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25/03/2010

Circus politicus.

Après la déculotté enregistrée par la droite aux élections régionales, notre président ne pouvait rester sans agir et s'agiter en tout sens. Fini l'ouverture à gauche, si peu rémunératrice en terme de suffrages, bonjour l'ouverture à sa famille d'origine, composée d'une multitude de chapelles, chacune animée par une ambition particulière. Nicolas Sarkozy renoue, mais n'a-t-il jamais arrêté, avec son discours musclé, voire  martial, sur la sécurité et propose de nouveau de durcir les textes existants. Au plus bas dans les sondages, distancé par certains ténors socialistes, il doit également subir l'affront de la popularité relative de son premier ministre. L'année 2010 conditionnera son avenir politique et sa présence ou non à l'échéance de 2012. La réforme des retraites peut lui servir de tremplin pour se relancer avant de gérer les affaires courantes en 2011 tout en profitant de signaux revenus dans le vert après une sortie de crise moins hypothétique que prévue. La France de Sarkozy, c'est une France où chaque fait divers, si tragique soit-il, doit immédiatement se traduire en une nouvelle loi. Qu'elle soit appliquée ou non, que les décrets en découlant ne soient pas codifiés ou bien qu'elle n'est aucun effet, peu importe. Il s'agit dans la France de Sarkozy de donner le sentiment que l'on agit alors que l'on s'agite, que l'on est du côté du peuple alors que l'on tombe dans le populisme.  Dans la France de Sarkozy, le président de Radio France se croit obligé de présenter ses excuses après une attaque appuyé de l'un de ses employés sur une antenne du groupe à l'encontre d'un ministre, si peu objet de polémique d'habitude. Dans la France de Sarkozy, l'Ecologie, grand thème de campagne pour draguer l'électeur concerné par les enjeux environnementaux de notre époque, est sacrifié sur l'autel d'une recherche électoraliste effrénée et d'une volonté de renouer avec un monde agricole productiviste, champion du monde en consommation en engrais chimiques mais si précieux lors des scrutins. Dans la France de Sarkozy, le Grenelle de l'Environnement est taillé en pièce alors que la qualité de nos cours d'eau et réserves est loin d'être satisfaisante à cause de la quantité d'intrants utilisés. Dans la France de Sarkozy, l'insécurité règne dans les manifestations ou protestations ou les coups de flashball, cette arme non létale qui a cependant déjà coûté la vie à sept yeux depuis qu'elle est autorisée, sont légions tout comme les fameux "outrages et rébellion" et autres gardes à vue arbitraires. Dans la France de Sarkozy, on nous apprend que les français sont avides de réformes et qu'il faut donc maintenir le cap, à savoir une casse généralisée du service public et notamment de l'un des piliers du pacte républicain, à savoir l'Ecole. Dans la France de Sarkozy, il faut aimer la patrie ou la quitter. Certains ne demandraient rien d'autre mais faute de pouvoir d'achat ou tout simplement d'emploi à l'heure ou nos banques se groiffent de bénéfices réalisés grâce à de l'argent public, cela s'avère plus que difficile. Dans la France de Sarkozy, mis à part les retraites, le port de la burqua semble s'avèrer comme le principal défit auquel notre pays est confronté. Dans la France de Sarkozy, l'insécurité semble omniprésente dans les discours des ténors de la majorité alors que ceux-ci sont aux commandes depuis près de huit années et que les lois se multiplent. Dans la France de Sarkozy, le nombre des représentants de la police nationale sera réduit cette année alors que leurs missions ne cessent d'augmenter afin de faire respecter de nouvelles lois parfois liberticides. Bref la France de Sarkozy, sauf grande surprise, il va falloir l'endurer encore deux ans minimum et rien n'est gagné pour 2012.

