30/01/2010
Chronique de la semaine passée
A deux mois des élections régionales, suffrage à deux tours avec scrutin de liste par département avant panachage et accord pour le deuxième entre les différentes formations politiques, il fait peu de doute que le parti socialiste, malgré les déconvenues enregistrées au niveau national depuis plusieurs années, sortira de nouveau vainqueur de cette consultation. La campagne menée actuellement par le parti présidentiel et son secrétaire général, l'ancien ministre du Travail, Xavier Bertrand, est, à bien des égards, populiste, étant axée uniquement sur des mensonges et des vœux pieux. De plus, pour ce dernier, les objectifs du parti présidentiel semblent bien modestes. « Chaque région gagnée sera une victoire » assène t-il en effet depuis des semaines, une affirmation qui laisse pantois et que l'on pourrait compléter par celle-ci : Chaque région perdue sera une défaite. Mais finalement cette « raffarinade » ne s'adresse qu'à l'Alsace dirigée par Adrien Zeller et à la Corse ou les divisions de la gauche ont permis l'élection d'un élu UMP en 2004. L'UMP ne vise donc pas à reconquérir certaines régions perdues il y a six ans, après la Bérézina que l'on connaît, tache extrêmement difficile en plein désamour entre un président au plus bas dans les sondages et une opinion publique sourcilleuse, mais simplement à limiter la portée de ce scrutin, qui ne deviendrait d'ampleur nationale bien sûr que si le score du parti présidentiel est honorable et ne transforme pas un vote sanction pour la politique menée par l'actuelle majorité depuis 2007. On imagine déjà le soir du premier tour et les ténors de la majorité invités sur les plateaux de télévision afin de commenter les résultats et se gargariser sur les scores obtenus par leur parti, sans doute autour de 30%. Bon chiffre pour un parti que l'on n'avait pas connu depuis une décennie mais qui cache une autre réalité, à savoir que l'UMP ne dispose d'aucune ressource de voix pour le second tour.
« La première priorité c'est l'emploi » affirme le gentil Xavier Bertrand. Et dire que pour l'instant, la campagne de l'UMP semblait uniquement axé sur le thème de la sécurité couplé à celui de l'Immigration en plein « débat » sur l'Identité Nationale, un « débat essentiel » selon Xavier Bertrand. Soulignons que la Région, en tant qu'entité administrative a pour principale prérogative la formation et non la création d'emplois, cette dernière relevant d'une politique nationale volontariste dans ce domaine. Prenons Renault par exemple, dont l'Etat détient encore 15% du capital, qui continue sa politique de délocalisation de ses sites de production. (75% de ses voitures fabriquées hors de l'Hexagone en 2009) alors que la France a fortement soutenu le géant de l'automobile avec un prêt de 3 milliards l'année dernière. La moralisation du capitalisme est sans aucun doute en bonne voie grâce aux bons offices de notre président... « Je considère que, dans ces condition lorsqu'on achète une Renault aujourd'hui, on aggrave le déficit commercial de la France » aurait déclaré le président de la République si l'on en croit des propos rapportés cette semaine par le Canard Enchaîné. Principale priorité des français, le chômage ne cesse de croître (20% de hausse en 2009) en France.
Revenons sur ce bon vieux thème de campagne, chère à la droite depuis 2002 à savoir l'insécurité. On ne parle plus de vidéo-surveillance, mais de vidéo-protection terme que George Orwell n'aurait pas renié. (Après tout dans 1984, le ministère de l'Amour...s'occupe de la guerre...) Malgré les résultats, plus que mitigés en Grande Bretagne, pays ultra surveillé, la droite semble vouloir équiper nos villes de ces appareils. C'est vrai qu'une caméra est tellement plus sympathique qu'un policier municipal. Finalement, elle pourrait presque répondre au besoin de proximité souhaité par les français et répondre aux impératifs de Bercy, qui cherche toujours à se débarrasser de la moitié des fonctionnaires. Il y a quelques jours, notre ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, se vanté d'avoir fait baisser la délinquance en France de 1,04%. Nous savons tous à quoi nous en tenir en matière de chiffre. Il suffit de prendre par exemple le nombre de voitures brûlées à la Saint Sylvestre qui n'a rien à voir avec celui publié, avec un satisfecit, par la place Beauvau. Les violences aux personnes ont augmenté l'année dernière de 3% pour une hausse globale de 14% entre 2003 et 2008, période ou Sarkozy, Villepin, Alliot-Marie ont été les locataires successifs de la place Beauvau.
