valeur militaire et enfin une petite broche FFI.
Enfin quelques documents ou objets civils qui viendront compléter l'exposition.
Carte d'Identité de septembre 1940.
Mon projet actuel se résume en quelques lignes. Il s'agit pour moi d'intervenir sur des centres accueillants des classes de neiges ou de découvertes et de proposer mon exposition et mes explications pour une durée comprise entre 1h30 et 2 heures. En hiver notamment, accéder au musée de la Résistance de Vassieux (Je fais vraiment piètre figure à côté...) ou au mémorial de la Résistance, n'est pas chose aisée. Les horaires et la question du transport entravent les visites de ces deux magnifiques lieux de mémoire. Je me propose donc de combler en partie cette lacune en présentant une exposition-intervention centrée sur la Résistance dans le Vercors en particulier, ou de manière plus générale sur la Résistance lors de la seconde guerre mondiale , auprès de différentes structures ou organismes qui en feraient la demande et cela dans une zone géographique confinée pour l"instant aux "Quatre Montagnes". L'exposition sera en partie montée la semaine prochaine au centre Echarlière du village d'Autrans. Ce sera l'occasion de publier de nouvelles photos.
Bonne année à tous.
11:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grenoble, quatre montagnes, méaudre, vareuse, uniforme, tunique, veste, général de brigade, ww2, wwii, 39 45, guerre mondiale, casque, bottes allemandes, brassard ffi, résistance, vercors, guerre, allemand, heer, wehrmacht, sac allemand, sac, boite us, aigle allemand, mag, masque à gaz, munition, médailles allemandes, militaire, débarquement, exposition, autrans, maquis, guerre 39 45, waffen, armes, munitions, vieux papiers, occupation, libération, de gaulle, pétain, hiler, nazisme, histoire, actu, actualités, blog, ffl
05/09/2011
Mon périple sur les plages de normandie
21:41 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ww2, wwii, 39 45, omaha, utah, débarquement, libération, guerre mondiale, ffi, résistance, panzer, ss, wehrmacht, all, wh, milice, 1944, 1939, 8 mai, gold, sword, juno, caen, normandie, calvados, cotentin
09/08/2011
Musée de la résistance de Vassieux en Vercors.
Vassieux, village compagnon de la libération mais village martyr à jamais marqué par la barbarie de l'homme.
En 1973, Joseph La Picirella, un ancien du maquis, ouvre un musée consacré à la Résistance dans le massif du Vercors. Après avoir été cédé au Conseil général de la Drôme en 1999, le musée a été entièrement restauré en 2010. Malheureusement, cette année fut également marquée par la mort de son fondateur, quelques semaines avant la réouverture.
Je vous propose quelques photos d'un site à visiter.
13:07 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : ffi, maquis, ww2, wwii, résistance, 39 45, waffen ss, wehrmacht, vercors, libération, occupation, collaboration, guerre mondiale, pétain, de gaulle, la picirella, milice
20/07/2011
Dossier de présentation de l’exposition consacrée à la Résistance dans le Vercors proposée par Bruno Rey, animateur Nature et Patrimoine à Autrans, mai 2011
Je tiens à remercier Albert Fié, ancien résistant pour sa lettre et ses encouragements, le personnel du centre Montagne et Musique à Autrans dans le lequel j’ai exercé comme animateur nature pendant deux ans, ainsi que Manu qui avec gentillesse a pu me trouver des livres inestimables pour mener à bien mon travail.
Sommaire.
Introduction.
I) Le matériel à ma disposition.
A)La salle d’exposition.
B)Les documents.
a) Les revues et journaux.
b) Les vieux papiers.
c) Les affiches et cartes.
d) Les livres.
C) Les objets d’époque.
a) Les objets de la vie civile
b) Les objets militaires
II) L’exposition.
A) Recueil des connaissances du public.
B) Présentation générale de la seconde guerre mondiale.
C)La résistance, des débuts à la Libération.
D) La tragédie du Vercors.
III) L’espace d’échanges.
A) Résistance, Résister, hier et demain.
B) Apprendre autrement.
IV) Découverte de lieux historiques sur la commune.
Annexes :
1) Mon C.V.
2) Les Lettres d’enseignants.
3) L'articulation de mon animation
4) Listing du matériel d’époque.