Le retour de l'ORTF ? Le président de Radio France, Jean-Luc Hess, nommé à cette fonction par qui l'on sait, s'est cru obligé de présenter  " les excuses du groupe" à Eric Besson, hier après-midi, sur le site du magazine "Le Point", à la suite d'une chronique de l'humoriste Stéphane Guillon dans la matinale de France Inter, comparant le ministre de l'Identité nationale à une "taupe du FN" (Front national), infiltrée au sein de l'UMP. Il s'agit ici sans doute d'un cas de service minimum dans un service public, car M Hees aurait pu également défendre notre ministre qui avec le lancement à des buts purement électoralistes du débat sur l'Identité Nationale est accusé au sein même de la majorité présidentielle d'avoir apporté son modeste concours au succès du Front National aux élections régionales.


Sondage : D'après une enquête réalisée avant le second tour des élections régionales, 33% des sondés souhaitent que le chef de l'Etat brigue un second mandat dans deux ans, et 58% ne le souhaitent pas. Voilà donc un sondage non commandé à Opinion Way par l'Elysée, et cela avec de l'argent public, pour ensuite en faire profiter la presse amie dont le Figaro que nous ne citerons pas.

A la question: entre le Premier ministre et le chef de l'Etat, "quelle personnalité préférez-vous?", 65% des sondés répondent François Fillon et 29% citent Nicolas Sarkozy. Les français préfèrent celui qui annonce des temps difficiles et une hausse du chômage à celui qui prophétisait il y a peu encore une baisse du nombre de demandeurs d'emplois dans les semaines et les mois qui viennent.

Jean d'Arc : Dominique de Villepin, via ses valets, annonce qu'à partir de jeudi et dans les semaines qui vont venir, il va s'attacher à présenter aux Français un « autre projet, une alternative pour 2012, tout simplement parce que c'est absolument indispensable". Donnant un magnifique exemple à l'adage qui stipule qu'il faut parfois garder ses ennemis près de soi afin de mieux les contrôler, Nicolas Sarkozy a donné un sous ministère à George Tron qui avec Mariton, Le Grand ou Goulard constitue le petit noyau de fidèles de notre ancien premier ministre. Quand Villepin parle alternative, il pense à la réactivation de cellules pour déstabiliser ses adversaires, au CPE ou CNE, à la mise en place de l'état d'urgence, à la protection contre vents et marées de son mentor et  recordman national de casseroles, Jacques Chirac. Attention, Villepin veut se donner à la France de manière maladive, attention au risque de viol surtout avec ce que les jeunes ont faillis se prendre il y a peu encore.  (Sur ce sujet, j'aime la saillie de Dominique de Villepin lors de l'affaire Cécilia : « Un homme qui ne peut garder sa femme, ne peut garder la France »...)

Qu'est que la fidélité en politique ? Selon une dépêche de Reuters, Eric Woerth, notre nouveau ministre en charge de l'épineux dossier des retraites, en remplacement du sacrifié Xavier Darcos,  fut autrefois un inconditionnel de Jacques Chirac. En 2002, il fonda le Club de la Boussole, qui rassemblait alors une quarantaine de députés UMP "réformistes" ayant juré fidélité à l'ancien président, puis à Dominique de Villepin nous rappelle le perfide personnage auteur de ses quelques lignes.  Depuis 2007, le fidèle est ministre de l'ennemi intime de ses deux anciens mentors. La fidélité se mesure au maroquin proposé. Même un sous sous secrétaire d'Etat ou autre sinécure avec chauffeur peut faire l'affaire.

Cour des comptes. Alors que Roselyne Bachelot va être entendue ce mardi devant une commission d'enquête du Sénat sur l'influence supposée des laboratoires pharmaceutiques sur les experts sanitaires, dans le cadre du plan contre la grippe A, le chiffre est tombé. Selon Le Figaro, «L'État devrait payer au final 48 millions d'euros aux groupes pharmaceutiques, en lieu et place des 358 millions d'euros prévus initialement pour les 50 millions de doses annulées». Cela fait quand même 48 millions de raisons de tousser ou de rire jaune, c'est selon.