Et puis, il y a le haro de la droite sur la politique fiscale menée pendant le six dernières années par les régions dirigées par la gauche. Ces dépensiers ont fait flambé les taxes locales, très basses en pourcentage mais ne rencontrons pas dans ce type de détail qui entraîne réflexion et du « temps de cerveau humain disponible ». Surtout n'insistons pas sur les charges supplémentaires consécutives à la politique de décentralisation relancée par Jean Pierre Raffarin. Ce surcroît de charges n'a pas été compensé à « l'euro près ». Et il en sera de même avec la suppression de la taxe professionnelle, remplacée par une Contribution Territoriale.
« Les régions socialistes ont fait blocage, en ne participant pas au plan de relance ». Ah ce plan de relance. Et dire que la France, comme bien d'autres pays, ont prêté d'énormes liquidés à des banques, hier encore en difficultés, qui aujourd'hui renouent avec les pratiques immorales de l'avant crise. Et dire que le président Sarkozy s'était fait le champion de la moralisation du capitalisme, à défaut d'être un homme politique pouvant moraliser la vie politique française de par sa nature.
Les Brèves :
Sinécure : Bernard Kouchner affirme vivre « une souffrance quotidienne » selon le Nouvel-Obs comme locataire du Quai d'Orsay. Mais celle-ci doit sans doute être facilement surmontée par ce grand homme pour des motifs prestigieux et non pour les dîners mondains et les quelques privilèges découlant de la fonction exercée comme pourraient le persifler certains esprits mesquins. Alors Kouchner, un tiers- mondiste, deux tiers mondains ?
Don de sa personne : Le Maire de Bordeaux et ancien premier ministre, Alain Juppé a annoncé son refus de succéder au défunt Philippe Seguin au poste de premier président de la Cour des Compte. Argument avancé par l'éphémère ministre du premier gouvernement de François Fillon : « Cela aurait impliqué que je renonce à mon mandat de maire de Bordeaux. Je ne ferais pas ça aux Bordelaises et Bordelais ». Monsieur droit dans ses bottes est trop bon, la ville risquerait sinon de tomber dans le chaos et l'anarchie. Quel émouvant don de soi à ses administrés. Plus loin dans cet entretien accordé au journal Les Echos, il affirme que « l'idée (qu'il pourrait) s'ennuyer à Bordeaux est une idée qu'il faut se sortir de la tête ». En tout cas il n'a pas eu le temps de s'ennuyer au poste de ministre de l'Environnement, sa défaite à une élection législative l'ayant obligé, jurisprudence Sarkozy de l'époque, à démissionner deux mois après sa prise de fonction. Et puis, sa réélection anticipée à la mairie, après sa peine d'un an inéligibilité écoulée, a coûté la bagatelle de 300 000 euros aux « bordelaises et bordelais ». Alain Juppé n'est le genre d'homme à s'ennuyer avec de tels détails prosaïques.
Mauvaise cuisine : A propos de notre président, le Courrier International a consacré un long dossier sur un homme qui « multiplie les annonces inattendues (Suppression de la publicité sur les chaînes publiques, lancement d'un grand emprunt, projet d'une Union pour la Méditerranée, projet de « civilisation »....) et spectaculaires, généralement dans les moments ou il se trouve en difficulté ». Conclusion du journaliste de Newsweek, il risque de se lancer dans une réelle inflation de telles initiatives dans une période où la crise économique que l'on vient de subir n'a pas fini de se faire sentir.
Le retour du Héron : Lors d'un déplacement un banlieue, notre ancien premier ministre Dominique de Villepin a claironné sa volonté de servir la France et les Français et « d'offrir une alternative politique » à nos concitoyens. Notre héron, jadis qualifié de Néron par Bernadette Chirac après la calamiteuse dissolution de 1997 quand ce dernier était encore secrétaire général de l'Elysée se voit en libérateur de la France, pays placé sous la coupe du tyran Sarkozy. Pour l'instant « l'alternative politique » Villepin reste associée aux Affaires Chirac, au CPE, à la proclamation de l'Etat d'urgence et aux émeutes dans les banlieues, et enfin à l'affaire Clearstream. Autant de faits d'armes qui resteront longtemps ancrés dans les mémoires de chacun.