Introduction
Depuis plusieurs années déjà, selon les sollicitations, j’évoque simplement ou mène de véritables interventions sur la Résistance dans notre région. Celles-ci ont pour cadre les différents centres du Parc du Vercors accueillants des classes vertes transplantées dans lesquelles j’ai travaillé depuis que je suis animateur nature.
Le public rencontré jusqu’à présent, se compose essentiellement de classes de cycle 3 et presque exclusivement de CM2, l’étude de la Seconde Guerre Mondiale étant dans leur programme d’Histoire.
Depuis cette année, j'y consacre une, voire plusieurs séances d’animation pour présenter d’abord la guerre 39-45, la Résistance en France sous l’occupation afin de mieux situer le chapitre dévolu au Vercors.
Perpétuer le souvenir des milliers d'hommes qui s'y sont battus, et qui par centaines y ont laissé la vie en juillet 1944, constitue un devoir, je crois. Les derniers témoins du drame disparaissent et il faut que nous ne cessions d’alimenter la flamme de notre mémoire. L’actualité nous démontre chaque jour à quel point l’oubli peut être parfois meurtrier, du moins préjudiciable à l’Humanité.
C’est donc à l’aide de différents éléments qui me servent de support pour mon intervention (cartes, documents d’époque, objets de la vie courante…), que je suis à même de plonger le public dans l’une des pages les plus sombres mais également des plus glorieuses de notre histoire.
Je m’attache donc dans la présentation qui suit à énumérer tout d’abord les objets qui me servent de support, puis à exposer le déroulement de mon intervention et enfin à insister sur les échanges suscités lors de cette intervention et des possibles aménagements ou prolongements.
I) Le matériel à ma disposition.
Pour mettre le public dans le contexte de l’époque, j’appuie mon animation sur un ensemble de documents d’époque afin de mieux le plonger dans cette période de notre histoire nationale. Tous ces objets ont été acquis par mes soins et sur mes fonds personnels au cours des années passées. Ils sont multiples et touchent à l’ensemble des points abordés lors des séances.
Ainsi du matériel agricole est présent pour évoquer la vie paysanne dans le Vercors d’autrefois tout comme de nombreux objets de la vie courante qui sont autant de sources de curiosité et de questionnement. Enfin des effets militaires glanés aux fils des années sont disposés dans la salle ainsi que de nombreux documents d’époque.
A) La salle d’exposition.
La salle d’exposition se situe dans les combles du centre Montagne et Musique à Autrans, centre dans lequel je travaille au moment où j’élabore ce dossier de présentation. L’exposition ne peut être que temporaire, la salle servant à de multiples usages tout au long de l’année. Il me faut donc compter près d’une heure de mise en place, sans compter le rangement, pour chaque séance. De plus, le nombre d’objets ou de cadres à placer n’a cessé de s’accroître ces derniers mois grâce à de nouvelles acquisitions ou à des dons.
B) Les objets à disposition.
Je mets en annexe la liste non exhaustive des objets que je possède pour animer ma séance. Ils sont multiples, tant dans leurs origines, civiles ou militaires que dans les opinions qu’ils véhiculent notamment en ce qui concerne les documents, livres et journaux.
a) Les revues et journaux d’époque.
Je dispose ainsi d’une soixantaine de numéros de France Libre des années 1944 et 1945 ainsi que le premier numéro du Parisien Libéré en date du 22 août 1944. Ils font partis d’un ensemble estimé à plus de 300 pièces collectées par mes soins et dont une liste partielle est établie dans l’Annexe du présent document (Plusieurs revues allemandes de propagande Signal, une grande partie des Illustration ayant trait à cette époque, diverses revues comme Match, des années 1939 et 1940…)
b) Les vieux papiers.
Mon intervention nécessite également la collecte et la mise en valeur de papiers d’époque dont voilà quelques exemples : Des tickets de rationnement, des papiers de l’Etat français estampillés comme tels et qui jurent ainsi avec ceux issus de la défunte République, de nombreuses brochures de propagande de l’Etat français, de vieilles cartes postales (Les Barraques en Vercors,Le Pont de la Goule noire)….