Tête à claques  : « Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes.. » déclarait il y a peu Eric Zemmour sur le plateau de Salut les Terriens, l'émission de l'humble Ardisson sur Canal +.  Bénie soit la police, car si les contrôles se réalisaient non à la couleur de peau ou à l'origine supposée de l'individu contrôlé mais à la tête de con, Zemmour aurait du souci à se faire. Et puis si ils se font contrôler plusieurs fois, c'est que les policiers ont à coeur de bien leur travail, c'est tout!

Révélation : "Mais je peux aussi ne pas être candidate. Et à l'heure où je vous parle, je ne suis pas candidate", a affirmé la présidente de Poitou Charentes lors de son passage sur TF1 (Une tribune médiatique en solo, c'est quand même mieux qu'une photo de groupe derrière Martine, non?) Attention l'heure tourne et l'échéance des primaires arrivent.

Popularité : Les cotes de popularité des leaders du Front national sont en nette amélioration, selon le tableau de bord politique Ifop pour Paris Match diffusé mardi. Merci qui? Un homme aux yeux de fouine serait actuellement fortement suspecté. Selon cette enquête, la cote de popularité de Martine Aubry, premier secrétaire du PS reste stable (à 61%) tandis que celle du directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, (à 73%) se tasse légèrement. Cela en fait des français qui connaissent les fonctions et les actions du président du Fond Monétaire International ou qui apprécient les frasques de l'ancien ministre de l'Economie et des Finances de Lionel Jospin avec le personnel féminin de l'institution basée aux Etats-Unis. Pour en revenir au FN,  le chef du mouvement, Jean-Marie Le Pen, voit aussi sa cote progresser de manière significative (+5 points) et retrouver le niveau (24% de bonnes opinions) qui était le sien au lendemain du dernier scrutin présidentiel, en 2007. Le président du F Haine pourrait donc ainsi aisément remplir le Vel'd'Hiv comme il en révait lors de la campagne des régionales', nein ?

Comique de répétition ? Nicolas Sarkozy a assuré aujourd'hui que les assassins du policier français, seraient retrouvés et "châtiés avec la plus extrême sévérité", promettant une "tolérance zéro" face aux agressions des représentants des forces de l'ordre. « Quiconque porte atteinte à un policier, à un gendarme, à un fonctionnaire par l'insulte ou par le geste, porte atteinte à la République elle-même", a-t-il affirmé. "Face à ses agressions, nous appliquerons la tolérance zéro" Le président a réaffirmé que "le Parlement examinera prochainement une modification de la loi pénale destinée à punir plus sévèrement les assassins de policiers et de gendarmes", faisant passer la peine de sûreté incompressible de 22 à 30 ans. Un drame, une loi, mais après, il faudra sans doute « délégiférer ». Enfin tout ceci, laisse la triste impression du déjà entendu. Et puis, le président de la République, malgré son statut vis à vis du CSM, le Conseil Supérieur de la Magistrature n'est point juge. Le discours est exactement le même qu'à l'époque de l'assassinat de Nelly Cremel.

Titre du Figaro : Sarkozy promet «d'éradiquer» les bases de l'ETA en France. Après avoir promis de nettoyer la cité des 4000 au Karcher, super Sarko pioche de nouveau dans son champ lexical martial. Le succès sera sans doute foudroyant.

Taxe carbone : Le gouvernement a renvoyé mardi l'instauration d'une taxe carbone en France à un hypothétique accord sur un tel dispositif à l'échelle européenne, ce qui revient à renvoyer le projet aux calendes grecques, provoquant des remous jusqu'au sein de l'exécutif. Premier objectif donc de l'après déroute des régionales, renouer avec les catégories sociales de droite ayant fait défaut lors du scrutin et notamment avec les agriculteurs productivistes de la FNSEA. Mais la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno a spectaculairement rompu avec la solidarité gouvernementale en y voyant bien un recul du gouvernement."Je suis désespérée de ce recul, désespérée que ce soit l'écolo-scepticisme qui l'emporte", aurait déclaré, citée par son entourage. Cette déclaration contraste avec la langue de bois, particulièrement bien sculptée des différentes responsables de l'UMP ayant à se prononcer sur le sujet.

Bruno Rey.