Immunité : Après la catastrophe humaine qui a frappé Haïti, notre ministre de l'Identité Nationale et de l'Immigration, Eric Besson, s'est cru obligé de donner sa petite contribution en annonçant la suspension du renvoi d'immigrés clandestins vers ce pays. Monsieur est trop bon. Le porte parole de l'UMP, l'homme pour qui la dénonciation est un « devoir républicain » Frédéric Lefevre, lui, aurait voulu sans doute que le processus ne soit pas interrompu pour que ces derniers participent à la reconstruction de leur pays. Après tout, si l'on expulse des afghans, c'est bien pour qu'ils combattent les talibans.
Bonus-malus : Et dire que des centaines de milliers de chômeurs vont se trouver en fin de droit en cette année 2010 alors que quelques milliers des traders vont se partager des milliards d'euros. En 2010, les actions de entreprises cotées en Bourse au CAC 40 devraient augmenter de 35,5% tandis que les revenus des patrons de ces dernières restent modestes avec une rémunération moyenne de 3,6 millions soit simplement 211 Smic annuels en baisse, signalons le. Gérard Mestrallet, le patron GDF Suez, lui, a empoché une plue value de 830 500 euros sur ses stock options cette année. Henri Proglio, patron d'EDF et président du conseil d'administration de Véolia (Salaire de 2 050 000 euros annuels) a du donc renoncer à l'une de ses deux rémunérations en pleine polémique sur son salaire, que notre premier ministre François Fillon, avait qualifié il y a peu de « normal ». Encore une promesse du candidat Sarkozy non tenue : On ne peut décidément pas « travailler plus pour gagner plus » en France.
Identité Nationale : Un lycéen marocain sans papiers de 18 ans, scolarisé à Colombes se trouvait vendredi au centre de rétention de Vincennes, dans l'attente d'une possible expulsion. Il avait été arrêté dimanche à Paris précise cette brève lue dans Libération. Si il avait haïtien, il aurait bénéficié de la mansuétude de notre grand humaniste, Eric Besson qui a décidé de mettre en moratoire sur les expulsions vers ce petit pays. On imagine les images si cette semaine un charter (Aurait il pu simplement atterrir ?) avait convoyé des clandestins vers leur pays d'origine en ruine. Plus qu'à attendre pour lui une catastrophe dans son pays, seule possibilité pour échapper à l'expulsion, provenir d'un pays en guerre civile comme l'Afghanistan ne constituant pas un sauf conduit.
International : Le bénéfice de McDonald's a bondi de 23% au 4ème trimestre 2009 (1,2 milliards de dollars). Sur l'ensemble de l'année à 4,5 milliards de dollars en progression de 6% sur l'année. Décidément, ça en fait une quantité industrielle de merdes vendues pour obtenir un tel résultat. La direction et les actionnaires remercient également tous leurs employés, partiels et précaires, pour les dividendes de fin d'année. McDo, ou l'art de transformer de la merde en or.
Déficit : Le déficit budgétaire de la France s'élève à 138 milliards d'euro en 2009. La dette n'est pas un don de nos parents mais un legs que nous laissons à nos enfants.
Amélioration : Pour notre ministre du Budget, la diminution du nombre de fonctionnaires va se poursuivre en 2010 et prend pour exemple l'administration fiscale « qui marche infiniment mieux qu'il y a quelques années avec moins de fonctionnaires ». Le recours aux traitements des donnés par internet avec le développement des déclarations en ligne doit sans doute y avoir eu un rôle également. C'est vrai que tous les fonctionnaires traitent des données...Les enseignants traitent par exemple des unités appelés communément élèves tandis que les policiers s'acharnent à faire diminuer les statistiques de la délinquance rivés derrière un bureau. Il en va de même pour le personnel hospitalier ou les membres de la magistrature.
Haïti : Après la terrible catastrophe qui a frappé ce pays il y a maintenant plus de dix jours, notre président annonce sa prochaine venue dans l'île afin selon lui, après la réunion préparatoire de Montréal du 25 janvier, de « permettre aux chefs d'Etat et de gouvernement de venir, dès sa conclusion, rendre compte de ses résultats au peuple haïtien lui-même » C'est surtout, un bon plan com' pour notre président en ces temps médiatiques si difficile pour lui.
10:35 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, france, actu, villepin, ump, ps, parti socialiste, actualité, actualités, régionales, sarkozy, fillon, élection
Les commentaires sont fermés.