(Les tickets de rationnement qui ne disparaîtront pas à la fin de la guerre mais perduront pour certains jusqu'en 1949)
D’autres documents illustrent également l’exposition : Billets de banque, pièces de monnaie avec Marianne ou Francisque, timbres à l’effigie du maréchal Pétain ou d’Hitler, dizaines photos d’origine civile ou militaire, en grande majorité allemande montrant des soldats de la Werhmacht dans leur vie quotidienne, à l’entraînement ou sur les différents théâtres d’opérations militaires.
(Les allemands à Paris, photos symboliques de la victoire de juin 1940)
(Le général de Gaulle en visite au Etats-Unis)
c) Les affiches et cartes.
Sur les murs de la salle, j’utilise des reproductions d’affiches de l’époque. (issues de la série Journaux de guerre, et du coffret La Résistance d’Alain Guérin). Il s’agit de parfaits exemples de propagande, tant alliés que nazis et qui plongent le public parfois dans ce qu’il y a de plus de vil chez l’homme.
J’expose également une vieille affiche placardée dans la ville de Romans par les allemands le 25 juin 1940, jour de la rentrée en vigueur de l’armistice et qui dresse un liste d’interdits et des vexations imposées à la population civile. J’ai également recours à différentes sources cartographiques que je présente en annexe.
(Le monde en 1940, affiche d'époque éditée par le journal le Matin)
J’ai également crée des affiches avec des photos issues des Dossiers de la Résistance dont voici les principaux thèmes.
- La Résistance.
- La Collaboration.
- Charles de Gaulle.
- Le Vercors.
- La Libération.
- Quatre années d’occupation.
d) Les livres que je laisse à disposition.
Qu’ils soient d’époque ou non, l’exposition mets à disposition du public des dizaines d’ouvrages sur la seconde guerre mondiale. Une trentaine concernent l’histoire du Vercors (Citons Paul Dreyfus, Joseph La Picirella parmi les auteurs livres en question), d’autres ont trait à la guerre en général où à la Résistance en particulier. De nombreux livres pour enfants sont à leur disposition à la fin de l’intervention et peuvent donc être empruntés tout au long de leur séjour. Cela explique en partie pourquoi j’essaye de mettre en place ma ou mes séances en début de semaine afin de laisser du temps, à ceux qui le souhaitent, pour apprendre et approfondir par eux-mêmes leurs connaissances.
C) Le matériel d’époque.
L’époque abordée, c’est également tous un ensemble d’objets, militaires ou civils, qui entraînent le public dans un passé pas si lointain que cela. Une approche ludique est parfois envisagée avec un jeu de comparaison entre les objets de la vie courante d’aujourd’hui et ceux de nos grands-parents afin de deviner la fonction et le mode d’utilisation de certains.
a) Les objets de la vie civile.
J’expose et donne la possibilité de manipule à tous un ensemble d’objets d’époque dont des appareils photos, des machines à écrire, des téléphones, des moulins à café, des postes TSF...
b) Les objets militaires.
Pour l’exposition, j’ai pu récupérer au fil du temps tout un nombre d’objets, lui aussi servant de support à l’animation et pouvant être manipulé par le public. Ainsi sont présentés des casques (allemand, français…), des vêtements militaires, des masques à gaz, des ustensiles (gourdes…), des malles, des jerrycans, des pièces de fouille (douilles de fusils, queue de roquette de bazooka…) caisse de munitions…
II) L’intervention.
Avant de commencer à raconter l'Histoire du Vercors lors de la seconde guerre mondiale, une présentation des grandes phases de cette dernière s’avère nécessaire pour mieux situer et replacer les évènements dans le temps. Il arrive souvent que cette période n’est pas encore été étudiée en classe. La durée de l’intervention peut donc fluctuer en fonction des attentes des enseignants et du temps imparti dans le planning de la semaine, déjà chargé, pour mettre en place de telles séances. L’idéal pour moi, se sont deux séances de 50 minutes, l’une axée sur la Seconde Guerre Mondiale et la Résistance en France de manière générale, la seconde recentrant le public sur la Résistance dans notre région et sur le Vercors en particulier. Sans oublier que de nombreuses questions méritent d’être posées et que des débats portant notamment sur le devoir de mémoire par exemple ou sur l’engagement aujourd’hui peuvent s’ouvrir.
A) Un recueil de connaissances.
Quelles sont les connaissances des enfants sur la guerre 39-45 ? Des parents proches ont-ils connus cette période ? Ont-ils des dates qui leur viennent à l’esprit, des noms quand on leur évoque cette période? Sont-ils déjà allés sur des sites historiques consacrés à la Résistance par exemple? Ont-ils vu des films, lu des histoires traitant du sujet… ? Ont-ils déjà abordé le thème en classe ?
Cet échange permet de faire une première évaluation du niveau du public. Il permet d’ajuster le contenu de l’intervention et de rentrer ainsi plus ou moins dans certains détails. La majorité du public étant composée d’enfants de cycle 3, CM1 et CM2, le degré de maturité est très variable bien entendu.
Après cette première approche, l’animation peut également se poursuivre par l’intermédiaire d’un jeu qui permet de familiariser les enfants avec les objets de l’époque. Il consiste à placer dans l’exposition des objets de la vie courante d’aujourd’hui aux côtés de ceux utilisés autrefois, ce qui est loin d’être toujours évident.
B) Présentation générale de la seconde guerre mondiale.
Voici ci-dessous les principaux axes abordés au cours de cette phase de l’exposition.
- Les camps en présence et les principaux protagonistes.
- Les alliances nouées.
- Les enjeux du conflit.
- La chronologie des évènements (Les principales étapes du conflit)
- La vie quotidienne des gens pendant la guerre.
- Les camps de la mort.
A l'aide d'une carte de 1940 "interactive", les enfants peuvent suivre les grandes étapes de la guerre, de l'Anchluss en 1938 à la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945. Des petits drapeaux servent à matérialiser les mouvements et les différentes phases du conflit. Ces derniers constituent un formidable moyen de visualiser l’extension allemande, l’arrivé de nouveaux acteurs en Europe…
Voici les principales étapes abordées :
- La prise du pouvoir par Hitler en 1933.
- L’annexion de l’Autriche en 1938.
- Les accords de Munich et le démembrement de la République tchèque.
- L invasion de la Pologne en 1939.
- La drôle de guerre.
- L’invasion du Danemark et de la Norvège et la bataille du fer.
- L’invasion de la France et l’armistice.
- La Bataille d’Angleterre.
- La déroute italienne en Grèce et l’invasion de la Yougoslavie et de la Grèce.
- L’opération Barbarossa, l’invasion de l’URSS et l’arrêt devant des allemands aux portes de Moscou.
- Le débarquement américain en Afrique du Nord.
- Le débarquement anglo-américain en Italie et la défaite allemande de Stalingrad.
- Le débarquement des alliés en Normandie et la libération de la France.
- La chute du IIIème Reich, la mort d’Hitler et la fin de la guerre en Europe.
Les théâtres d’opération en Afrique ne sont pas abordés de même que ceux du Pacifique. Juste l’alliance nippo-germanique est abordé pour expliquer l’entrer en guerre des Etats-Unis contre l’Allemagne.
C) La Résistance, des prémices à la libération.
Cette partie de l’exposition s’attache à présenter la Résistance lors de la seconde guerre mondiale dans ses grandes lignes. Elle commence par une série de questions que je pose aux enfants :
· Qu’est que la résistance ? Que veut dire résister ? Comment résister et lutter contre l’oppression ? Avec quels moyens ?
· Quels sont les sentiments du peuple français à cette époque ? Quels sont les principales préoccupations de la population ? Evoluent-ils en fonction des évènements internationaux, de l’évolution du conflit?
Elle se poursuit par une présentation des principaux acteurs de ce chapitre (Le général de Gaulle, Jean Moulin…), des premiers réseaux (missions et besoins…) et des premières actions entreprises.
Mais la résistance s’inscrit dans un contexte, celui de l’occupation d’abord partielle puis totale de notre territoire et du régime de Vichy. Comment évoquer la résistance sans s’attarder un peu sur l’Etat français et sa politique de collaboration. Comment parler de ce chapitre et de la montée en puissance des maquis sans évoquer la mise en place du STO, les revers subis par l’armée allemande et le retour de l’espoir sur le continent avec notamment l’entrée en guerre des Etats-Unis. (Se référer au tableau de présentation mis en annexe)
D) La tragédie du Vercors
Nous rentrons désormais au cœur du but premier de l’intervention. Il s’agit ici de présenter globalement et de manière sommaire un sujet sur lequel on pourrait discourir pendant de longues heures. Il s’agit donc de simplifier les faits tout en inscrivant le Vercors dans un contexte, celui de la Seconde Guerre Mondiale et de l’un de ses chapitres, la Résistance.
Pour commencer une présentation du Vercors d’un point de vu topographique s’impose afin de comprendre le rôle qui lui avait été dévolu dans la bataille pour la libération de la France. Ce travail s’effectue avec une carte en relief du massif.
a) Le contexte.
Après l’invasion de l’URSS en 1941 et l’instauration du S.T.O qui en découle directement deux ans plus tard, le massif du Vercors va se transformer en refuge pour ceux que l’on va qualifier tout d’abord de réfractaires. Nous abordons grâce à une carte en relief du Vercors les atouts que représente le massif pour des personnes désirant se cacher et se soustraire tant aux allemands qu’aux autorités complices de Vichy. Nous ne rentrons par contre pas dans les détails concernant les débuts de la résistance en Isère et dans le Vercors. Cela risquerait de noyer le public sous trop d’informations. Nous présentons ainsi les premiers « maquisards » et les motifs qui les ont poussés à se mettre « hors la loi » vis-à-vis de Vichy et des troupes d’occupation.
b) Les premiers besoins.
Avant de devenir des résistants luttant les armes à la main contre les allemands et leurs valets, les hommes venus au Vercors recherchent avant tout des choses élémentaires dans une période de pénurie généralisée (Un abri, de la nourriture, de l’eau, des vêtements et des chaussures appropriés…) Pour cela, il s’agit de nouer des contacts avec la population locale pour pallier aux difficultés du ravitaillement. Quels sont leurs soutiens ? Quelle est l’attitude générale de la population ?
c) Les débuts.
Sans arme pour la plupart, sans instruction militaire et sans encadrement suffisant ou adéquat, les débuts sont plus que difficiles pour des hommes qui se sont mis hors la loi et qui vont en grande partie constituer l’ossature de la Résistance dans le Vercors. Les premières armes ne parviendront qu’en petite quantité fin 1943. L’encadrement et l’instruction seront le fait d’agents parachutés ou d’anciens officiers ou sous-officiers de l’armée de métier, devenus sans affectation depuis l’invasion de la zone dite « libre » et la disparition de l’armée d’armistice. Les débuts se sont également les accidents, les missions mal calculées et les incursions ennemies, troupes allemandes ou milice de Darnand. Les motivations de ceux que l’on qualifie à l’époque de « terroristes » sont aussi abordées. Elles permettent notamment de dresser une liste de l’ensemble des interdits, des vexations imposées à cette époque par l’occupant.
d) La vie au maquis.
Par l’intermédiaire de cours passage de livres écrits sur des expériences vécues dans le Vercors, nous pouvons présenter la vie des premiers maquisards dans les différents camps implantés sur le massif. Comment se déroule une journée dite « classique » avec ses corvées, son entraînement, ses tours de garde…
e) Les premières actions et les premières menaces.
Quelles sont les principales actions entreprises par les maquis du Vercors ? Sont-elles toujours couronnées de succès ? Quelles sont les réactions des troupes allemandes et de leurs alliées vichystes ? Nous abordons donc ici les premières attaques et les incursions allemandes ou de la milice dans, ou proximité du Vercors.
f) L’échec du Plan Montagnard
Quel était donc le projet sous-jacent à cette concentration d’hommes, près de 4000 en juillet 1944, dans ce lieu géographique précis ? Il consistait à former une sorte de porte avion en territoire occupé, susceptible d’accueillir des forces alliées en plus des groupes de résistants de la région une fois le second débarquement réalisé dans le midi de la France. Ainsi, ce groupe hétéroclite mais néanmoins déterminé pourrait mener des actions sur les arrières des troupes ennemis alors en plein combat contres les troupes alliées. La bataille de Montélimar en août 1944, montrera que ce plan, si décrié par la suite, pouvait avoir un objectif militaire parfaitement valable. La constitution d’un véritable « bouchon » dans la vallée du Rhône avec les éléments du Vercors aurait peut être entraîné l’anéantissement de toute une armée allemande. Nous ne rentrons pas ici dans les polémiques au regard de la complexité du sujet.
g) LaBataille du Vercors.
Les grandes phases des opérations et les crimes perpétrés par les troupes d’occupation sont présentés au public par l’intermédiaire d’une carte du Vercors. Cette dernière permet de cerner la stratégie allemande, de visualiser les principaux lieux de combats mais également les principaux théâtres d’exactions commis par troupes nazies…
- L’attaque de Malleval et des Barraques en Vercors en janvier 1944
- Les deux attaques contre Saint Nizier en juin 1944.
- L’attaque générale du Vercors : Valchevrière, Vassieux, La Grotte de la Luire, le bombardement de la Chapelle en Vercors….
Puis, nous nous concentrons sur la trop longue liste des disparus, qu’ils soient issus des rangs de la résistance ou simples civils.
III) L’espace d’échanges.
Pour de nouveau laisser la parole aux enfants, j’aime ouvrir un débat portant sur le devoir de mémoire. A quoi sert l’Histoire ? Pourquoi se souvenir d’une période qui semble si lointaine ? De quelles libertés jouissons-nous aujourd’hui comparées à l’arbitraire d’hier. Cette séance permet à beaucoup de découvrir la barbarie, l’arbitraire menés au nom d’une idéologie raciste.
A) Résister aujourd’hui.
- Que veut dire s’engager ?
- Pourquoi ne devons nous pas rester indifférent ?
- Pourquoi devons nous nous montrer critique ?
Voilà des questions qui méritent d’être posées. La peur de l’autre, la xénophobie, le racisme peuvent servir de pont pour lier l’antisémitisme d’hier aux maux de la société actuelle. C’est un sujet sensible, politique qu’il faut aborder avec précaution. La parole est aux enfants et l’animateur se doit de rester objectif, ce qui ne veut pas dire neutre.
B) Apprendre autrement, apprendre par soi et pour soi.
Pour ceux qui le désirent, un espace ressource est en effet mis à leur disposition. Il contient près d’une trentaine d’ouvrages répartis en trois catégories qu’ils sont libres d’emprunter à leur guise durant tout le reste de leur séjour dans le Vercors. Ces derniers peuvent être répartis en trois catégories :
- Ceux traitant de la seconde guerre mondiale de manière générale.
- Ceux traitant de la Résistance de manière générale.
- Ceux traitant de la Résistance dans le Vercors en particulier.
Il s’agit pour la plupart de livre jeunesse et non de livres pour un public plus âgé. Cela n’empêche pas certaines illustrations et certains mots d’être parfois très durs.
IV) A proximité du centre.
Un approfondissement de la (ou des) séance consacrée à la Résistance dans le Vercors lors de la seconde guerre mondiale peut être effectué avec un déplacement dans le village d’Autrans pour trouver des traces du passé. Des plaques commémoratives, des stèles sont présentes dans ou à proximité du centre du village (Place du village, hameau d’Echarlière, hameau des Tranchants, place de la mairie, croix des fusillés au bourg de Dessus) ainsi qu’au cimetière d’Autrans. Les tombes et leurs inscriptions sont un moyen de reconstituer l’Histoire du Vercors, des martyrs de la bataille aux fusillés du Polygone à Grenoble par exemple. L’ensemble de ces lieux permettent également de revenir sur certains sigles (FFI, V de la Victoire) ou symbole (Chamois
Les tombes du Commowealth et les interrogations du public sur leurs présences dans un petit village du Vercors peut servir de fil conducteur pour nous rendre sur les lieux du crash du bombardier anglo-saxon, à proximité du refuge de Gève et de présenter le Camp C3 présent dans ce dernier lors de l’hiver 1944. Cette randonnée du centre du village au plateau de Gève peut également être envisagée afin de prendre la mesure du chemin que devaient parcourir ceux qui ravitaillaient les maquisards cachés à proximité de ce dernier.
Elle permet également d’aborder d’autres aspects, humains, comme la solitude, la solidarité, les privations, la peur, l’angoisse….
Ces séances ne peuvent tout enseigner mais si j’arrive à éveiller la curiosité, l’envie d’en savoir davantage, je pense que j’aurai réussi !
18:45 Publié dans Blog, Histoire | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : de gaulle, maquis, maquisard, ffi, ffl, résistance, vercors, drôme, isère, guerre mondiale, guerre 39 45, milice, wehrmacht, vassieux, autrans, animation, waffen ss, libération, ftp, as, chabal, prevost, collaboration, lvf, la chapelle en vercors, alpes, méaudre, saint nizier, guerre